Le Québec a connu de nombreuses congrégations religieuses masculines, depuis les Récollets jusqu’aux Montfortains, en passant par les Jésuites, les Oblats, les Franciscains et les Dominicains, pour ne nommer que les plus connues. Seuls les Sulpiciens ont été à la fois seigneurs, pasteurs, éducateurs et missionnaires. Il sont au Canada depuis 1657 et, à l’occasion de leur 350e anniversaire, un groupe d’historiens vient de publier un ouvrage intitulé Les Sulpiciens de Montréal: une histoire de pouvoir et de discrétion (1657-2007).
Ce livre de 650 pages nous apprend qu’il n’y a eu que 650 sulpiciens en terre canadienne sur trois siècles et demi. «Les rangs de la Province sulpicienne du Canada ont été constitués par trois principales nationalités: 295 Canadiens (Québécois pour l’immense majorité), 265 Français et 46 Colombiens, auxquels il faut ajouter 15 États-Uniens (presque tous des Franco-Américains), 12 Japonais et 11 Irlandais.»
On n’est pas surpris d’apprendre qu’environ 40% des effectifs sont consacrés à l’activité missionnaire au XVIIe siècle. Les Sulpiciens missionnaires de cette époque ont une moyenne d’âge de 35 ans, alors que ceux œuvrant auprès des Blancs ont en moyenne 10 ans de plus. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les activités paroissiales accaparent l’essentiel des effectifs du séminaire de Montréal. À partir de 1897, il y a plus de Sulpiciens engagés dans le secteur de l’éducation que dans le secteur paroissial. «En 1937, le pourcentage des Sulpiciens qui se consacrent à l’éducation (66%) est plus de trois fois et demie supérieur que pour l’ensemble des prêtres séculiers québécois.»
À titre de renseignement, je peux vous dire que les Sulpiciens ont été actifs en Ontario de 1668 à 1859. On les retrouve d’abord à la mission de Quinté (1668-1682), avec l’explorateur de La Salle au lac Sainte-Claire (1669-1670), à la paroisse de l’Assomption de Windsor (1786-1826), à la paroisse de l’Immaculée-Conception de Paincourt (1851-1855) et à la paroisse Sainte-Croix de Lafontaine (1855-1859).
Les Sulpiciens exercent leur autorité de seigneurs à partir de 1663 et jusqu’en 1840, année où s’amorce l’abolition du régime seigneurial qui les transforme en rentiers et en propriétaires fonciers. Lorsque le diocèse de Montréal se développe, dans la seconde moitié du XIXe siècle, le pouvoir religieux des Sulpiciens commence à accuser un recul.