Un Québec avide d’ouverture sur le monde: 250 commerces kitsch

Roxanne Arsenault et Caroline Dubuc, KITSCH QC
Roxanne Arsenault et Caroline Dubuc, KITSCH QC, Restaurants, bars-salons et autres lieux dépaysants : histoire d’un patrimoine méconnu, Montréal, Éditions Fides, 2021, 300 pages, 39,95 $. Photo: Pascal Desjardins
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Publié 21/07/2021 par Paul-François Sylvestre

Toute une histoire d’un patrimoine québécois méconnu est brillamment révélée par Roxanne Arsenault et Caroline Dubuc dans leur ouvrage intitulé KITSCH QC, publié aux Éditions Fides. On propose une visite guidée de plus de 250 commerces incontournables partout dans la province.

Ces entreprises ont été fondées entre 1950 et 1980. Les propriétaires souhaitaient « offrir le meilleur dans l’assiette mais également faire vivre un coin de leur pays ». Décor, enseigne, menu et habits du personnel étaient mis à profit.

Restaurants et bars-salons kitsch

Les restaurants, bars-salons et autres lieux sont regroupés par thèmes ou pays. On aborde d’abord le style rustique, puis le style maritime.

Dans le premier cas, quelques noms suffisent pour donner une idée de ce qui attend le lecteur : La Catalogne, Le Patriote, le Beaver Club, la Grange à Séraphin, le Stage Coach Inn, le WigWam Motel et l’Hôtel Huron.

Côté maritime, il s’agit souvent de transporter le décor gaspésien en ville, avec ses filets, cages, cordages, bouées, fanaux et gréements. À Montréal, Le Pavillon de l’Atlantique (1968-1982) évoque l’atmosphère d’un navire ; ce restaurant avait d’abord été établi sur le site d’Expo 67.

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Des Alpes aux Laurendides

La représentation de l’identité française est multiple : restaurants « grande cuisine », bistros parisiens, abbayes et moines qui les animent. Mais aussi commerces aux archétypes propres à la Provence, la Bretagne, la Normandie et l’Alsace. Un bel exemple est le restaurant À la Crêpe bretonne, ouvert à Sainte-Adèle en 1957.

Sous la représentation alpine, les autrices regroupent l’Allemagne et la Suisse. Avec son relief marqué, la région des Laurentides devient une petite Suisse.

Dès 1920, le Chalet Cochand ouvre ses portes à Sainte-Adèle. Quant au restaurant le Vieux Munich, à Montréal (1969-1994), il s’inscrit dans la foulée du Bavarian Beer Garden d’Expo 67.

150 restaurants appartiennent à des Grecs

En 1921, il y a à peine 2 000 Grecs à Montréal, mais ils 150 restaurants. À Québec, le restaurant Mykonos (1964-1982) transporte les convives dans les îles de la mer Égée.

D’autres restaurants appartenaient à des Grecs, mais aucun n’avait encore eu « le décor, l’atmosphère et la gastronomie de la Grèce du Mykonos ».

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Les décors de style espagnol dans les commerces thématiques font référence à des activités comme les toréadors, les corridas et les danseurs de flamenco.

C’est parfois dans les caves que l’on invite les clients à vivre une expérience espagnole, notamment à Québec avec Las Cuevas (1975-1985).

Restaurants italiens baroques

Après 1950, l’image que les propriétaires italiens mettent de l’avant pour leurs restaurants englobe souvent tout ce qui fait référence aux clichés nationaux. Certains penchent vers le côté plus traditionnel et rustique, d’autres évoquent des périodes ou personnages spécifiques à l’histoire du pays.

Un bel exemple est l’opulent et baroque Paesano à Montréal (1960-1985). Il mélange l’esthétique de la Renaissance italienne et celle des plaisirs de Bacchus. Des salles sont consacrées à de Vinci, Raphaël, Botticelli et Michel-Ange. Celle de ce dernier est couverte de marbre de Carrare et présente une reproduction de son Moïse avec deux pouces en moins.

Kitsch et exotique

L’heure avance et je n’ai pas eu le temps de vous parler de la Chine, du Japon, de l’Afrique du Nord et de la Polynésie. Mais sachez que leurs lieux immersifs aux décors exotiques et dépaysants ont fait les beaux jours et les belles nuits d’un Québec avide d’ouverture sur le monde.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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