Festival du court-métrage: petit voyage de grande envergure

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 01/04/2008 par Ulysse Gry

«Pour moi, il y a plein de petites histoires dans ces situations-là.» L’artiste Sophie Bélanger parle de ses inspirations vidéographiques et s’anime elle-même sur le grand écran, portée par une autre caméra dans un film de huit minutes qu’une réalisatrice (Nadine Valcin) fait sur elle. Une mise en abyme questionnant l’art et sa perception, au cœur des premiers travaux qui étaient donnés à voir samedi 22 mars pour le festival international du court-métrage francophone de Toronto.

Une série de sept courts réalisés par les membres du laboratoire d’art étaient ainsi présentée, en préambule de luxe à la diffusion des onze réalisations des nomades pour le festival. Un premier jet plutôt introspectif dans la vie de ses multiples sujets, mais qui faisait preuve de la maîtrise visuelle du labo.

Puis les courts-métrages du festival se sont enchaînés, dans un rythme progressif vers l’expérimental, et finissant en apothéose avec le projet Falaise de Karin Hazé: 10 minutes de projection noir et blanc d’un film muet de danse Butoh, avec devant l’écran la performance scénique de la violoncelliste Amber Walton-Amar.

Une improvisation musicale haletante pour un dialogue abyssal de deux arts qui ordinairement se confondent. Une dissociation qui permettait au spectateur d’apprécier le travail cinématographique dans son ensemble, et laisser l’émotion jaillir presque aléatoirement.

Si un autre court-métrage empruntait au monde de la danse pour s’exprimer (Tinh Tù, de Chérine Khoury), c’est la diversité des productions qui finalement caractérisait cette soirée. Avec des sujets aussi divers que la relation entre deux frères, le rêve, la difficulté de mourir, l’amour qui rend aveugle ou la cécité et sa relation aux autres sur la terre africaine.

Publicité

Le thème de l’abandon et de la solitude des gens perdus dans le monstre citadin était aussi subtilement développé par Lola Frederich, dans l’énigmatique et touchant Taxi Wala. Une représentation fugace de la vie de la ville, une conversation presque sans parole d’un chauffeur de taxi et d’une femme totalement perdue, sans adresse ni destination, qui laisse au final le spectateur se perdre lui-même.

Cela dit un tel enchaînement de multiples courts-métrages pouvait souffrir de quelques longueurs, malgré leur finalité justement passagère. Les films les plus courts se démarquaient alors, et touchaient le spectateur de façon brutale.

L’amendement de Kevin Papatie était l’un de ceux là, et offrait dans ce festival francophone une intéressante réflexion sur le pouvoir de la langue en évoquant le sort de l’algonquin, effacé peu à peu part le français prosélyte. Devant l’assistance soufflée, un rappel des pouvoirs de forces, des rapports de domination et des rôles des langues sur la survie culturelle. Le Canada projeté quatre minutes et vingt secondes sur la toile blanche.

Une sympathique ode à la vitesse, Coureurs de nuit de Shanouk Newashish, rivalisait de performance visuelle et de cadence frénétique. Et célébrait peut-être au final la qualité intrinsèque du court-métrage, trop souvent sous-estimé, et montrait une fois de plus que ce n’est pas la taille qui compte, mais bien le rythme.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur