Roman jeunesse sur la théorie des multivers

Hervé Gagnon, Les Jours où j’ai tué Emma
Hervé Gagnon, Les Jours où j’ai tué Emma, roman, Montréal, Éditions Hugo Québec, 2025, 150 pages, 15,95 $.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 27/08/2025 par Paul-François Sylvestre

Quand une idée met plus de 45 ans à germer dans la tête d’un romancier, il ne faut pas se surprendre qu’elle éclose dans une variété de possibles – des multivers. Hervé Gagnon en fait la preuve avec un court roman intitulé Les jours où j’ai tué Emma.

C’est à travers les enquêtes de Joseph Laflamme (Maria, Adolphus, Susan) et les romans jeunesse La Cage 1 et 2 que j’ai connu l’écrivain Hervé Gagnon. Comme les trois thrillers historiques et les deux ouvrages pour un jeune lectorat m’avaient plu, je me suis laissé tenter par Les Jours où j’ai tué Emma. Le résultat a été pour le moins déroutant.

Auto-science-fiction

En 1978, Hervé Gagnon était en troisième secondaire et bien trop timide pour parler à une fille formidable de son école. Il se base sur ce fait vécu pour concocter non pas une autofiction mais plutôt une science-fiction, genre qui n’a jamais vraiment piqué ma curiosité.

L’intrigue des Jours où j’ai tué Emma repose sur la théorie des multivers. Qu’est-ce que cela mange en hiver? Il s’agit de la coexistence d’une infinité d’univers parallèles où toutes les variantes possibles de tous les événements existent. Il s’agit tout simplement de trouver le bon…

Les protagonistes du roman sont Frédéric et Emma, deux élèves en quatrième secondaire. C’est «une version nettement améliorée d’Emma Boivin» que Frédéric a sous les yeux. Une version femme. Le sentiment qu’il éprouve est «à la fois violent, enivrant, terrifiant et vertigineux».

Publicité

Je n’ai jamais été dans une telle situation pour deux raisons. Un, je suis attiré par les mecs. Deux, j’ai découvert cette orientation bien après le secondaire. Quand Emma dit à Fred «Je t’aime énormément, mais pas “comme ça”…», je dois faire appel à mon imagination, ce qui demeure possible, bien entendu.

Infinité d’univers parallèles

Ce qui s’avère bizarre cependant, c’est l’infinité d’univers parallèles où toutes les variantes possibles de tous les événements existent.

L’évolution psychologique de Frédéric et d’Emma est assez mince puisque l’auteur choisit constamment de tout recommencer. Il aborde les thèmes avec une plume fluide, mais il y a peu de place pour les traiter en profondeur.

Comme Frédéric est incapable d’aborder Emma, de lui déclarer ses sentiments, cette dernière se lasse et se met à fréquenter Maurice. Peu après, Fred apprend leur décès dans un accident de moto. La nouvelle l’anéantit.

Or, la théorie des multivers fait tout disparaître. Nouveau départ, nouvel échange entre Fred et Emma! Encore et encore et encore… J’ai décroché. Peut-être aurais-je persévéré si Fred avait rencontré un mec la deuxième ou la troisième fois…

Publicité

Je peux juste espérer que le prochain roman jeunesse d’Hervé Gagnon lui fournira une occasion d’être plus inclusif.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur