Stage-travail pour immigrants francophones: un atout pour l’équité économique

La Semaine nationale de l’immigration francophone 2020, soulignant l’apport culturel et socio-économique des immigrants francophones partout au pays, coïncidait avec la récente annonce que le Canada planifie d’accueillir plus de 400 000 immigrants par année dès 2021.

Le Canada veut prioriser l’accueil d’immigrants bilingues alors que seulement quelques pays ont le français et l’anglais comme langues officielles: le Burundi, le Cameroun, l’île Maurice, les Seychelles et le Vanuatu.

Dans ce contexte, une stratégie efficace d’insertion professionnelle bilingue devient indispensable afin d’assurer que les nouveaux immigrants francophones – dont nous avons fortement besoin – puissent contribuer à notre essor économique dans les deux langues officielles.

Question de tirer avantage de nos cibles d’immigration aspirant à prioriser les candidats qui parlent les deux langues.

Stratégie bilingue 

En Ontario, l’insertion professionnelle réussie des immigrants francophones nécessite… l’apprentissage de l’anglais, passant par l’instruction et la pratique de la langue au sein du marché du travail.

Cela implique, entre autres, la concrétisation d’une stratégie de recherche et mise en œuvre de stages professionnels dans les deux langues auprès des secteurs privés et publics. Tout un défi, encore plus en temps de pandémie!

Le témoignage de Clémentine Kaneza Uwera

Clémentine Kaneza Uwera, nouvelle immigrante originaire du Rwanda, spécialiste du service à la clientèle, effectue présentement un stage-travail auprès de la compagnie Knowledge First Financial spécialisée dans la gestion de programmes épargnes-études, située à Mississauga.

Le stage-travail de Clémentine s’inscrit dans le cadre de sa participation au Programme relais en Gestion de la chaîne d’approvisionnement et logistique du Collège Boréal dédié aux nouveaux immigrants francophones.

Ce programme s’adresse à une diversité de diplômés à l’étranger incluant des ingénieurs, logisticiens, comptables, spécialistes RH, autres, qui détiennent les compétences professionnelles nécessaires transférables dans le contexte canadien.

Voici le témoignage de Clémentine.

Compétences sur mesure

«Le stage me permet d’élargir mes connaissances tout en mettant en pratique les nombreuses théories apprises durant le Programme relais», explique Clémentine à l-express.ca.

«Cela inclut, entre autres, l’opportunité d’améliorer mon sens de l’organisation; d’apprendre davantage à propos des stratégies utiles pour gérer certaines situations inattendues dans la communication avec la clientèle de partout au Canada, dans les deux langues.»

«Travaillant avec les clients au quotidien, j’ai la chance d’accroître mon expérience dans la résolution de problèmes et de mettre en œuvre des nouvelles solutions.»

Taylor Angelica Mitchell, spécialiste RH auprès de Knowledge First Financial, témoigne: «We are always honoured and delighted to be the first Canadian workplace for new immigrants. It is a pleasure to witness them learn, challenge themselves, professionally develop and surpass expectations in their role.»

Sens de l’adaptation

«Le stage laisse place à exercer mon sens de l’écoute et ma compétence à l’empathie», poursuit Clémentine. «Cela me permet de mieux réagir face à un client qui traverse des défis; de créer une ambiance de communication positive pour satisfaire le client et accomplir la vision de l’entreprise.»

«Bien que les réalités du marché du travail de l’Ontario diffèrent de celles de mon pays d’origine, le stage me permet de faire le pont entre ces réalités, entre mes compétences acquises et celles recherchées ici, de réaliser que je possède les compétences nécessaires pour m’adapter à un nouveau contexte.»

Rappelons que Knowledge First Financial observe strictement les règles établies par la santé publique en raison de la pandémie: port du masque, lavage des mains, distanciation physique. Et ses horaires de travail ont été adaptés à la situation. «Par exemple je travaille en alternance: une semaine au siège social, une semaine à domicile», précise Clémentine.

Apprentissage expérientiel

«Le stage de deux mois que les étudiants passent dans une compagnie est le point d’orgue de la formation relais. Il réconcilie la théorie et la pratique dans une situation réelle.»

«L’une des observations que les stagiaires font le plus souvent porte sur les aspects culturels des relations hiérarchiques et des interactions entre collègues. La plupart du temps, les stagiaires réalisent des petits projets où ils peuvent démontrer leurs talents techniques en matière de chaînes d’approvisionnement.»

«Il arrive qu’ils convainquent l’employeur de leur offrir un contrat de travail. De plus, le stage compte comme une première expérience canadienne qui démontre la capacité du nouvel arrivant à s’adapter tant techniquement que culturellement au tissu socioéconomique canadien », selon Florence Moreira, gestionnaire du Programme relais de Gestion de chaînes d’approvisionnement.»

Selon Samar El Kasas, prospectrice au Service d’emploi du Collège Boréal (Toronto-Mississauga), «les principaux indicateurs de pertinence dans le cas de ce stage-travail sont liés aux perceptions du marché, comme une expérience de travail pertinente, une expérience de travail acquise à l’extérieur du Canada et les obstacles linguistiques».

Navigateurs en Santé

Le Programme relais comprend également deux autres volets: Navigateurs en Santé et Leadership et Management.

Cette année, 12 immigrants professionnels de la santé participent au programme Navigateurs en Santé, dont Ahmat Hassane, originaire du Tchad, diplômé en Sciences biomédicales et pharmaceutiques.

Ahmat est l’instigateur de l’Association des Navigateurs francophones de l’Ontario (ANFO) réunissant cinq dirigeants dont Joseph Koona Nyemb, gestionnaire du Programme Navigateurs en Santé et quatre professionnels de la santé (cohorte 2020-2021).

«La mission de l’ANFO est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la communauté francophone de l’Ontario à travers l’accès à la santé et aux services», explique Ahmat. Le site Web et la page Facebook sont présentement en construction.

«C’est une initiative bienvenue à l’heure de la covid où l’on a besoin de professionnels de la santé plus que jamais», estime Joseph Koona Nyemb.

Leadership et Management

«Nos cohortes attirent une impressionnante brochette de professionnels qualifiés dans divers domaines», indique Élise Cotter, gestionnaire du programme Leadership et Management.

«La formation offerte leur permet d’accroître leurs connaissances en gestion de projet et d’adapter leurs vastes expériences aux besoins de l’Ontario et du Canada.»