Violence : augmentation des appels d’urgence à Hamilton

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L'événement du de WAWG (Woman Abuse Working Group) de Hamilton le 21 novembre au centre Honouring the Circle. Photos: Nathalie Dufour-Séguin, l-express.ca
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Publié 25/11/2024 par Nathalie Dufour Séguin

En 2023, plus de 5 993 appels ont été reçus sur des lignes d’aide d’urgence à Hamilton. Et 1 735 femmes ont contacté des centres de soutien aux agressions sexuelles. Cependant, ces chiffres ne représentent qu’une partie de la réalité. De nombreuses victimes de violence hésitent à se manifester, par crainte de la stigmatisation, de l’intervention de la police, ou de la complexité du système judiciaire.

Ce sont les données révélées par Erin Griver, co-présidente de WAWG (Woman Abuse Working Group), lors de leur événement du Mois de la prévention de la violence faite aux femmes, jeudi 21 novembre au centre des femmes autochtones Honouring the Circle du 21 avenue Rosedene.

Le WAWG est un comité multisectoriel qui coordonne les actions de lutte contre la violence fondée sur le genre à Hamilton.

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La mairesse de Hamilton, Andrea Horwath, avec Erin Griver, co-présidente de WAWG.

Une crise qui semble s’aggraver selon la mairesse de Hamilton

La mairesse de Hamilton, Andrea Horwath, a salué le travail des organismes locaux, qui œuvrent sans relâche pour soutenir les femmes victimes de violence, dont plus d’une vingtaine était présents à l’événement,

Cependant, elle a souligné que, malgré les efforts louables de ces groupes, la triste réalité est que les ressources restent insuffisantes. «Il est évident que, malgré les incroyables services offerts par ces organismes, nous devons en faire plus.»

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«Jusqu’à ce que nous obtenions un réel changement en termes de violence envers les femmes, et en termes de réponse de notre société face à cette situation, nous nous retrouverons dans une situation où les femmes et les enfants continueront d’être en danger et cela n’est pas acceptable.»

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En ouverture et fermeture de la conférence: chants et tambours autochtones par Holly Doxtator, Sheri Gilmour, Felicia General.

Les Autochtones plus susceptibles d’être victimes de violence

«Les statistiques sur la violence envers les femmes autochtones sont alarmantes» a déclaré Erin Griver. Ces femmes et filles autochtones au Canada sont 12 fois plus susceptibles d’être assassinées ou de disparaître que leurs homologues non autochtones, et trois fois plus à risque de subir des violences.

«De plus, près de 63% d’entre elles ont déclaré avoir subi une forme de violence physique ou sexuelle au cours de leur vie. Cela contraste fortement avec environ 30% chez les femmes non autochtones. Ces chiffres révèlent une réalité à laquelle aucune communauté ne devrait être confrontée, une réalité qui devrait nous obliger tous à agir» ajoute Mme Griver.

En parallèle, la conférencière invitée, Sandi Montour, directrice générale des Ganohkwasra Family Assault Support Services, a souligné l’importance de soutenir les femmes autochtones dans leur lutte contre la violence.

Selon elle, il faut soutenir les efforts contre la violence fondée sur le genre en utilisant une approche respectueuse et culturellement informée. «Il faut savoir que l’expérience de la violence chez les femmes autochtones et le contexte dans lequel elle se produit diffère énormément de celle des femmes non autochtones.»

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À la tribune: Sandi Montour, directrice générale des Ganohkwasra Family Assault Support Services.

Un appel à l’action citoyenne

Dans ce contexte, la campagne Wrapped in Courage, qui se déroule durant le Mois de la Prévention de la violence envers les femmes, rappelle l’importance de la solidarité collective pour mettre fin à la violence fondée sur le genre.

Cette initiative vise à sensibiliser la population et à encourager l’engagement citoyen pour soutenir les survivantes et lutter contre les violences sexistes sous toutes leurs formes. «Ce n’est pas suffisant que le courage d’une seule femme soit mis en avant», a déclaré Jessica Bonilla-Damptey co-présidente de WAWG. «Il faut une communauté entière pour éradiquer la violence de genre.»

Elle ajoute que «chaque six jours, une femme ou un enfant perd la vie en Ontario en raison de la violence masculine. Depuis novembre 2023, plus de 59 féminicides ont été recensés en Ontario.»

