TIFF 2022 : retour aux sources

Après deux années d’absence dues aux raisons que tout le monde connaît, le TIFF, cet emblème cinématographique international de notre belle ville, revient en force – et, semble-t-il, aux sources – du 8 au 18 septembre.

Une équipe formée essentiellement de nouvelles têtes, arrivées en majorité ces deux dernières années, se retrouve en effet à la barre de leur premier festival en personne, après deux éditions aux tendances fortement numériques.

240 films au TIFF 2022

Cette «nouvelle» équipe a décidé de réduire la taille du mastodonte TIFF pour, espérons-le, se concentrer sur la qualité des films présentés et l’expérience à vivre par les spectateurs.

De plus de 330 films en 2019, on passe à environ 240 œuvres, tous styles et genres confondus. Parmi ces films, nous avons compté une vingtaine de longs-métrages en français ou comprenant des dialogues mixtes.

Voici donc la liste ultime des films à ne pas rater, ou du moins à essayer de voir, si le cinéma francophone titille vos cellules grises.

Les gros calibres

Comme à chaque édition précédente, nous aurons quelques poids lourds à savourer. Gros budgets, stars et légendes du cinéma français et francophone, tout y est pour satisfaire votre envie de dire «Je l’ai vu au TIFF» à vos collègues de travail.

Et pour les premiers de ma liste, vous pourrez peut-être également dire «Je les ai vus»,  puisque les actrices et acteurs principaux seront en ville pour déambuler sur les tapis rouges.

À ne pas manquer, donc, nous commencerons par la première nord-américaine de Paris Memories (Revoir Paris) d’Alice Winocour (Proxima, Maryland, Augustine). Habituée du festival, elle revient avec ce drame poignant sur les défis de vivre après l’expérience ultra violente et traumatisante d’une attaque terroriste en plein Paris.

C’est magnifiquement interprété par la superbe Virginie Efira, nommée 5 fois aux Césars, et le multi-césarisé Benoit Magimel.

Christian Carion (Joyeux Noël, Farewell, Une hirondelle a fait le printemps), un autre habitué du TIFF, y revient avec la première internationale de Driving Madeleine (Une belle course). On y retrouve Dany Boon et Line Renaud pour une visite nostalgique de Paris et sa banlieue, qui révélera beaucoup plus que de simples souvenirs aux deux protagonistes et au public.

Line Renaud y est, comme toujours, splendide. Et Dany Boon continue son changement de registre en offrant ici une performance dramatique intense.

Puis vient Un beau matin (One Fine Morning) de Mia Hansen-Løve (Maya, L’avenir, Un amour de jeunesse) avec les talentueux Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud et Nicole Garcia.

Le film conte les retrouvailles tumultueuses de Sandra (Seydoux), qui s’occupe de son père Georg (Greggory) gravement malade, avec Clément, un ami de longue date, marié… Et la relation torride, passionnelle et tumultueuse qui va s’ensuivre pour les deux qui pensaient avoir perdu la capacité d’aimer.

The Origin of Evil (L’origine du mal) de Sébastien Marnier (L’heure de la sortie, Irréprochable) explore, à travers le regard de Stéphane (Laure Calamy, 10 pour cent, césarisée pour Antoinette dans les Cévennes), les relations et secrets de la famille de son père (Jacques Weber), qu’elle découvre après avoir repris contact suite à une série de mésaventures dans sa vie personnelle.

Pour les impressionner, elle s’invente une personnalité pleine de succès… Mais en avait-elle vraiment besoin?

Virgine Efira est aussi à l’affiche de Other People’s Children (Les enfants des autres) de Rebecca Zlotowski (Grand Central, Planetarium). Dans ce long métrage, elle joue le rôle de Rachel, dont le désir de devenir mère grandit au fur et à mesure qu’elle découvre et s’occupe de Leïla, la fille de 4 ans de son petit ami Ali et de son ex-femme Alice.

Pourtant, même si les deux relations sont fantastiques au début, Rachel va rapidement se heurter à Alice et aux limites instaurées entre Ali et elle pour l’éducation de la petite.

Benoit Magimel fait également partie de la distribution d’un second film au festival cette année. Il s’agit de Pacifiction d’Albert Serra (La mort de Louis XIV, Liberté) qui le met en scène en tant qu’administrateur un peu louche des îles polynésiennes françaises. Il jongle avec les affaires politiques et la pègre locale dans ce thriller aux images extraordinaires.

Plus petits, mais tout aussi grands

Le TIFF est peut-être un peu réduit cette année, mais le nombre de films à y être diffusé est toujours bien au-delà des capacités humaines pour les dix jours du festival.

