Les priorités budgétaires chamboulées par la pandémie

Les enjeux francophones sur la touche?

L'édifice du Parlement du Canada à Ottawa. Photo: Guillaume Deschênes-Thériault, Francopresse
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Publié 27/03/2020 par Guillaume Deschênes-Thériault

Le dépôt du premier budget du second mandat du gouvernement Trudeau était prévu le 30 mars. En raison de la pandémie de CoViD-19, les travaux de la Chambre des communes sont suspendus depuis le 13 mars, et ce jusqu’au 20 avril.

À ce point-ci, le ministère des Finances ne dispose pas d’informations quant à la date à laquelle le budget pourrait être déposé. Celui de l’Ontario a été reporté à l’automne!

La reprise des travaux parlementaires pourrait être retardée davantage selon l’évolution de la situation. Un groupe restreint de députés et de sénateurs sont retournés brièvement au Parlement les 24 et 25 mars pour adopter un plan économique d’urgence de 100 milliards $ pour aider les citoyens et les entreprises affectés par la crise sanitaire.

Enjeux francophones

Avant l’éclatement de la pandémie, plusieurs intervenants de la francophonie canadienne avaient entrepris des activités de sensibilisation auprès des élus concernant leurs attentes par rapport au budget.

Toutefois, comme le souligne Antoine Désilets, codirecteur général par intérim de la Société Santé en français, «la priorité du gouvernement fédéral est pour l’instant de répondre à la crise de la COVID-19 et nous croyons que le temps n’est pas propice pour faire des demandes additionnelles.»

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Antoine Désilets

«La crise actuelle aura des impacts importants sur l’organisation des systèmes de santé canadiens. Par exemple, nous constatons déjà des enjeux dans l’accès en français aux ressources de santé publique déployées par les provinces au sujet du coronavirus.»

L’employabilité des jeunes

Les priorités mises de l’avant par les intervenants communautaires sont ainsi fortement teintées par le présent contexte sanitaire.

L’employabilité, déjà un enjeu d’importance pour la Fédération de la jeunesse canadienne-française, est une question qui est d’autant plus d’actualité en raison des impacts négatifs de la pandémie sur le marché de l’emploi.

Selon la présidente de l’organisme, Sue Duguay, il est nécessaire que le gouvernement fédéral mise sur des investissements dans des programmes tels que Jeunesse Canada au travail pour veiller à ce que les jeunes aient des opportunités d’emploi dans leur langue à la sortie de la crise.

Quid des artistes?

Pour sa part, le président de la Fédération culturelle canadienne-française, Martin Théberge, considère que certaines propositions de son organisme trouvent un écho particulier dans le contexte actuel, dont celle de la création d’un Observatoire national sur les arts et la culture au sein de Statistique Canada.

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Martin Théberge

«Avec la situation dans laquelle on est présentement avec la COVID-19, on essaie de mesurer l’impact économique et les défis causés aux travailleurs culturels, aux artistes et à l’ensemble des intervenants du secteur, et on a du mal à arriver à des réponses claires. Cela fait en sorte qu’il y a des décisions qui sont prises sans avoir de données concrètes.»

Toujours deux langues officielles

Au-delà des enjeux particuliers, l’importance de tenir compte de la variable linguistique dans l’élaboration et la mise en œuvre des mesures d’aide financière du gouvernement fédéral est un élément essentiel, selon plusieurs intervenants des communautés francophones.

Pour Sue Duguay, d’insister sur l’importance des réalités des francophones et d’assurer des services en français de qualité équivalente à ceux offerts en anglais en cette période de crise «n’est pas une question d’être égocentrique, car à la base cela fait partie de nos droits. C’est vraiment de s’assurer que nous [les francophones] ne soyons pas oubliés dans ce contexte.»

Ces propos font écho à un texte publié dans Le Droit par la professeure franco-ontarienne Linda Cardinal sur l’importance de l’enjeu de la langue.

Sue Duguay

Femmes et violence

Dans la même veine, Lily Crist, présidente de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne, insiste sur l’importance du rôle que remplissent des organismes communautaires francophones en milieu minoritaire en ce moment.

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Elle cite l’exemple de groupes qui viennent en aide aux femmes victimes de violence domestique. «En temps de crise, il faut s’assurer que nos différentes associations qui sont sur le terrain puissent répondre aux demandes et aux besoins des francophones au pays. […] On est dans une époque complètement chamboulée. Il faut que le gouvernement [fédéral] soutienne nos communautés et fasse en sorte qu’il y ait un budget qui puisse assurer le maintien des services en français.»

Auteur

  • Guillaume Deschênes-Thériault

    Doctorant en science politique à l’Université d’Ottawa et chroniqueur à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec Réseau.Presse.

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