Agresseurs sexuels, tueurs en série et criminels violents sont bienvenus

Angélina Delacroix, L’Île des damnés
Angélina Delacroix, L’Île des damnés, roman, Paris, Éditions Hugo Thriller, 2022, 448 pages, 29,95 $.
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Publié 24/08/2022 par Paul-François Sylvestre

Imaginez une sorte de camp Guantanamo sur une île sans gardiens, avec une vie libre à perpétuité, mais effacée de toute réalité politique, sociale ou économique. Un no man’s land où il est impossible de se comporter comme dans la vie normale car tous les codes ont été inversés.

C’est ce qu’a concocté Angélina Delacroix dans son roman intitulé L’Île des damnés.

Une île prison

L’action se déroule en France, où les prisons manquent de place pour recevoir de nouveaux criminels.

Le gouvernement décide d’envoyer sur une île les pires agresseurs sexuels, tueurs en série ou criminels violents pour lesquels des experts ont diagnostiqué un niveau élevé de psychopathie.

Les habitants de l’île des damnés sont là pour le restant de leurs jours puisqu’ils ont signé pour qu’on efface leur identité et tout ce qui est lié à leur présence en France.

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Les prisonniers livrés à eux-mêmes

Il n’y a pas de gardiens. Les habitants, hommes et femmes, circulent librement et développent leurs propres codes de vie ou de survie.

Les moyens de communication sont inexistants et les criminels sont livrés à eux-mêmes. «C’est l’orgie du crime sur cette île, alors la menace est partout.» L’érotomanie y est à fleur de peau.

Une psycho-criminologue venue sur l’île sous couverture pour mener une étude et un agent chargé de la protéger ne donnent plus signe de vie.

Pour espérer les sauver, l’adjudante Morel et le gendarme Hoche doivent à leur tour intégrer cette communauté infernale en se faisant passer pour des détenus en vue de retrouver la psycho-criminologue et son agent pour les ramener en terrain normal.

Criminologie et psychothérapie

La romancière Angélina Delcroix est formée à la criminologie et à la psychothérapie. Elle crée des personnages hors de l’ordinaire, dont un prisonnier accusé de cannibalisme sexuel.

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La stimulation sexuelle et le sentiment d’euphorie de ce dernier sont proportionnels à sa consommation de chair humaine. «La douleur de ses victimes est un ingrédient essentiel à sa gratification.»

Sur l’île, l’adjudant Morel croise des hommes au «regard bombé de sadisme, débordant d’un plaisir malsain». Elle garnit son panier garni d’émotions dérangeantes.

Chaque soir, des chasses à l’homme sanguinaires s’organisent. Morel doit tirer son épingle d’un jeu où les acteurs sont des malades pervers, des hommes sadiques et des détraqués sexuels.

Agents incognitos sur l’île

L’envoi d’agents incognitos sur l’île fait partie d’une cellule spéciale du gouvernement, où le secret devient un mode de vie. On suit aussi deux autres agents qui ignorent le sort de leurs collègues présumément au repos ou en congé sabbatique.

Ces agents en Seine-et-Marne se demandent à quoi ils servent.

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«À quoi bon se faire chier à arrêter des criminels? […] C’est quoi ce pays où on libère des mecs comme ça, malades dans leur tête, qui ont déjà récidiver et que les psys jugent dangereux. Il leur faut combien de victimes pour comprendre que ces mecs-là n’ont rien à faire dehors?»

C’est de la fiction, mais…

La lecture de L’Île des damnés est troublante. Plus c’est gore, plus un personnage prend son pied.

Nous avons beau se dire que c’est de la fiction, mais force est d’imaginer que la réalité ne se situe pas très loin. Le danger est partout. Comme les agents incognitos, nous ne devons jamais baisser la garde.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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