TIFF 2024 : vaches maigres pour le cinéma francophone

Du 5 au 15 septembre

TIFF
Une scène du film français Les Barbares, au programme du TIFF.
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Publié 01/09/2024 par Zefred

C’est avec un petit pincement au cœur que nous avons découvert la programmation du Festival international du film de Toronto 2024 (TIFF), qui fait vibrer le centre-ville du 5 au 15 septembre. Comme chaque année, nous nous attendions à une sélection francophone ample, diverse, et là… non.

Cette année nous n’aurons que six films entièrement en français à nous mettre sous la dent, et quatorze avec des «vrais bout de français» dedans. Ce qui fait tout de même piètre figure en comparaison des années folles du festival où pas moins de 15 à 20 films dans la langue de Molière se partageaient les écrans, sans compter les œuvres multilingues.

De manière encore plus étonnante, mais peut-être plus éducative, aucun poids lourd ne figure dans la sélection. Le seul qui aurait pu en faire partie, Quand vient l’automne de François Ozon, sera en effet projeté en exclusivité pour les distributeurs de films professionnels.

Mais alors quels sont ces survivants qui ont passé le cap de la sélection 2024 du TIFF, et où et quand les voir? Voici donc notre (courte) liste annuelle des longs-métrages en français au TIFF 2024.

Les films uniquement en français

Les Barbares (Meet the Barbarians) de et avec Julie Delpy, est le huitième long-métrage de l’actrice-réalisatrice. Cette comédie d’intégration nous transporte à Paimpont, petit village de Bretagne, ou le conseil municipal est très excité de recevoir une famille de réfugiés ukrainiens, ainsi que la subvention gouvernementale qui va avec.

Quelle n’est pas leur surprise quand, à la place des Européens de l’Est, une famille de réfugiés syriens est envoyée dans le petit village bien ancré dans ses us et coutumes catholiques.

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S’ensuit bien entendu toute une série de situations tendues et cocasses auxquelles on peut s’attendre, entre non seulement la famille syrienne et les habitants, mais aussi, bien évidemment entre les habitants eux-mêmes, dans une France au climat politique électrique.

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Miséricorde.

Miséricorde (Miséricordia), le nouveau long métrage de l’auteur-réalisateur Alain Guiraudie, explore ses thèmes favoris comme le désir frustré teinté d’érotisme sous-jacent, le tout mélangé à un soupçon de comédie, de tension psychologique, d’anticipation et de morbide.

Suite au décès du boulanger local, dont la rumeur dit qu’il était amoureux, Jérémie (Félix Kysil) revient dans son petit village natal perdu dans les montagnes et va involontairement y semer une zizanie absurdiste aux relents de film noir parmi les habitants aux traits limite caricaturaux.

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Bergers.

Bergers (Shepherds) est, après plusieurs documentaires et fictions comme Rechercher Victor Pellerin (2006), ou encore Le Profil Amina (2015) et  Antigone (Prix du meilleur long-métrage canadien 2019 au TIFF), la nouvelle perle de la canadienne Sophie Deraspe.

La réalisatrice nous emmène cette fois suivre Mathyas Lefebure, (écrivain québécois joué par Félix-Antoine Duval) dans sa quête d’expérience de vie rustique alors qu’il s’exile de Montréal vers les Alpes françaises pour y élever des moutons.

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Adaptation du livre tiré de l’histoire vécue de Mathyas Lefebure, le film image les duretés de la vie d’éleveur en montagne, tout en s’efforçant d’exposer les raisons profondes pour lesquelles certains choisissent ces métiers proches de la nature.

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Cohabiter.

Cohabiter (Living Together), seul documentaire de notre liste, est une production canadienne dans laquelle la réalisatrice Halima Elktahabi accompagne une poignée de Montréalais à la recherche du colocataire parfait… Ou du moins de celui ou de celle sur qui ils ne devront pas appeler la police après une semaine.

De situation rare il y a 40 ans, à un style de vie quasi inévitable suite à l’explosion des loyers et prêts immobiliers, la colocation est devenue une préoccupation majeure chez beaucoup de citadins canadiens. La cinéaste pose un œil curieux, perplexe et parfois amusé et amusant sur les méthodes et techniques employés pour jauger et sélectionner les perles potentielles.

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Les Courageux.

Les Courageux (The Courageous) est le premier long-métrage de la suissesse Jasmin Gordon. Elle nous offre un détonnant cocktail d’émotions et de leçons de vie en révélant les dessous de la vie quotidienne de Jule (Ophélia Kolb), mère de famille monoparentale et de ses trois enfants.

La situation économique actuelle est bien entendu en cause dans les aléas de leur existence, ainsi que les conventions sociales influant sur les libertés individuelles. La réalisatrice explore les thèmes d’intégrité morale et de maternité, dans un tissu social tumultueux, avec ce portrait complexe et intimiste d’une femme à la vie pas si rare, mais rarement évoquée.

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Vous n’êtes pas seuls.

