De nombreux professionnels de la santé ne travaillent pas!

Un plan de dotation du personnel pour faire face à la crise chronique SVP

Le personnel soignant est exténué. Photo: Shutterstock
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Publié 20/09/2020 par Annik Chalifour

On aurait suffisamment de masques protecteurs et kits de dépistage (malgré une attente interminable pour subir un test ces jours-ci). Toutefois, la situation de plus en plus stressante dans les hôpitaux de l’Ontario et ailleurs au pays, entraîne un déclin important des professionnels de la santé disponibles. On doit prévenir!

Ces derniers temps de nombreuses infirmières ont quitté leurs postes en Ontario, des centaines au Québec. Exténuées en raison de leurs conditions de travail inacceptables…

Une situation préexistante pour notre personnel infirmier dans les hôpitaux et nos préposés dans les Centres de soins de longue durée, qui a été exacerbée par les dures exigences de la pandémie.

La reconnaissance sociale ne suffit pas pour gérer la rétention du personnel dont nous avons besoin pour faire face à la crise sanitaire actuelle risquant de devenir chronique (au moins jusqu’en 2022).

Travailleurs sans emploi 

Rappelons que depuis 2015, le Canada accueille 300 000 immigrants par année, incluant nombre de professionnels de la santé qualifiés (médecins, spécialistes, infirmiers, intervenants sociaux et communautaires, pharmaciens, autres).

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Selon les chiffres de Professions Santé Ontario, il y a 13 000 médecins et 6 000 infirmières formés à l’étranger dans la province qui ne travaillent pas dans leur domaine.

Par ailleurs à l’heure actuelle, les travailleurs de la santé représentent 10% des cas connus de la CoViD-19 en Ontario. Ces chiffres ne peuvent que grimper face à la 2e vague imminente…

Licence médicale temporaire

Reconnaissant le besoin urgent de soutenir le personnel médical, l’Ontario permet maintenant à certains médecins formés à l’étranger de demander une licence médicale supervisée de 30 jours pour aider à lutter contre le CoViD-19.

Cette licence à court terme autorise les médecins qui ont été formés à l’extérieur du Canada ainsi que les diplômés des écoles de médecine du pays d’exercer sous supervision dans des hôpitaux publics, des établissements psychiatriques et des organismes de la Couronne.

C’est bien, mais nettement insuffisant!

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Miser sur les immigrants    

Avant la pandémie, l’Association des infirmières et infirmiers du Canada avait déjà prédit que le Canada connaîtrait une pénurie de 60 000 infirmières d’ici 2022.  Nous sommes maintenant au cœur d’une crise sanitaire mondiale ; ces chiffres vont certainement augmenter.

L’immigration fait partie depuis longtemps de la stratégie du Canada pour remplir les rôles de travailleurs de la santé essentiels. Notre système de santé dépend fortement des immigrants.

On doit, sans attendre, accélérer les processus de reconnaissance des diplômes des professionnels de la santé formés à l’étranger et d’obtention de leur résidence permanente.

Assouplir les règles des Associations professionnelles afin de permettre aux travailleurs de la santé nouveaux immigrants d’assumer les rôles essentiels de sauver des vies.

N’oublions pas: il s’agit de gérer une crise de santé publique mondiale chronique !

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«L’organisme humain est unique»

«La CoViD-19 tue! Mais la non-reconnaissance de compétences des professionnels de la santé formés à l’étranger tue plus que la CoViD-19 elle-même», déclare Ahmat Hassane, diplômé en Sciences biomédicales et pharmaceutiques, République du Tchad. «Nous exhortons le gouvernement de revoir sa politique sur les professionnels de la santé formés à l’étranger.»

Ahmat Hassane

«Face à une situation particulière, il faut aussi des mesures exceptionnelles. Ces professionnels ont fait leurs preuves pendant plusieurs années dans d’autres pays au service de l’humanité.  Ils sont empêchés d’exercer au Canada par plusieurs barrières alors que d’une part il y a une insuffisance criarde des ressources humaines dans le domaine de la santé et la CoViD-19 est en train de faire payer un lourd tribut à la population, d’autre part.»

«Dans une situation où il y a deux maux, il faut choisir le moindre. En cette période où n’importe quelle aide est la bienvenue, nous avons le regret de constater que même le bénévolat n’est pas autorisé à ces professionnels formés à l’étranger.»

«À mon humble avis, les sciences de la santé sont universelles et l’organisme humain est unique… aucune personne ne va vouloir prétendre faire du mal en soignant le mal. Je trouve que cette politique n’aide pas le Canada.»

«La CoVID-19 est un ennemi commun, pour cela, il faut une synergie d’actions. Et ceux formés ici et ceux formés ailleurs, tous, la main dans la pâte, pour éradiquer définitivement ce mal invisible qu’est le Coronavirus».

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Réfléchir autrement

«La pandémie de la CoViD-19 nous a permis de renforcer notre résilience, mais surtout a exposé les failles de notre système de santé», selon Stéphane Nouping, Travailleur en Santé mentale, Angleterre-Cameroun. «Une vie perdue est un mort de trop, nous devons nous préparer à faire face aux grands défis futurs en mobilisant toutes nos énergies intelligemment.»

Stéphane Nouping

«Le Canada accueille chaque année des milliers de professionnels de la santé hautement qualifiés qui sont laissés sur la touche pendant que nos aînés meurent et nos vaillants soldats de la santé sont à bout de souffle: réfléchissons autrement.»

Ahmat Hassane et Stéphane Nouping participent actuellement au Programme relais (Navigateurs en santé) offert par le Collège Boréal, dédié aux professionnels nouveaux immigrants francophones diplômés à l’étranger.

Gérer la durabilité  

On doit actualiser la gestion de nos travailleurs de la santé afin de garantir la durabilité et la cohérence de l’ensemble de notre système de santé. Pourquoi pas, entre autres, par l’acquisition des talents de nos nouveaux immigrants professionnels de la santé?

Surtout ne pas répéter la pénurie de personnel médical au bout des six prochains mois en raison de leur fatigue, de notre manque de gestion efficace de la crise! Nous savons très bien que la CoViD sera parmi nous un certain temps.

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Misons sur nos nombreux professionnels de la santé formés à l’étranger prêts à s’engager ! Outre les masques et la distanciation physique, planifions le renfort nécessaire, la relève continue de notre personnel qualifié d’ici et d’ailleurs, selon des conditions acceptables.

Pour gérer la crise avec diligence, garantir les soins de santé autres que la CoViD, les chirurgies retardées, les services sociocommunautaires indispensables.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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