Village beauceron et pandémie cent ans passés

pandémie, Daniel Lessard, Le P’tit docteur de Saint-François-de-Beauce
Daniel Lessard, Le P’tit docteur de Saint-François-de-Beauce, roman, Montréal, Éditions Pierre Tisseyre, 2021, 404 pages, 34,95 $.
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Publié 02/12/2021 par Paul-François Sylvestre

Le Temps des Fêtes approche. Notre chroniqueur littéraire vous propose, du 1er au 5 décembre, cinq titres en guise de cadeaux, soit deux romans et trois essais.

La santé publique recommande le port du masque, la distanciation et le lavement des mains, mais «certains refusent en vociférant contre le gouvernement». Non, ce n’est pas en pleine pandémie de covid, c’est plutôt en 1918 durant la grippe espagnole. Voilà le contexte de l’intrigue du roman de Daniel Lessard, Le P’tit docteur de Saint-François-de-Beauce.

Dans le village beauceron, les gens vivent avec un charlatan, une fausse sage-femme et un prétendu arracheur de dents. «Une religion sans compromis est peuplée de revenants, assortie de croyances ridicules et de peurs incontrôlables.»

Domination du clergé

L’emprise du prêtre sur ses fidèles et ses diktats sont acceptés sans un mot de protestation. Les villageois sont «complètement dominés par une Église catholique pointilleuse, intolérante, qui étouffe toute velléité d’émancipation.»

En plus de soigner la grippe espagnole et tenter de sauver des vies, le p’tit docteur doit être chirurgien, gynécologue, dentiste et psychologue. Un médecin de campagne doit soigner le corps et l’âme.

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Dans ce roman, le p’tit docteur et le curé s’opposent sur presque tout. Le prêtre ne voit que le péché, jamais l’être humain à secourir. Il bougonne évidemment quand on l’invite à fermer l’église. Il y a aussi opposition au niveau d’une enquête policière.

Pandémie et assassinat

Daniel Lessard avance sur deux fronts: grippe espagnole et assassinat d’un bébé qui a été repêché de la rivière, quelques jours après qu’une fille-mère l’ait mis au monde. Qui a tué l’enfant? Qui est le père?

Les dialogues sont souvent colorés. Voici deux exemples: «je r’luque une veuve bien viandée»; «Cibole, y mouille comme une jument qui pisse!»

Il y a un lexique au tout début du roman; on y trouve 38 expressions, dont celles-ci:

  • avoir un grand jardin : avoir de l’instruction
  • chédévrer : construire
  • défuntiser : mourir
  • faire manger de l’avoine : rendre cocu
  • labourer avant le temps : avoir des relations sexuelles avant le mariage
  • soincer les ouïes : pousser dans le dos

Des noms colorés

Les noms des villageois sont eux aussi assez colorés: Pitou-à-Papuce Tanguay, Gros-Poulin-à-Jean-Baptiste, Poléon «Frémille» Thibodeau, Éleucippe-à-Jos-à-Gros-Gilbert.

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Basé sur une recherche approfondie et de nombreux documents d’archive, Le p’tit docteur de Saint-François-de-Beauce dresse le portrait saisissant d’un village québécois en pleine pandémie cent ans passés.

Les villageois ont été bien chanceux d’avoir eu le p’tit docteur avec eux. «Y en a pardu queques-uns, mais y en a sauvé une maudite trâlée.»

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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