Derrière les vieilles briques rouges qui abritent la galerie A Space au 401 rue Richmond, Claudia Bernal, une artiste sensible et engagée a envoûté les visiteurs, mercredi dernier, où près d’une trentaine de personnes encerclaient cette femme pour l’admirer dans sa pièce Fais du même sang. Claudia Bernal, une Montréalaise d’origine colombienne sera de retour, toujours à la même adresse, le mardi 23 septembre pour une dernière démonstration.
Faits du même sang est une dénonciation du déplacement forcé des femmes colombiennes de leurs terres riches en ressources naturelles. Des femmes déchirées par le combat incessant, qui dure depuis plus de 50 ans, entre les forces paramilitaires de droite, les cartels de la drogue et les guérillas de gauche. Dans ce spectacle atypique, l’artiste présente et constitue le corps de cette exposition.
On découvre, au milieu d’une salle au jeu subtil de lumières le corps de l’artiste trôné, sur des lattes boisées. Inerte, elle est recouverte d’une toile semblable à celle d’un filet de pêche. À l’un des murs pendent plusieurs rangées de tresses de femmes anonymes.
D’autres détails complètent ce décor étrange : une chaise berçante, une boule de laine et une bassine. Les visiteurs sont assis autour de ce décor, encerclant l’artiste et son monde bizarre. Ils l’aperçoivent recroquevillée sous le filet de pêche, rouge et bleu, sous lequel elle est saisie de convulsions. C’est comme si elle essayait, en vain, de sortir d’un cauchemar terrifiant.
Soudain, la toile s’ouvre et se referme sur le corps tiraillé. Elle se réveille. Elle se débat pour se libérer du filet, tire dessus, se balance comme une enfant indisciplinée, se jette, libre enfin, dans les bras des spectateurs. Elle se met à geindre, à tituber. Elle se cache les yeux derrière les mains en tournoyant sur elle-même. Ensuite, une main placée sur la bouche, elle pointe un doigt accusateur sur les personnes face à elle.