Le 1er septembre 1905, la Saskatchewan et l’Alberta entraient dans la Confédération canadienne et en constituaient les 8e et 9e provinces, en reliant ainsi l’Atlantique au Pacifique.
Aux cérémonies marquant cette entrée, le premier ministre Wilfrid Laurier s’exclamait: «Dans le développement si rapide du pays, on voit se manifester l’énergie et l’entreprise admirable du peuple canadien du Nord-Ouest, et de si beaux efforts ne sauraient demeurer stériles; la preuve du contraire est faite.» Le Musée canadien des civilisations, qui a voulu célébrer ce centenaire en organisant une grande exposition intitulée: Arpents des Rêves – Les pionniers des Prairies canadiennes, nous donne une vision plus réaliste des faits.
Cette exposition est intéressante à plus d’un titre. Elle retrace une histoire que l’on ne connaît pas toujours très bien, celle de la colonisation des Prairies. Mais surtout, elle donne à cette histoire un visage humain. Ce n’est pas qu’une exposition d’objets, fort intéressants au demeurant, c’est l’histoire de celles et de ceux qui se sont lancés dans une aventure incro-yable, c’est une histoire humaine.
«C’est précisément une politique délibérée du Musée», de me dire Victor Rabinovitch, président-directeur général de la Société du Musée, auquel j’en fais la remarque. «Ainsi, les visages peints sur des plaques de verre suspendues au-dessus des costumes d’époque visent à créer un effet d’animation.» C’est une des originalités réussies de l’exposition.
Celle-ci aurait pu s’intituler «Du rêve à la réalité».En effet, la première section de l’exposition présente des documents publicitaires destinés à attirer le maximum d’immigrants dans les terres de l’Ouest. Organisé par le gouvernement vers 1896, ce véritable battage promotionnel s’adressait aussi bien à l’Angleterre qu’à l’Europe orientale ou aux États-Unis. Il s’agissait de peupler cette région au plus vite, pour contrer d’éventuelles visées expansionnistes des Américains, qui venaient de créer des États en bordure de la frontière et lorgnaient vers le Nord. Il faut lire cette prose multilingue parfois dithyrambique – on y parle de «Terre promise» aux hivers «tonifiants», aux récoltes toujours «abondantes» – avant de pas-ser dans les sections suivantes.