Le marché de l’art impacté par l’isolationnisme américain

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Visiteurs et exposants de la foire Art Toronto, au Metro Toronto Convention Centre, le vendredi 24 octobre. Photos: Julie Merceur, l-express.ca
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Publié 30/10/2025 par Julie Merceur

La guerre commerciale tous azimuts menée par Donald Trump impacte le marché canadien de l’art. En raison du climat d’incertitude, les intervenants repensent leur stratégie. Cherchant à diminuer leur dépendance envers leur ancien partenaire privilégié, ils tournent leur regard vers l’Amérique du Sud et l’Europe, en quête de nouvelles opportunités.

C’est ce qu’on a pu glaner, en fin de semaine dernière, en jasant avec des participants à la 26e édition de la plus grande foire artistique au Canada, Art Toronto. La foire est un rendez-vous annuel majeur pour les acteurs internationaux, avec plus d’une centaine de galeries nationales et internationales participantes.

Le stand de la galeriste torontoise Christelle Inacio (Collection Art Services) est un exemple de ces nouveaux efforts d’émancipation. Elle a exposé des œuvres réalisées par des artistes sud-américains, iraniens et européens.

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Christelle Inacio (Canada) et Dulce Pinzo (Mexique) devant le stand de Collection Art Services.

Pas (encore) de tarifs douaniers sur les œuvres d’art

Officiellement, les œuvres d’art (peintures, sculptures ou créations originales) sont exemptées de tarifs américains. Mais les matériaux et accessoires nécessaires pour produire les œuvres ne le sont pas. L’augmentation de leur prix a  pu impacter les artistes canadiens.

Quoi qu’il en soit, les tensions entre les deux voisins ont créé un climat d’incertitude et de défiance.

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Multimédia.

«On est en train de vivre un changement, on ne sait pas trop où on va. À cause de la politique d’instabilité du voisin, malgré qu’il reste présent et supporte toujours le marché, on sent qu’un écart se crée», déclare Christelle Inacio.

Le marché d’art américain n’apparaît plus comme un allié naturel et fidèle. Certaines galeries canadiennes remettent même en question leur participation aux foires américaines.

Les partenaires américains restent importants, mais les acteurs canadiens souhaitent trouver de nouvelles collaborations.

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Foire de peinture, dessin, sculpture…

Arte Sur

Pour cette édition de la foire Art Toronto, une nouvelle section dédiée aux artistes sud-américains a été mise en place. Onze galeries venant de tout le continent latin ont pu exposer leurs œuvres.

Le public a aussi pu assister à une discussion sur le thème des «perspectives latines» avec plusieurs intervenants.

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La Platform Talk de la foire Art Toronto: forum de discussions.

«La direction de la foire a créé ce nouveau département pour joindre les efforts avec des galeries sud-américaines et montrer leur richesse. Avec ce contexte de tensions avec les États-Unis, le marché canadien s’ouvre de plus en plus à l’art international», explique la Christelle Inacio.

«Le marché d’art est une petite communauté qui fait un réel effort pour créer de nouveaux dialogues avec les commissaires d’exposition locaux et internationaux. Cela, en vue d’enrichir le dialogue canadien. Ça nous permet de montrer que le Canada est une vraie puissance artistique», continue-t-elle.

Des artistes étasuniens étaient tout de même présents à la foire.

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Des visiteurs de foire Art Toronto.

Présence mexicaine

Christelle Inacio a collaboré avec Dulce Pinzon, directrice mexicaine de la galerie Plataforma Artbase, présente à Montréal et au Mexique.

Les deux femmes ont voulu représenter des artistes sud-américains et canadiens. Leur écurie présente le travail de neuf artistes: Armando Cuspinera, Cécile Ronc, Ernesto Cabral de Luna, Jeanie Riddle, Jun Olman, Maryam Hafizirad, Otto Martin Moreno, Penny Georgionis et Sebastian Mejia.

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Peintures, sculptures, photos… la collection est diverse.

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Art latino-américain à la foire Art Toronto.

Résilience et résistance

On y retrouve, par exemple, le travail du Péruvien Sebastian Mejia. Ses photos représentent des palmiers faisant corps avec les bâtiments, devenant des monuments eux-mêmes.

Ces arbres importés d’Afrique en Amérique latine représentent l’invasion étrangère. Les palmiers symbolisent aussi le pouvoir et la richesse pour les colons, ainsi qu’un certain urbanisme à Santiago du Chili, mais aussi à Los Angeles.

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Tous les palmiers (air connu).

Sculpter la langue des signes

Il y a aussi les sculptures de Maryam Hafizirad, iranienne. Malgré sa surdité, elle a été forcée à communiquer avec sa bouche et ses oreilles. En arrivant au Canada, elle a découvert un monde autour du langage des signes. Cela lui a permis de redéfinir son identité.

Ses sculptures représentent des mots en langage des signes: communauté, pouvoir, résistance…

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Représentations de la langue des signes.

Le but de cette collection est de créer un dialogue entre artistes d’horizons divers. Toutes les œuvres ont un rapport avec la résilience.

«Notre objectif est d’envisager un avenir meilleur pour les artistes latino-américains – et ceux qui sont liés à ces cultures dynamiques et multifacettes – en favorisant un engagement plus profond avec le marché de l’art canadien», explique le livret de Collection Art Services.

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