Fresque québécoise de la consommation alcoolique

alcool, Catherine Ferland, À boire!
Catherine Ferland, À boire! Alcools et buveurs, 16e-21e siècles, essai, Québec, Éditions du Septentrion, 2025, 168 pages, 19,95 $.
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Publié 26/11/2025 par Paul-François Sylvestre

Le cidre, le vin, la bière, le caribou et le champagne ont arrosé le gosier des Québécois depuis plus de quatre siècles. Catherine Ferland retrace leur histoire et leur adaptation aux réalité d’ici dans À boire! Alcools et buveurs, 16e-21e siècles.

Lors de son troisième voyage vers le Canada à l’été 1541, Jacques Cartier fait embarquer 100 tonneaux de cidre breton. Quelques siècles plus tard, on cultivera religieusement la pomme: les cisterciens à Rougemont, les moines bénédictins à Saint-Benoît-du-Lac.

Les habitants tentent de produire leurs propres boissons alcooliques dès le 17e siècle, à commencer par la bière d’épinette, puis la root beer ou racinette, et la bière de gingembre.

Brasseurs religieux

Les Récollets, les Jésuites et les Sulpiciens sont les premiers à établir de petites brasseries à Québec, Trois-Rivières et Montréal. La voie est tracée pour les éventuelles tavernes. Elles seront un point de convergence des hommes du quartier.

«C’est presque une sorte de confessionnal laïc. Ce qui se dit à la taverne reste à la taverne: c’est pratiquement le credo implicite du lieu, le code d’honneur des habitués. On ne trahit pas un chum.»

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Contre la prohibition

Lors de la prohibition au début du 20e siècle, le Québec tient un référendum en 1919 et la population vote massivement en faveur de l’exclusion de la bière, du vin et du cidre de la loi sur la prohibition.

C’est d’abord l’importation de vins européens qui permettra de remplir les verres des épicuriens de la Nouvelle-France. L’idée de cultiver la vigne et de produire du vin ne s’impose que dans le dernier tiers du 19e siècle.

Le vin québécois

Les vignerons cisterciens se démarqueront grâce au monastère d’Oka. Ce dernier devient, en 1893, l’École d’agriculture des pères trappistes. On y compte 5 000 pieds de vigne, on y produit plus de 10 000 gallons de vin par année.

L’auteure précise que «le vin québécois n’occupe toutefois que 0,5% des parts du marché entre 1999 et 2003. Les producteurs de l’Ontario, de la Colombie-Britannique, de la Californie et du Chili livrent une concurrence particulièrement féroce.

Eau-de-vie foudroyante

Un mot sur le célèbre caribou, emblématique du Carnaval de Québec. Il s’agit d’un mélange de vin et de whiskey. Dès 1936, l’écrivain Claude-Henri Grignon en parle comme une «boisson explosive, alcool diabolique, élixir des braves et des draveurs».

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L’eau-de-vie, écrit Catherine Ferland, «enivre de manière rapide, voire foudroyante». Elle mérite, ajoute-t-elle, une place à part dans la «constellation  des boissons alcooliques.

L’eau-de-vie entraîne des croisades de tempérance. Le 22 janvier 1906, l’archevêque de Québec ordonne la création d’une société de tempérance dans chaque paroisse de son diocèse.

La Fée verte

Un chapitre du livre est consacré à l’absinthe, une boisson vénérée et controversée. En 1609, Marc Lescarbot, compagnon de Champlain, écrit que le «breuvage d’absinthe» prévient le scorbut.

Surnommée la Fée verte, l’absinthe est associée à l’univers artistique. On allègue que ses effets stimulants, « légèrement sédatifs et euphorisants », favorisent le travail créatif. La plante absinthe croît bien au Québec, notamment dans l’Estrie et la Montérégie.

Du champagne dès 1730

Le dernier chapitre porte sur le roi des vins, le champagne. On y apprend que 700 bouteilles sont arrivées au port de Québec en 1730. Le prix demeure cependant prohibitif. Associé aux célébrations, il est néanmoins servi lors de baptêmes et de mariages, voire lors de compétitions sportives comme les courses de Formule 1.

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À boire! Alcools et buveurs, 16e-21e siècles paraît dans la collection Aujourd’hui l’histoire avec, qui propose un travail de médiation historique. L’auteure dirige cette collection aux Éditions du Septentrion.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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