Mince ligne entre vérité et spéculation 

Stéphanie Gauthier, Inacceptable, roman, Montréal, Éditions Québec Amérique, coll. Tous continents, 2020, 480 pages, 34,95 $.
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Publié 17/05/2020 par Paul-François Sylvestre

Connaît-on vraiment la personne qu’on épouse? Risque-t-il d’y avoir des choses cachées qui se révèlent beaucoup plus tard? Stéphanie Gauthier répond à ces deux questions dans le roman Inacceptable.

Elle montre comment «chaque être humain renferme des zones d’ombre, certaines plus méprisables que d’autres».

Va-et-vient

Le roman est rédigé sous forme de va-et-vient sur une période de six mois. Deux bons amis sont retrouvés morts dans leur bureau respectif, à Montréal au mois de juin, l’un assassiné, l’autre pendu.

En remontant jusqu’à janvier, la romancière nous fait vivre toute une gamme d’émotions: cris, pleurs, incompréhension, dégoût, colère, peine, douleur, surprise, déception et une certaine forme d’apaisement.

Les deux hommes sont le psy Joseph Secco, qui témoigne dans des procès, et Philippe Langevin qui anime une émission d’enquête.

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Blocage émotionnel

Ce dernier est peint comme un homme aux multiples reflets, un homme qui meurt en même temps que son ami rend l’âme. On apprend qu’il a toujours vécu un blocage émotionnel. Homme imperturbable, Philippe porte le plus souvent un masque d’impassibilité.

Laure, épouse de Philippe, occupe une place de choix dans l’intrigue. Chaque question de l’enquêteur l’enfonce davantage dans le doute et la suspicion.

«Elle demeurait convaincue qu’il existait un lien entre le meurtre de Joseph et le suicide de son mari Philippe. Un incident, une sorte de chaînon manquant reliait les deux événements.» La découverte du maillon sera dure à avaler.

Stimulation magnétique transcrânienne

Parallèlement à l’enquête sur la mort de Joseph et le suicide de Philippe, le lectorat a droit à une sous intrigue qui porte sur la technique de stimulation magnétique transcrânienne qui vise à changer certaines émotions et certains comportements négatifs.

Le psychiatre et la psychologue qui mènent cette expérience sur des volontaires on ne peut plus fragiles sont dans la mire d’une journaliste qui est aussi impliquée dans l’intrigue principale.

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Sans révéler l’origine du titre de ce roman policier, je vous souligne que, même minime, un constat peut être inacceptable. «Aux yeux des gens et de la société en général, il n’y avait pas pire abomination.»

Je laisse planer le suspense… La ligne est souvent mince entre vérité et spéculation.

Un autre monde

J’ai lu ce roman en moins de 24 heures, la plupart du temps calé dans le siège d’un autobus conduisant des Torontois pour une excursion historique dans l’État de New York.

La romancière m’a offert la meilleure visite, celle où une partie de notre cerveau se débranche de la réalité pour basculer dans un autre monde.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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