Vous n’êtes pas seuls (You are not Alone), dernier film uniquement en français de notre courte liste, nous viens de l’imagination florissante du couple de canadiens Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien. Pour leur premier long-métrage, les réalisateurs offrent un agréable et intéressant mélange de genres mixant comédie, humour noir, science-fiction et un chouïa d’horreur qui ne manquera pas d’attirer et de surprendre.

La vie de Léo (Pierre-Luc Funk) est centrée sur ses livraisons de pizza et ses non-aventures alcoolisées à Montréal, jusqu’à sa rencontre avec Rita (Marianne Fortier), gentille musicienne qui tombe amoureuse de lui pour des raisons qu’elle seule connaît ou comprend.

Elle compte bien garder Léo pour elle, mais voilà, le bougre est déjà convoité par un extra-terrestre (François Papineau) qui ne compte pas se faire subtiliser sa proie…

À vous mettre sous la dent également…

Bien entendu, parmi les 177 longs-métrages en sélection, le TIFF 2024 propose d’autres œuvres dans lesquelles le français a soit une place proéminente, soit un rôle plus ou moins important, et nous les avons dénichées pour vous.

La science-fiction et l’anticipation prennent une belle place cette année avec, tout d’abord, Une langue universelle (Universal Language), du canadien Matthew Rankin. Celui-ci nous emmène dans un Winnipeg du futur pour une comédie surréaliste où les deux langues officielles du Canada sont le Français et le Farsi.

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Les enfants agissent de manière bien étrange, tandis que le héros du film, joué par Rankin lui-même, revient au bercail et découvre que sa famille n’est pas vraiment ce qu’il croyait.

Else du franco-belge Thibault Emin, se dirige plus vers le genre de l’horreur corporelle: Anx et Cass, tout jeune couple voient leur relation naissante mise à l’épreuve par l’apparition dans le monde d’une pandémie causée par un virus provoquant la fusion corporelle des infectés avec les objets de leur environnement.

Dès son début, le film est ponctué d’ambiances sonores ASMR très organiques et quelque peu dérangeantes pour les non-initiés. Les choses deviennent de plus en plus visuelles au long de la progression de l’histoire pour finir dans une apogée philosophique mêlant existentialisme nihiliste et ébahissement transcendantal. À voir pour les fans du genre!

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Hiver à Sokcho.

Une part manquante (A missing part) de Guillaume Senez, et Hiver à Sokcho (Winter in Sokcho) de Koya Kamura, nous transportent tous les deux en Asie, respectivement au Japon avec Romain Duris, et en Corée du Sud avec Roshdy Zem.

Dans le premier, Jay (Duris), chauffeur de véhicules privés de luxe à Tokyo, a été contraint par les aléas de la vie à rester au Japon après un mariage mal terminé. Il n’y est pas vraiment heureux et espère toujours voir sa fille Lily, dont il a été séparé par les lois locales après son divorce. Il n’a quasi plus espoir de la revoir jusqu’au jour où il prend en charge un passager qui pourrait bien tout changer.

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Koya Kamura, cinéaste franco japonais, nous invite à Sokcho pour son premier long-métrage, où l’arrivée de l’artiste excentrique français Yan Kerrand (Zem), dans la maison d’hôtes ou elle travaille, va pertuber la jeune Soon-Ho et raviver des traumatismes d’enfance créés par le départ de son père, français, avant sa naissance.

Le film se nourri de paradoxes humains et sociaux et expose, en utilisant un mélange savant d’images réelles et d’animation, une multitude d’émotions aussi bien individuelles que sociales entre des opposés qui s’attirent, au milieu d’un pays divisé.

Pour finir, Little Jaffna, premier film de Lawrence Valin présente un histoire policière complexe dans le milieu du crime tamoul à Paris. Le héros Michael, joué par le réalisateur, doit s’y infiltrer afin de résoudre une enquête difficile de financement de terrorisme.

Croisant de multiples personnages avec lesquels il noue des relations complexes de figure paternelle ou d’amitié, le jeune policier s’implique progressivement et, tiraillé, a de plus en plus de mal à gérer ses affiliations et loyautés aux deux factions opposées.

Et aussi…

On notera également les titres suivants, dans lesquels le français fait des apparitions: Bonjour Tristesse de Durga Chew-Bose; U are the Universe de Pavlo Ostrikov; Dahomey de Mati Diop; Jane Austen Wrecked my Life de Laura Piani; Julie keeps Quiet de Leonardo van Dijl; Rumours de Guy Maddin, Evan Johnson et Galen Johnson; The Ballad of Suzanne Césaire de Madeleine Hunt-Ehrlich; The Party’s Over de Elena Manrique; Familier Som Vores de Thomas Vinterberg.

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Tous les détails sont (en anglais) sur tiff.net/films.

Bon TIFF à toutes et à tous!

Auteurs

  • Zefred

    Cinéaste, musicien et journaliste à mes heures, je suis franco canadien torontois, épicurien notoire et toujours prêt pour de nouvelles aventures.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

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