Serial killeuses, alias tueuses en série: le meurtre au féminin

Virginia Ennor, Serial killeuses
Virginia Ennor, Serial killeuses. Le meurtre en série au féminin, essai, Paris, Éditions Hugo, coll. Doc, 2021, 392 pages, 32,95 $.
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Publié 07/11/2021 par Paul-François Sylvestre

Comment est-ce que tuer des enfants peut mettre une infirmière britannique «dans un état d’excitation intense»? Comment une Française peut-elle tuer 13 personnes âgées en l’espace de 11 mois? Ce ne sont que deux exemples des femmes terrifiantes que Virginia Ennor nous présente dans Serial killeuses.

Quand j’ai vu le titre franglais du livre, je croyais que c’était un polar, un thriller hors de l’ordinaire. Pas du tout! Il s’agit du portrait de 11 criminelles: six Américaines, trois Britanniques, une Mexicaine et une Française.

Vraies tueuses en série machiavéliques

Tout au long de cet essai, Virginia Ennor fait preuve de rigueur et de franc-parler. Elle décrit avec moultes détails des tueuses en série machiavéliques, souvent des menteuses pathologiques. Elles figurent «parmi les plus tordues du XXe siècle».

De l’extérieur, ce sont presque toujours des femmes respectées dans leurs communautés. De l’intérieur, c’est une tout autre histoire. Ce que les enquêteurs découvrent «dépasse de très loin l’entendement humain».

On y apprend qu’une tueuse peut souffrir de sadomasochisme paraphilie, c’est-à-dire qu’elle tire son plaisir sexuel à la fois de la douleur et de l’humiliation que ses victimes ressentent.

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Ou encore qu’une autre est atteinte d’histrionisme, un trouble de la personnalité marqué par une quête permanente d’attention. Et ce, par tous les moyens: séduction, manipulation, démonstrations émotionnelles exagérées, dramatisation ou théâtralisme.

Tortures et agressions sexuelles

Dans le cas de l’Américaine Rosemary West, on est en présence d’une des rares tueuses en série à avoir été condamnée à la fois pour tortures et agressions sexuelles ayant entraîné la mort. «Ce genre de crime étant le plus souvent commis par des hommes.»

Certains dossier nous font vomir. C’est le cas de cette mère de famille qui enferme sa fille dans un placard et la prive de boire ou manger jusqu’à ce que mort s’ensuive. «Le corps était noir et grouillait d’asticots. Dire que c’était un amas de puanteur serait un euphémisme.»

Sur une période de 14 ans, l’Américaine Marybeth Tinning a tué ses 9 enfants, tous en très bas âge. Faute de meilleure explication, on a souvent invoqué le «syndrome de mort subite du nourrisson».

Elle fut reconnue coupable d’un seul crime et a écopé de 20 ans de prison. Libérée en 2018, elle demeure sous contrôle judiciaire jusqu’à la fin de sa vie.

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Sujet longtemps tabou en France

En France, la notion de «tueur en série» est longtemps demeurée un sujet tabou. Le phénomène était soi-disant limité aux États-Unis. On présente le cas de Ludivine Chambet, surnommée «l’empoisonneuse de Chambéry», qui a assassiné treize personnes âgées de 70 à 90 ans entre novembre 2012 et décembre 2013.

À la fin des années 1990, Mexico est aux prises avec El Mataviejitas (le tueur des petites vieilles). Or, il s’agit d’une tueuse, Juana Samperio Barraza, qui finira par écoper d’une peine de 759 ans pour 17 homicides.

Elle a justifié ses crimes en disant avoir été marquée par les mauvais traitements que sa mère lui avait infligés dans sa jeunesse. Barraza s’en est prise aux vieilles dames parce qu’elle les identifiait à sa mère.

Des films et des livres sur les tueuses

Les meurtres en série, par des hommes ou des femmes, deviennent presque toujours des moyens de faire un maximum de fric. Comment? En réalisant des films, en écrivant des livres, en produisant des documentaires. L’autrice précise que «tous les acteurs de ce macabre scénario ont frisé l’indécence».

Le récit rigoureux de Virginia Ennor éclaire les histoires de ces tueuses et apporte un éclairage inédit sur leurs motivations meurtrières, leurs profils psychologiques, et de ce qui les différencie les unes des autres. L’auteure laisse par ailleurs une large place aux victimes.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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