Rolande Faucher, grande bâtisseuse de l’Ontario français, s’éteint

décès Rolande Faucher
Rolande Faucher.
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Publié 18/11/2025 par Sébastien Pierroz

La communauté franco-ontarienne perd l’une de ses grandes voix. Rolande Faucher est décédée ce samedi 15 novembre, à l’âge de 84 ans, laissant derrière elle un héritage culturel et militant qui a profondément marqué la francophonie.

Arrivée à Orléans à la fin des années 1960, alors que ce secteur Est d’Ottawa était encore majoritairement francophone, Rolande Faucher s’implique rapidement dans la vie communautaire.

Présidente du MIFO

Elle figure parmi les fondatrices du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), qu’elle présidera par la suite.

Elle joue également un rôle central dans l’établissement du bâtiment du MIFO, supervisant au milieu des années 1980 la campagne de financement et le chantier qui mènera à son ouverture en 1985.

«Son engagement passionné, son amour pour la communauté et sa vision audacieuse ont façonné les bases de ce que nous sommes aujourd’hui», a réagi d’ailleurs le MIFO en fin de matinée dans un communiqué.

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«Mme Faucher a joué un rôle crucial dans la création et le développement de notre organisme. Elle a défendu le MIFO avec une conviction inébranlable et a toujours cru en son importance pour la vitalité francophone. Grâce à son leadership et à sa détermination, le MIFO est devenu un lieu incontournable.»

Le 27 octobre dernier, Mme Faucher était d’ailleurs présente pour la première pelletée de terre du nouveau complexe du MIFO.

ACFO provinciale

Rolande Faucher préside ensuite l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO, devenue l’AFO) de 1988 à 1990.

Son parcours la conduit aussi à la présidence du Conseil de l’éducation et de la formation franco-ontarienne en 1993, à une période marquante pour l’avancement de la gouvernance scolaire francophone.

Sociologue de formation, elle consacre deux ans et demi à la rédaction de sa biographie de Jean-Robert Gauthier, publiée en 2008, retraçant la vie de ce défenseur des écoles françaises en Ontario.

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Elle a souvent expliqué que la création et l’occupation de lieux francophones — écoles, centres, institutions — constituent, selon elle, un élément essentiel au maintien de la langue en contexte minoritaire.

Plusieurs distinctions

Son engagement est reconnu à plusieurs reprises: prix Albert-Régimbald de l’Association des centres culturels de l’Ontario (ACCO), Ordre du mérite de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO) et grade de chevalier de l’Ordre de la Pléiade.

En 2012, elle reçoit également une distinction du Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa, soulignant la qualité de son travail de recherche.

Dans une entrevue accordée au journal Le Droit la même année, Rolande Faucher rappelait l’esprit qui a guidé toute sa vie militante. «On n’est pas contre qui que ce soit, on est pour nous, et il faut se doter de nos propres outils de développement sans attendre que quelqu’un nous les donne.»

Nombreuses réactions

Les leaders francophones ont fait part de leur émotion.

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À commencer par la députée fédérale d’Ottawa-Vanier-Gloucester, Mona Fortier, qui a salué une «militante infatigable», consacrant sa vie à défendre les intérêts francophones, que ce soit par son engagement politique, son travail de sociologue ou ses recherches.

«Rolande n’était pas seulement une bâtisseuse et une leader communautaire: elle était aussi un modèle féminin inspirant, une présence qui a marqué ceux et celles, dont moi, qui ont eu la chance de la connaître.»

Pour sa part, Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), a souligné par voie de communiqué l’héritage concret laissé par Mme Faucher.

«Aujourd’hui, nous avons la chance d’apprécier les fruits de son engagement, notamment à travers la création de l’Université de l’Ontario français, la réouverture de l’Université de Sudbury, et la reconstruction du MIFO», ajoutant qu’elle demeure, pour lui comme pour l’AFO «un modèle de leadership et d’inspiration au service de la francophonie ontarienne».

De son côté, l’ancien commissaire aux services en français, François Boileau, a insisté via les médias sociaux sur la profondeur et l’étendue de son influence.

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«La francophonie peut se vanter d’avoir pu compter sur son leadership exceptionnel dans tant de domaines: représentation politique, santé, arts, éducation, y compris au postsecondaire, et j’en passe. Elle a non seulement été de tous les combats, elle les a souvent menés de front.»

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