Même si son efficacité varie, le vaccin contre la grippe reste important

Vaccination contre la grippe à la Place Saint-Laurent à Toronto.
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Publié 09/12/2019 par Kathleen Couillard

Chaque année en novembre, les agences publiques de santé lancent des campagnes de vaccination contre la grippe saisonnière. Et chaque année, il se trouve des gens pour dire que l’efficacité du vaccin déçoit.

La vaccination demeure cependant un moyen important pour diminuer les complications et les hospitalisations liées à la grippe, en particulier chez les personnes à risque.

Il est vrai qu’en 2014-2015, l’efficacité du vaccin contre la grippe avait été particulièrement faible. Sur Internet, plusieurs en avaient profité pour semer la confusion entre l’inefficacité de ce vaccin cette année-là et l’inefficacité des vaccins en général.

Or, il faut se rappeler que la grippe est un cas particulier. Trois caractéristiques du virus de la grippe expliquent qu’il est difficile d’élaborer un seul vaccin qui aurait la même efficacité, année après année.

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Il n’y a pas seulement «une» grippe

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il existe trois types de virus de la grippe, appelés A, B et (moins fréquent) C.

Le type A est lui-même divisé en sous-types, en fonction de la protéine présente à la surface du virus. Ces protéines jouent un rôle dans la propagation du virus et sont désignées par les lettres H (hémagglutinine) et N (neuraminidase).

Mais d’une année à l’autre, les souches de grippe en circulation ne sont pas nécessairement les mêmes et elles peuvent même coexister, ce qui oblige à développer un nouveau vaccin chaque année.

Par exemple, en 2015-2016, la souche A (H1N1) a causé 54% des cas. Le virus B était quant à lui responsable de 37% des cas. Par contre, en 2018-2019, la souche A (H1N1) a été responsable de 89% des cas, la souche A (H3N2) de 6 % et la souche B de seulement 1%.

Taux élevé de mutations

Le virus de la grippe a aussi la fâcheuse habitude de se modifier, de subir des mutations, ce qui le rend plus difficile à détecter par le système immunitaire.

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Il faut se rappeler que si notre système immunitaire est capable de combattre efficacement un agresseur — comme un virus — c’est parce qu’il l’a déjà rencontré. Autrement dit, il le reconnaît. C’est le principe de base de toute vaccination, qui consiste à injecter une version inoffensive du virus, afin que le système immunitaire le reconnaisse plus tard.

Or, les mutations du virus de la grippe modifient ses protéines de surface. Celles-ci sont alors plus difficilement reconnues, ou pas reconnues du tout, par le système immunitaire.

Les souches en circulation sont difficiles à prédire

Enfin, il est difficile de prévoir quelle sera la souche de la grippe qui sera en circulation pendant la saison suivante.

Depuis 1973, l’OMS émet des recommandations formelles à ce sujet. «Des centres de surveillance sentinelle à travers le monde séquencent le génome des virus qui circulent», explique Martin Richter, du Centre de recherche du CHUS, qui s’intéresse à l’immunologie et à la pharmacologie des infections virales respiratoires.

«Selon les résultats sur une partie de la planète, l’OMS fait des statistiques et prédit quelles souches devraient se propager en Amérique du Nord, ce qui permet d’élaborer les vaccins.»

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Au Canada, le Groupe de travail sur l’influenza développe ensuite ses propres recommandations qu’il soumet au Comité consultatif national de l’immunisation.

Mais «les scientifiques peuvent se tromper dans le choix de la souche», souligne le Dr Karl Weiss, médecin microbiologiste et infectiologue à l’Hôpital général juif de Montréal. «Beaucoup d’erreurs peuvent survenir.»

C’est d’ailleurs ce qui explique l’inefficacité observée en 2014-2015. La souche servant à confectionner le vaccin différait d’un point de vue génétique de celle en circulation.

Quelle est l’efficacité moyenne du vaccin?

Selon le site du gouvernement du Québec, le vaccin contre la grippe prévient la maladie chez 40 à 60% des personnes en bonne santé, à condition que les souches qu’il contient correspondent à celles en circulation.

Pour la saison 2018-2019 en particulier, des scientifiques canadiens ont évalué que le vaccin avait offert une protection de 72 % contre le virus A (H1N1), alors en circulation. Cependant, la recherche semble indiquer que cette efficacité pourrait être moindre chez les personnes âgées.

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«L’efficacité varie également d’un individu à l’autre», explique Martin Richter. «De plus, pour avoir une bonne efficacité, on vise un taux de vaccination dans la population d’au moins 80 %. Si trop peu de gens sont vaccinés, la communauté ne sera pas très bien protégée.»

Qui devrait être vacciné contre la grippe?

Bien que les personnes en bonne santé soient, pour la plupart, rarement hospitalisées pour une grippe, le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) s’est tout de même penché sur la pertinence d’inclure les gens en bonne santé dans le programme d’immunisation contre l’influenza.

Après avoir effectué une analyse économique, le CIQ en est venu à la conclusion qu’il n’était pas souhaitable d’étendre la vaccination contre l’influenza à l’ensemble de la population. Il a même suggéré de retirer de la liste des groupes à risque les enfants de 6 à 23 mois, de même que les adultes de 60 à 74 ans en santé.

En les retirant, il deviendrait plus facile d’atteindre la cible de 80% de couverture vaccinale dans les groupes réellement à risque, comme les personnes souffrant d’une maladie chronique et celles âgées de plus de 75 ans. «Même si ce n’est pas un très bon vaccin, en réduisant le risque d’aller à l’hôpital, on évite des conséquences sévères», souligne le Dr Weiss.

Confusion des virus

Enfin, il faut rappeler que le vaccin annuel contre la grippe fonctionne seulement contre le virus de la grippe.

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Le problème ici est que les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) aux États-Unis, signalent que plusieurs autres virus peuvent causer des symptômes similaires qui peuvent être confondus avec la grippe, même par un médecin.

C’est ainsi que l’efficacité du vaccin est plus élevée si on la calcule uniquement en fonction des cas de grippes confirmés en laboratoire, plutôt qu’en fonction de tous les cas diagnostiqués par un médecin.

Auteur

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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