Décès de Jean-Robert Gauthier: un monument de la francophonie

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Publié 15/12/2009 par Vincent Muller

L’ancien sénateur Jean-Robert Gauthier, connu pour son engagement envers la francophonie canadienne, s’est éteint jeudi 10 décembre à l’âge de 80 ans, des suites d’un sévère accident cérébral. L’Express a recueilli les impressions de sa biographe, Rolande Faucher, dont l’ouvrage Jean-Robert Gauthier: «Convaincre… sans révolution et sans haine» a été publié cette année.

«Bien entendu c’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris son décès», livre Rolande Faucher, «mais en même temps c’est un soulagement car il était très malade et c’était très dur pour son épouse et pour ses enfants de l’accompagner. C’était un batailleur qui a lutté toute sa vie, il fallait qu’il se laisse aller. C’était un être exceptionnel, très généreux et très déterminé.»

Seule la maladie pouvait mettre fin à l’éternel combat mené par Jean-Robert Gauthier pour les droits des francophones au Canada, et même la maladie, qui l’avait déjà touché en 1996, a trouvé devant elle un homme déterminé et combatif.

La biographe nous rappelle qu’atteint alors d’une infection des vaisseaux sanguins, le sénateur s’était trouvé entre la vie et la mort et fut hospitalisé pendant 18 mois sur une période de deux ans. Suite à cette infection il failli perdre la vue et dû réapprendre à marcher. Rétabli il n’a cependant pas pu retrouver l’ouïe qu’il avait perdue, suite à l’administration de certains médicaments.

Ce combat contre la maladie n’a pas entamé sa détermination: une fois remis sur pieds il a continué de défendre les causes qui lui tenaient à cœur. Rolande Faucher, qui s’est entretenue avec lui à plus de 40 reprises, explique que l’homme «rebondissait, même à la retraite il menait des combats. Il a joué par exemple un grand rôle dans l’exigence de la mise en place de sous-titrages pour malentendants.»

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Jean-Robert Gauthier avait voté contre le rapatriement de la Constitution orchestré par son chef Pierre Elliott Trudeau car il souhaitait que la Constitution officialise le bilinguisme en Ontario. Selon sa biographe, «il avait choisi la cause de la francophonie canadienne et lui-même était devenu moins important que la cause: il a tenu tête à Trudeau, ça montre qu’il n’a pas fait un choix carriériste.»

Elle rappelle qu’il a cependant contribué au libellé de l’article 23 sur le droit à l’instruction dans la langue de la minorité, qui a débouché sur la création des conseils scolaires francophones à travers le pays et anglophones dans la province du Québec.

La deuxième grande réalisation que Rolande Faucher met en évidence est «l’adoption du projet de loi privé assurerant que la Loi sur les langues officielles devienne exécutoire et pas seulement déclaratoire. La Loi a été adoptée, après sa retraite en 2004, dans une version modifiée, en 2005».

De nombreux hommages

Dès le lendemain de son décès, nombreux étaient ceux qui lui rendaient hommage.

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«Le dévouement de M. Jean-Robert Gauthier envers le Canada et, en particulier, pour la sauvegarde du patrimoine francophone a laissé une marque indélébile dans notre pays et son histoire», déclarait le premier ministre Dalton McGuinty, soulignant également le rôle clé joué par le sénateur dans le libellé de la Charte canadienne des droits et libertés et son opposition à la fermeture de l’hôpital Montfort, à Ottawa.

Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario, s’est dite «profondément attristée par le décès de Jean-Robert Gauthier» et a exprimé sa «gratitude pour son travail acharné dont a bénéficié et continuera de bénéficier toute notre communauté».

«Des monuments comme Jean-Robert Gauthier, il y en a peu», affirmait François Boileau, commissaire aux services en français de l’Ontario.

De son côté Marie-France Kenny, présidente de la FCFA (Fédération des communautés francophones et acadienne), rappelait «le legs du sénateur Gauthier» avec la nouvelle Partie VII de la Loi sur les langues officielles qui oblige les institutions fédérales à «adopter des mesures positives pour appuyer le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire», ajoutant que «nous ne ménagerons aucun effort pour que ça soit pleinement mis en œuvre».

Jean-Robert Gauthier avait reçu l’Ordre de l’Ontario et l’Ordre du Canada. À Ottawa, une école élémentaire catholique porte son nom.

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