Est-elle oubliée cette page d’histoire ou éludée comme une tache sombre d’un passé qu’il vaudrait mieux refouler dans les oubliettes de l’histoire? On pouvait se poser la question; on a la réponse avec le travail minutieux de l’historien Jean-François Nadeau.
Celui-ci a soigneusement considéré les enjeux de son projet avant de se lancer dans la publication d’ou ouvrage consacré à Adrien Arcand, un personnage fantomatique et peu reluisant de l’histoire franco-canadienne. Fallait-il évoquer ce nazillon, qui «n’a jamais fait l’objet d’une étude globale», ou le laisser dormir sous la poussière du temps? Était-il pertinent d’exhumer le souvenir «d’un homme pathologiquement haineux»?
Le milieu
L’historien a tranché. «Le personnage sulfureux et étonnant d’Adrien Arcand n’avait suscité jusqu’ici qu’une attention de surface, comme si le fascisme échevelé qu’il a incarné avec force durant les années 30 et 40 n’était qu’un phénomène en marge des courants sociaux de cette époque… Je ne fais pas de l’histoire-procès.
J’essaie simplement de comprendre l’époque d’Adrien Arcand et les gestes qu’il a posés… Je crois par contre que les Québécois ont l’obligation morale de rendre à la lumière des parts d’ombre de leur histoire nationale. C’est important de le faire au nom de ce qui viendra demain», déclare-t-il le 20 avril, dans une entrevue.
Et sulfureux il l’est, comme l’indique le titre du livre de Jean-François Nadeau, Adrien Arcand, führer canadien, Montréal, Lux, 2010, 408 p.