Roman d’apprentissage queer

Sophie Lalonde-Roux, Poudreuse
Sophie Lalonde-Roux, Poudreuse, roman, Longueuil, Éditions de l’instant même, 2024, 120 pages, 21, 95 $.
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Publié 02/10/2024 par Paul-François Sylvestre

Au début de la vingtaine, Loup-Antoine entrevoit aucun avenir où il peut arriver à être en paix avec lui-même. Deux rencontres avec un autre homme changeront la donne, comme l’illustre avec brio Sophie Lalonde-Roux dans le roman Poudreuse.

La mère de Loup-Antoine (Loulou) l’a enduré pendant vingt ans et veut maintenant que son fils disparaisse de sa vie. Elle est à bout de patience «de voir son enfant scrapper son passé, son présent pis son avenir».

Dans les rues de Montréal

Loup-Antoine est livré à lui-même dans les rues de Montréal. La drogue est la seule chose qui lui fait oublier le goût de mourir. Il revoit Étienne, connu à l’école secondaire et maintenant étudiant en médecine. C’est le coup de foudre. «Nos cœurs pognent en feu.» Ce sera la première fois qu’il couchera avec un gars, «avec quelqu’un tout court» en fait.

Le roman est écrit au «je», Loup-Antoine étant le narrateur. Voici le style dans lequel il s’exprime. «Est-ce que ce serait possible de mettre la switch off dans ma tête, d’éteindre mon cerveau cinq minutes, juste cinq minutes, sans avoir besoin de me shooter pour que ça soit possible pis d’avoir enfin l’ostie de paix…»?

Un peu plus loin, il ajoute «ça va inévitablement finir avec moi qui me crisse une seringue dans le bras, écrasé comme un ostie de légume dans mon lit».

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Dénouements inattendus

Toujours accro à une panoplie de drogues, Loup-Antoine n’a pas l’énergie de vivre, mais n’a plus maintenant l’énergie de mourir. Étienne lui tient à cœur. Il est la première personne qui lui vient en tête le matin et la dernière pensée cohérente qu’il a avant de s’endormir.

La romancière sait nous tenir en haleine en concoctant des dénouements inattendus. L’un d’eux est la mort par surdose d’Étienne. Montréal sans cet amant est une tragédie. Comment Loup-Antoine va-t-il faire pour remplir le vide que cette absence crée en lui ?

La réponse consiste à partir loin de ce qui le fait souffrir, à s’exiler en Gaspésie. C’est là que Loup-Antoine fera face à ses deuils, luttera contre ses dépendances et apprendra à être heureux… avec un nouvel homme.

Pas de majuscules

Nathaniel est celui que Loup-Antoine rencontre en marchant «au ralenti dans la poudreuse». Comme le froid l’aide à chasser ses idées noires, Sophie Lalonde-Roux y trouve le titre de son roman.

À la suggestion de sa psy, Loup-Antoine écrit des lettres à Étienne. Ce sont les passages les plus touchants du roman. Ces missives sont écrites sans lettres majuscules, mais pleine de minuscules nuances émotives finement ciselées.

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«des fois j’ai l’impression de voir la lumière au bout du tunnel, mais j’ose pas y croire encore. d’un coup que ça soit trop beau pour être vrai, pis que ma lumière s’éteigne aussi vite que la tienne. je t’aime, loup-antoine.»

Résilience et quête de sens

Alliant une prose mordante et crue à une histoire poignante de résilience et de quête de sens, Sophie Lalonde-Roux livre un roman d’apprentissage queer à la fois sensible et authentique, sans escamoter les moments de poésie et de lumière.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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