Omniprésentes… les trottinettes électriques demeurent interdites à Toronto

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Une trottinette électrique sur la rue Queen Est. Photos et vidéos: François Bergeron, l-express.ca
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Publié 02/08/2024 par Soufiane Chakkouche

Elles grouillent par milliers dans les rues de Toronto, et leur nombre ne cesse d’augmenter. Et pourtant, les trottinettes électriques sont toujours interdites sur les voies publiques de la Ville-reine: un «non-sens juridique» que certains utilisateurs n’hésitent pas à qualifier d’«aberration».

«Oui, dans la ville de Toronto, les trottinettes électriques ne sont pas autorisées dans les espaces et la voie publics», confirme Laura McQuillan, chargée de la communication de la Ville.

Plus qu’une interdiction de rouler, les trottinettes électriques ne sont pas autorisées à être entreposées ou garées sur les voies publiques de Toronto, y compris sur les pistes cyclables, les trottoirs et les parcs.

Un mode de transport pratique

Néanmoins, selon un comptage par cordon effectué en 2022 par la Ville, 4% des véhicules de micromobilité enregistrés étaient des trottinettes électriques.

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Tarik Al Assal, trottinette électrique
Tarik Al Assal. Photo: courtoisie

Et pour cause, séduits par les nombreux avantages pratiques qu’elles offrent, des milliers de Torontois les utilisent quotidiennement, à l’instar de Tarik El Assal, dont cet engin constitue le principal moyen de locomotion.

«J’ai opté pour la trottinette électrique parce qu’elle me permet de me déplacer dans la ville sans transpirer et en un temps record, ce qui est très utile lorsqu’on se rend au bureau par exemple. En plus, c’est un moyen de transport très écologique», confie-t-il.

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Comme les vélos: faciles à garer.

89 contraventions en 2023

Comme tant d’autres, cet usager n’est pas sans savoir qu’il est illégal de rouler en trottinette à Toronto.

«Je sais que les trottinettes électriques sont interdites. Mais, il y a plusieurs magasins qui les vendent, c’est une absurdité dans la loi. Je n’ai pas l’impression que la police punit les utilisateurs. Ça fait quatre ans que je roule avec et je n’ai jamais été inquiété ou interpelé par la police», avoue-t-il.

C’est bel et bien d’une impression dont il s’agit, car selon la police de Toronto, ses agents ont délivré quelques 89 contraventions aux usagers des trottinettes électriques l’an dernier.

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Entre les véhicules en marche et les véhicules stationnés.

Un projet pilote provincial boudé par la Ville

Et pourtant, le Conseil municipal de Toronto a eu l’occasion à deux reprises d’intégrer un projet pilote provincial visant à autoriser les trottinettes électriques, en vain.

Laura McQuillan, trottinette électrique
Laura McQuillan. Photo: courtoisie

«L’Ontario, par l’intermédiaire du ministère des Transports, a mis en place un programme pilote qui crée un cadre politique expérimental permettant aux municipalités de choisir de tester l’utilisation des trottinettes électriques. Le Conseil municipal a refusé d’y participer en 2021 et en 2024 en raison de préoccupations sécuritaires», justifie Laura McQuillan.

Pour rappel, ce programme se poursuit actuellement et prendra fin le 27 novembre prochain.

Pas de données d’accidents impliquant les utilisateurs

L’une des conséquences directes découlant de ce grand écart entre la théorie et la pratique réside dans un manque flagrant de données relatives à ce moyen de transport. En effet, comment chiffrer quelque chose qui n’est pas censé exister?

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Le constat est d’autant plus inquiétant lorsqu’il s’agit des accidents de la route. Et ce n’est pas la communicante de la Ville qui dira le contraire: «En général, il existe des lacunes importantes dans la collecte de données concernant le nombre et le type de blessures impliquant les utilisateurs de micromobilité. Ces données ne sont pas systématiquement enregistrées par les hôpitaux, les cliniques, les ambulanciers ou la police. Nous n’en disposons donc pas pour les trottinettes électriques.»

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Au moins il porte un casque…

Le risque est bien réel

Toutefois, sur le terrain, le risque, lui, est bien là, comme l’explique Tarik Al Assal: «Globalement, c’est assez sécuritaire de se déplacer en trottinette à Toronto quand on est bien équipé. Cela dit, il faut être toujours vigilant, surtout avec les voitures qui tournent sans faire attention à l’angle mort avant d’effectuer la manœuvre.»

Par ailleurs, pas plus loin que le matin précédant l’interview pour les besoins de ce papier, Tarik a été renversé par une voiture (électrique, elle aussi!), «Mais, Dieu merci», il s’en est sorti avec quelques égratignures.

C’est dire l’urgence d’autoriser et de réglementer ce mode de transport durable qui est de plus en plus populaire au pays, et ce pour le bien et la sécurité de tous.

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