Ainsi, il va de soi que toutes les œuvres sélectionnées n’ont pas la même exposition, promotion, publicité. Et donc que certaines passeront plus inaperçues. Ce qui ne veut pas dire qu’elles seront moins bonnes, mais juste moins considérées par le grand public, qui, en général, leur préfère les poids lourds cités plus haut.

Cependant, pour les cinéphiles, le festival est une occasion de découvrir de nouveaux cinéastes de tous horizons et origines… Et parfois des petits chefs-d’œuvre que nous n’aurions certainement pas l’occasion de voir en salle en dehors du TIFF.

En voici quelques-uns qui, nous l’espérons, sauront agréablement vous surprendre si vous tentez votre chance à leurs projections.

Saint Omer est le premier long-métrage de fiction de la documentariste Alice Diop (We, La mort de Danton) dans lequel elle suit une jeune romancière enceinte (Kayije Kagame) confrontée à ses propres démons, peurs, traumatismes et doutes sur ses capacités à être mère. Cela, alors qu’elle assiste au procès d’une mère accusée d’infanticide!

The Gravity (La gravité), second film du réalisateur franco-burkinabe Cédric Ido, nous ramène dans l’ambiance des banlieues parisiennes et le milieu des trafiquants de drogue, alors que tout l’équilibre précaire installé dans celui-ci va être menacé par un événement cosmique mystérieux.

Les trois personnages principaux naviguent ces quartiers au danger en suspens permanent. Ce thriller mélangeant science-fiction et cinéma réalité saura certainement vous tenir intéressé jusqu’à une conclusion réflective brillante.

Pour continuer dans la science-fiction, mais cette fois avec un humour quelque peu décalé, le cinéaste canadien Stéphane Lafleur (Tu dors, Nicole) nous présente Viking. David (Steve Laplante) et quatre comparses sont sélectionnés par un organisme scientifique pour participer à une expérience sur l’étude des comportements humains en espace confiné. C’est supposée aider à anticiper de potentiels problèmes pour l’imminent premier voyage d’astronautes sur Mars.

Mais voilà, les émotions humaines ne sont pas si faciles à prévoir ou dompter, surtout avec le stress ajouté de l’urgence et de l’importance de leurs décisions… Puisqu’il se trouve que les vrais astronautes sont déjà en route pour la planète rouge!

Seul documentaire de notre liste, De Humani Corporis Fabrica, de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel, n’est pas conseillé pour tous les publics. Bien qu’absolument magnifique, le film peut-être assez choquant puisqu’il contient foule d’images réelles de l’exploration de l’intérieur du corps humain, filmées avec une caméra créée spécialement pour le défi.

Tourné dans plusieurs hôpitaux et mettant en scène des équipes médicales souvent surmenées, le documentaire place en parallèle de manière crue les fonctionnements internes du corps humain avec toutes leurs failles et défauts… Et ceux du corps médical avec les incidences psychologiques qu’un tel métier, jonglant entre le sauvetage de vies et l’administration, peut avoir sur les êtres humains qui l’exercent.

Pour terminer cette liste, non exhaustive, il faudra aussi, en ce début septembre ou on sent l’approche de l’automne, donner sa chance à Falcon Lake, de la réalisatrice canadienne Charlotte Le Bon. C’est un petit bijou de premier film, mélangeant ambiance gothique et de fin d’été sur fond de début de passage à l’âge adulte à la tension permanente, basée sur la bande dessinée Une Sœur de Bastien Vivès.

On y croise Bastien, 14 ans, et sa petite famille, qui partent passer l’été au chalet. Il rencontre et tombe sous le charme de Chloé, 16 ans, fille de la meilleure amie de sa mère. Malgré la différence d’âge, celle-ci s’entiche du jeune homme et l’amène avec elle aux soirées tout en s’amusant à le terroriser avec le défi de nager dans un endroit hanté du lac voisin.

Le long-métrage ravivera sans doute pour beaucoup des souvenirs d’étés de jeunesse, et reste très divertissant.

Mais n’oublions pas…

Il y a bien entendu le reste des films évoqués plus haut, qui n’ont pas été détaillés non pas par manque de qualité, mais plutôt de place ou de temps: The Worst Ones (Les pires) de Romane Gueret et Lise Akoka. Winter Boy (Le lycéen) de Christophe Honoré. Coyote (Le Coyote) de Katherine Jerkovic. Hawa de Maïmouna Doucouré. Thunder (La foudre) de Carmen Jaquier.

Et, dans le grand catalogue des oeuvres projetées au TIFF 2022, il est possible que nous en ayons raté un ou deux, ou même que des additions de dernière minute surviennent!

Pour plus d’information sur les films et les horaires de projection à tiff.net/films.