Professeur émérite de l’Université d’Ottawa, essayiste et critique littéraire, le Franco-Ontarien Jean-Louis Major a signé une douzaine de livres et a collaboré à une trentaine d’ouvrages collectifs, sans compter plus de 200 articles dans des périodiques au Canada, aux États-Unis et en Europe. Il est spécialiste des littératures québécoise et française. Son tout dernier ouvrage s’intitule Appartenances et se veut un regard critique sur son cheminement d’écrivain.
Appartenances est l’ouvrage d’un universitaire, un essai qui a parfois des allures hermétiques, surtout quand il est question «d’un argument rédhibitoire…, d’une épistémologie…, d’une fonction métacritique… ou d’un métalangage critique». Le livre renferme six «pièces détachées» et je me suis arrêté, à la suggestion de l’éditeur, à la sixième pièce: Pied de nez livresque. Mon commentaire portera exclusivement sur ce fragment d’essai.
Major a beaucoup fréquenté le milieu de l’édition et il a des idées bien arrêtées au sujet des éditeurs et des auteurs. Les premiers, note-t-il, sont pour la plupart «trop paresseux ou trop ignorants pour intervenir à bon escient, ou trop pauvres pour retenir les services de lecteurs professionnels».
Quant aux seconds, ils sont «trop remplis d’eux-mêmes pour admettre qu’on puisse porter atteinte à cet objet prétendument sacré qu’est leur texte». Résultat: on continue de publier des livres qui auraient manifestement pu et dû bénéficier de corrections.
Au sujet de l’entrevue qu’un journaliste mène auprès d’un auteur qui vient de publier un nouveau livre, Major précise qu’on lui demandera immanquablement de résumer son livre ou d’en raconter l’intrigue et de dire pourquoi il l’a écrit, car, de toute évidence, le journaliste n’a pas lu l’ouvrage. Il l’avoue souvent tout de go.