Cinéfranco 2025: une édition éclectique

Rencontre avec la fondatrice et directrice Marcelle Lean

Cinéfranco 2025
Des films à l'affiche du festival Cinéfranco, du 7 au 16 novembre 2025 au cinéma Carlton (métro College).
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Publié 28/10/2025 par Zefred

Comme tous les ans à la même époque, les cinéphiles francophones torontois se réjouissent à l’idée de pouvoir aller bientôt découvrir de nouveaux films en français, sur grand écran s’il vous plaît, avec l’ouverture prochaine du festival Cinéfranco.

Pour cette 28e édition, présentée du 7 au 16 novembre au cinéma Carlton, nous avons rencontré Marcelle Lean, la directrice et fondatrice de l’événement si attendu, pour discuter de sa programmation.

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Marcelle Lean.

À quoi nos cinéphiles peuvent-ils s’attendre cette année?

Le public de Cinéfranco étant assez varié en centre d’intérêt, nous avons choisi une thématique socioculturelle à grande voilure: Les facettes de l’humanité.

Dans cette idée, nous avons voulu explorer et exposer non seulement différentes visions et interprétations des cinéastes contemporains sur notre monde, mais aussi tenté d’en grouper certaines par catégories de cinéastes, ou genre de cinéma, comme Les Regards de Maîtres cinéastes, un Plein Feux sur les Thrillers, des incursions dans l’univers de la famille, de l’humour, de l’histoire, et plus encore, sans oublier bien sûr les courts métrages.

Il y a un petit peu tous les tons, il y a beaucoup de thèmes sur la famille, sur, je dirais, le féminisme et les rapports hommes-femmes. Il y a aussi des réflexions sur le colonialisme en général, avec une fenêtre historique.

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Fanon.

Un de nos gros films, c’est Fanon, sur la maladie mentale en temps de guerre colonialiste. J’espère que nous aurons une belle discussion postprojections avec un panel de psychanalystes et psychiatres. Je trouve ce sujet vraiment très intéressant.

Une autre œuvre qui m’a semblé très, très intéressante, c’est À bras le corps, le premier film de Marie-Elsa Sgualdo, qui se passe en Suisse en 1943, et qui rassemble un certain nombre de thèmes également: l’émancipation, le voyage, le transfert permanent dans ce village frontalier de migrants, parce qu’on peut parler de migrants, surtout des Juifs.

Mais l’accent est vraiment sur cette femme, sur cette jeune fille qui se fait violer et qui, par sa classe sociale, et le fait qu’elle soit une femme, ne va pas être considérée sérieusement dans sa recherche de justice.

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À bras le corps.

Les films d’ouverture et de fermeture, habituellement dans leur propre catégorie, s’inscrivent-ils aussi dans le thème du festival?

Pour l’ouverture, nous avons sélectionné Et Maintenant?, le dernier long-métrage de Jocelyn Forgues. C’est un réalisateur franco-ontarien que j’aime beaucoup et qui m’a beaucoup aidée au tout début de la programmation jeunesse.

Son film parle du rapport humain à la maladie, le cancer. Même si le sujet est sérieux, il s’agit tout de même d’une «dramédie», dans le milieu des artistes, pleine d’émotions et qui ne laissera pas, je pense, le public insensible. C’est la lutte pour la survie, c’est l’aide, l’espoir, la lutte, avec un ton qui dit on peut s’en sortir. C’est un très beau moment.

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Les films d’ouverture et de clôture.

En ce qui concerne le film de fermeture, nous sommes ravis d’avoir pu obtenir le tout nouveau Léa Pool: On sera heureux. L’année dernière, nous avions Hôtel Silence, qui avait beaucoup plu. J’adore son travail et n’hésite jamais à le sélectionner si je peux.

Ce que j’ai trouvé sublime dans ce film, c’est l’universalité de l’amour devant l’intolérance et devant la souffrance finalement imposée par cette intolérance. La facette ici, l’adversité, est que deux hommes de culture musulmane, qui sont homosexuels, se rencontrent dans la migration. Ils doivent fuir leur pays et tout ce qu’ils connaissent, parce qu’ils risquent la mort s’ils sont découverts.

C’est très beau. Et cet amour, c’est un amour qui a un caractère universel. Ils luttent avec résilience et dignité aussi pour le droit d’aimer.

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La venue de l’avenir.

Y a-t-il d’autres films dans la programmation qui te semblent plus importants ou sortent du lot?

C’est difficile à dire, car je trouve que notre sélection cette année est particulièrement réussie. Avoir tant de films extraordinaires n’arrive pas tous les ans! (rires)

Dans la section que nous avons intitulée Regards de maître sur la vie, j’ai beaucoup aimé, bien sûr, La venue de l’avenir, de Cédric Klapisch, parce qu’il nous rappelle beaucoup l’impressionnisme. Il approche l’héritage, la famille, du passé au présent, et c’est vraiment très, très bien tissé.

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L’interprétation de Suzanne Lindon m’a beaucoup touchée.

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Jeunes mères.

J’ai aussi beaucoup aimé Jeunes mères, des frères Dardenne, que j’ai trouvé brillant pour le courage, de ces adolescentes qui doivent résoudre le problème de leur vie par rapport à la vie qu’elles ont donné.

J’ai adoré le film de Costa Gavras, Le dernier souffle. On parle beaucoup ces temps-ci d’une mort assistée, de la dignité, du droit de mourir, et j’ai trouvé ce film d’une sensibilité incroyable face au sujet… Mais philosophique aussi: il y a comme une transmission d’une sérénité devant la mort, qui est extrêmement touchante et dont on apprend beaucoup.

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Le dernier souffle.

Si le festival décernait des prix pour les meilleures interprétations, qui auriez-vous nommé dans la sélection 2025?

J’ai beaucoup aimé Vincent Lindon dans Jouer avec le feu, et je suis une grande admiratrice de Benjamin Voisin, qui a joué dans la série Carême et Été 1985. C’est sans aucun doute une des étoiles montantes du cinéma français. J’ai trouvé leur interprétation du père veuf fragilisé et de ce fils rebelle, entraîné dans la montée de l’extrême droite en France, très, très prenante.

J’ai beaucoup aimé l’interprète de Fanon, Alexandre Bouillet, parce qu’il campe un personnage. C’est un psychiatre qui se retrouve dans un hôpital de l’Algérie dans les années 50, donc en plein colonialisme français, qui réussit à regarder ses patients différemment, et à changer cette mentalité d’oppression, tout en s’engageant dans la libération de l’Algérie. J’ai trouvé son interprétation très forte.

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Jouer avec le feu.

Je voudrais aussi souligner un court-métrage, Deux moments de vie, de Quitterie Hervouet, une jeune cinéaste locale, interprété par Jocelyne Zucco pour la mère, et aussi Pierre Simpson dans le rôle de l’homme violent. J’ai adoré la façon dont Quitterie a dirigé ses acteurs et comment elle nous a emboîtés, le présent, le passé, pour découvrir, en fait, pour comprendre ce qu’on voit au début de son histoire.

Que peut-on vous souhaiter pour cette édition 2025?

Tout d’abord une bonne fréquentation, parce que la pandémie a créé une chute énorme dans la fréquentation du cinéma.

Ensuite, j’espère que le public sera intéressé, voire même captivé par ces films, que nous avons eu beaucoup de mal à sélectionner, car nous avons reçu énormément de candidatures excellentes cette année. Comme je le disais, je trouve que le cru 2025 est particulièrement de qualité.

Les billets pour toutes les séances de cette édition de Cinéfranco 2025 sont en vente en ligne sur Eventbrite.

Auteurs

  • Zefred

    Cinéaste, musicien et journaliste à mes heures, je suis franco canadien torontois, épicurien notoire et toujours prêt pour de nouvelles aventures.

  • l-express.ca

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