Le Québec des années 1930: roman axé sur le cours des événements

Marc Ménard, À tout prix
Marc Ménard, À tout prix, roman, Montréal, Éditions Tête première, collection Tête ailleurs, 2025, 202 pages, 27,95 $.
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Publié 22/11/2025 par Paul-François Sylvestre

Le communisme, le socialisme et le fascisme n’épargnent pas le Québec des années 1930. Marc Ménard le démontre dans son roman À tout prix où il est question de luttes ouvrières et de tumulte social.

L’action se déroule en 1937, principalement à Montréal mais aussi à Paris. La métropole québécoise est décrite comme «une catalogne cousue à la hâte, sans souci d’harmonie ou de cohérence, où s’entrecroisent, sans vraiment se mêler, toutes les classes de la société».

Le personnage principal est Stanislas, un jeune homme au caractère véhément, qui reprend les slogans des uns et répond aux appels des autres. Il a beau prévoir le pire, il est certain de manquer d’imagination.

Grève

La première partie du roman décrit la grève déclenchée par les ouvrières du vêtement. L’auteur souligne à quel point les patrons des manufactures ont l’appui du premier ministre Maurice Duplessis, de l’Église et de la police.

Les syndicats sont perçus comme des bolchéviques qui cherchent à détruire la foi et la morale.

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En se rangeant du côté des grévistes et des gars de l’union, Stanislas est obligé de lutter contre «des crapules, de la racaille et des bandits sans conscience». Certains passages du roman illustrent comment un homme qui se trouve dans un dénuement total finit par n’avoir plus rien à perdre.

Montréal et Paris

Fait intéressant, Marc Ménard inclut des références à la visite d’André Malraux à Montréal en 1937 et à des œuvres exposées par Alfred Pellan à Paris. Stanislas va justement rencontrer l’artiste québécois dans la Ville Lumière.

Attaqué à quelques reprises par un fier à bras dans les ruelles de Montréal et craignant pour sa vie, Stan est obligé de changer d’identité et de fuir à Paris sous le nom d’Henri Chiasson. Il visite l’Exposition universelle et l’auteur décrit plusieurs pavillons où les arts et les techniques sont appliqués à la vie moderne.

La lutte contre le fascisme en France occupe quelques chapitres d’À tout prix. On peut y lire qu’il «faut barrer la route à l’extrême droite, l’empêcher de se répandre davantage. Mieux, l’éradiquer.» Il est temps que les convictions se transforment en action significatives.

Relations clandestines

Le meilleur ami de Stan-Henri conduit des volontaires pour combattre les fascistes en Espagne. Notre protagoniste décide de ne plus voguer à la dérive, de poser un geste mûrement réfléchi. En route pour l’Espagne… et fin du roman.

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Au cours de notre lecture, on se rend compte que deux femmes ont une relation et que le meilleur ami de Stan préfère les hommes. Années 1930 obligent, l’auteur passe vite sur cette réalité clandestine.

Quête identitaire

En dépit des tumultes sociaux, Marc Ménard adopte un style pondéré. Ses comparaisons n’ont rien de révolutionnaire.

Il écrit, par exemple, qu’un oncle a «un crâne lisse comme une boule de bowling», que «des sourcils ressemblent à des nids de corneille» ou qu’une tache est aussi visible que «du ketchup sur une chemise blanche».

Par-delà le communisme, le socialisme et le fascisme, ce sont l’amitié et la solidarité qui ressortent dans ce roman sur la quête identitaire.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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