«Ce phénomène tragique ne se limite pas à un groupe particulier de femmes, mais touche de manière disproportionnée les femmes autochtones, noires, sud-asiatiques et d’Asie du Sud-Est. Cette situation nécessite une action immédiate et coordonnée à tous les niveaux de gouvernement pour inverser cette tendance.»

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Art autochtone évoquant la violence faite aux femmes.

Manque de ressources

En 2023, selon le recensement auprès d’une vingtaine d’organismes de la région, plus de 5 644 demandes d’hébergement pour femmes victimes de violence ont dû être rejetées en raison du manque de places disponibles sur 1130 qui ont été acceptées.

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Pascale Marchand.

Les attentes pour accéder à des services de conseil ou à des programmes de réinsertion sont de six mois, une longue attente pour ceux et celles qui ont déjà souffert des conséquences de la violence.

Comme le souligne Pascale Marchand, adjointe de circonscription au bureau de la conseillère municipale Tammy Hwang, «c’est alarmant de voir à quel point les femmes qui ont besoin d’aide doivent attendre. Pendant ces six mois, tellement de choses peuvent se produire.»

«C’est important de reconnaître ce qui se passe dans la communauté. Ces statistiques choc, ça veut dire qu’il y a un grand besoin pour plus de supports afin d’aider les femmes à quitter une situation qui est très dangereuse, mais en même temps avec le manque de logement abordable c’est compliqué et puis si tu es une femme en situation de violence domestique ce n’est pas facile de quitter la maison et de repartir de zéro.»

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L’événement a rassemblé plusieurs organismes de services de prévention de la violence.

Les initiatives de prévention auprès des jeunes

Des initiatives telles que Coaching Boys into Men et le programme de Suspension alternative illustrent l’importance d’agir dès le plus jeune âge pour sensibiliser les garçons et les jeunes adultes à l’égalité de genre. Ces programmes, offerts par le Centre de santé communautaire Hamilton Niagara (CSCHN), visent à modifier les comportements et à prévenir la violence avant qu’elle ne se manifeste.

Coaching Boys into Men, un programme offert en collaboration avec Interval House of Hamilton, offre du soutien aux entraîneurs d’équipes sportives dans l’intention d’équiper les jeunes garçons qu’ils encadrent.

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Une formation est offerte aux entraîneurs afin qu’ils puissent aider les jeunes à bâtir tout d’abord le respect envers eux-mêmes mais aussi le respect avec les autres, spécifiquement les femmes et les filles, tout cela dans l’intention de mettre fin à la violence faite aux femmes.

«On sait entre autres par les statistiques et par les expériences que nous entendons, qu’il y a beaucoup de violence qui est véhiculée à cause des mythes dans le milieu sportif. Par exemple, la façon pour un jeune garçon d’exprimer sa masculinité», explique Espérance Ngendandumwe, intervenante en prévention et sensibilisation en matière d’abus au CSCHN. «Les entraîneurs sont des modèles et ont beaucoup d’influence sur les jeunes.»

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Espérance Ngendandumwe, intervenante en prévention et sensibilisation en matière d’abus au CSCNH.

Alternative Suspension, en collaboration avec le YWCA, est un programme qui offre du soutien aux élèves du secondaire qui ont obtenu une suspension de l’école. Il vise à diminuer le risque que les suspensions se répètent et mène au décrochage.

Ce programme d’une durée de 3 à 5 jours procure du soutien aux élèves, leurs octrois un temps de réflexions et leur permet de se reconstruire, d’aller de l’avant. Il vise à offrir au jeune l’opportunité de transformer ce temps de suspension en une expérience positive afin de vivre une réintégration harmonieuse à l’école.

Besoin d’aide?

Le CSCHN fait partie de la coalition des agences de Hamilton qui travaillent contre la violence faite aux femmes. En plus du volet de prévention et de la sensibilisation auprès de la communauté, le Centre de Santé offre une panoplie de services en français personnalisés et confidentiels en soutien aux femmes victimes de violence.

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De l’information sur les services d’aide.

À l’occasion des 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le genre, la mobilisation continue de croître. Les citoyennes et citoyens de Hamilton et d’ailleurs sont invités à prendre part à cette cause en soutenant les survivantes, en dénonçant la violence et en plaidant pour des politiques publiques qui répondent aux besoins des femmes et des communautés les plus vulnérables.

Besoin d’aide? Fem’aide 1-877-336-2433.

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