D’origine italienne et vivant à Québec, le poète Mattia Scarpulla a choisi d’illustrer la fabrication de nos identités d’une manière fulgurante. Dans son recueil Au nord de ma mémoire, il campe des personnages qui perdent des membres ou modifient leur apparence physique.
La marginalité a souvent le haut du pavé dans ce recueil écrit sans ponctuation. Je croyais que cette soi-disant originalité était chose du passé. Pourquoi compliquer la lecture quand le propos est déjà complexe?
Tout un orchestre…
Le premier texte en prose poétique présente un orchestre dominical.
Un Sud-Africain joue du violon avec un seul bras. Une Vénézuélienne «sans doigts de mains de pieds sans larmes» joue de la guitare. Le batteur sourd muet arrive de Chine. Le trompettiste palestinien a ni langue ni testicules. Le saxophoniste étatsunien a décidé de devenir invisible. Enfin, à la basse on retrouve «une femme sans seins sans utérus sans vagin».
Je ne vous cacherai pas que j’ai trouvé pénible de lire cet opuscule débridé, décousu et déroutant. Un texte intitulé «Incompréhensions» exprime assez bien ma réaction. En voici un extrait :
«on a écrit absurde
traduit par je ne suis pas d’accord
on a écrit feu
traduit par je brûlerai ta maison
on a écrit chat
traduit par je n’aime pas les animaux (…)
on a écrit sexe
traduit par je veux tuer dieu»