L’Ontario force la fermeture de dix centres de consommation de drogues

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La ministre Sylvia Jones au 125e congrès de l'Association des municipalités de l'Ontario. Photo: Étienne Ranger, Le Droit
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Publié 21/08/2024 par Émilie Gougeon-Pelletier

La province obligera la fermeture de dix centres de consommation supervisée de drogues, puisqu’ils sont à moins de 200 mètres d’écoles ou de garderies. Et le gouvernement Ford veut interdire l’ouverture de nouveaux centres.

La ministre de la Santé, Sylvia Jones, en a fait l’annonce devant les participants au congrès annuel de l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO), qui se déroulait de dimanche à mercredi à Ottawa.

«Les parents s’inquiètent des aiguilles jetées que leurs enfants pourraient ramasser», a-t-elle déclaré. «Certains parents ne se sentent plus à l’aise d’envoyer leurs enfants à l’école primaire locale ou les ont retirés de leur garderie locale.»

Augmentation de la criminalité

La province cite la hausse des crimes rapportés autour des centres de consommation pour justifier cette décision.

La ministre de la Santé a affirmé dans son discours que les crimes violents ont augmenté de 146% près du site de consommation supervisée situé à Ottawa, dans le quartier Sommerset.

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Dans un communiqué publié par le ministère, on parle d’un taux de criminalité de 250% plus élevé près de ce site que dans le reste de la ville.

La ministre a aussi rappelé la mort d’une femme de Toronto, atteinte par une balle perdue lors d’une fusillade à proximité d’un centre de consommation supervisée.

Parmi les centres qui devront fermer leurs portes, cinq sont situés à Toronto. Outre celui situé à Ottawa, les quatre autres sont à Kitchener, Thunder Bay, Hamilton et à Guelph.

Le gouvernement Ford prévoit aussi présenter un projet de loi pour interdire aux municipalités ou à toute organisation d’ouvrir de nouveaux sites de consommation supervisée, ou de participer aux initiatives fédérales de décriminalisation des drogues.

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La lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont, à l’ouverture du congrès de l’AMO au Centre Shaw à Ottawa. Photo: AMO sur X

Nouveaux centres de traitement

Sylvia Jones assure que les personnes aux prises avec des problèmes de dépendances seront maintenant prises en charge dans 19 nouveaux «carrefours d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances», au coût de 378 millions $ en fonds publics.

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Les dix centres de consommation supervisée qui devront fermer leurs portes d’ici mars prochain seront encouragés à soumettre des propositions pour se transformer en carrefours d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances.

Ces carrefours – on ne sait pas encore où ils seront situés – n’auront pas le droit d’offrir des services de consommation supervisée ou de programmes d’échange de seringues.

«Je ne considère pas que regarder quelqu’un s’injecter une drogue illicite soit une mesure de santé publique dans la province de l’Ontario. Nous devons faire mieux», a soutenu la ministre Jones, en conférence de presse.

Débat

La crise des opioïdes, alimentée par l’approvisionnement de drogues de plus en plus toxiques, a tué plus de 2500 personnes en Ontario l’année dernière.

N’empêche, le débat sur la meilleure façon de lutter contre les dépendances a pris le devant de la scène ces derniers mois.

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Les racines de la crise des opioïdes sont «multidimentionnelles», selon un rapport de l’AMO, publié en juillet.

Cette crise a été aggravée par les gouvernements qui se sont succédés à sous-financer les services sociaux qui soutiennent la sécurité du revenu, le logement abordable et la prévention et le traitement des problèmes de santé mentale et de toxicomanie, selon le rapport de l’AMO.

Selon l’Association, les sites de consommation supervisée sont un élément important de l’approche de réduction des méfaits de l’Ontario.

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Le rapport de l’AMO sur la crise des opioïdes.

Accès aux services

Aucune surdose survenue dans les centres de consommation supervisée n’a entraîné de décès, selon Statistique Canada. Sylvia Jones a assuré que sa nouvelle politique ne coûtera pas de vies non plus. «Les gens ne vont pas mourir, ils vont avoir accès aux services», a-t-elle indiqué.

Le Nouveau Parti démocratique de l’Ontario a critiqué l’annonce de la ministre de la Santé, disant que son gouvernement venait de prendre «la décision cruelle de retirer un outil vital qui sauve des vies».

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La cheffe du Parti libéral de l’Ontario, Bonnie Crombie, a convenu que les sites ne devraient pas être situés à côté des écoles.

Elle a toutefois critiqué la province au sujet du financement des soins de santé et a déclaré que le gouvernement progressiste-conservateur «doit être clair sur la manière dont il maintiendra la capacité requise pour fournir un traitement à ceux qui en ont besoin».

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