Victor Vasarely, grand maître de l’art optique

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Publié 27/01/2015 par Gabriel Racle

Le dictionnaire Reverso définit ainsi l’art optique: «Tendance artistique contemporaine qui se fonde sur l’illusion optique du mouvement». Arts Plastiques donne une très bonne explication de l’illusion d’optique, dont il a déjà été question avec Escher dans L’Express du 16 août 2011.

«C’est la perception déformée de la réalité, de la forme, de la couleur, des dimensions ou du mouvement des objets. L’œil perçoit une image, qui est ensuite analysée par le cerveau. Le cerveau cherche à mettre du sens, mais si les informations sont contradictoires, il ne parvient pas à les interpréter.

À un moment donné, le cerveau face à toutes ces informations ambiguës, sature et se fatigue. Par conséquent, il amplifie les contrastes, les contours, les couleurs, les perspectives, les reliefs, les mouvements.»

Art et illusion

L’artiste représentant cette tendance, qui débute vers 1960, s’attache donc «à suggérer le mouvement sans jamais le réaliser véritablement. Il institue de nouvelles relations entre les spectateurs et l’œuvre en provoquant la participation active de celui qui regarde. Le spectateur est libre d’interpréter l’image en autant de situations visuelles qu’il pourra en concevoir.» (Fondation N. Vasarely)

En 1965, le Musée d’Art Moderne (MoMA) de New York consacrait ne exposition intitulée The Responsive Eye à l’art optique, qui connut un vif succès et lui assura une diffusion internationale en popularisant l’expression désormais consacrée de «Op Art». Et un nom a émergé de cette manifestation, celui de Vasarely.

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Formation artistique

Gyözö Vasarely, francisé en Victor Vasarely, est né le 9 avril 1906 à Pécs, une ville de Hongrie, et décédé en 1997 à Annet-sur-Marne, près de Paris.

À Budapest, en 1925, il commence des études de médecine abandonnées pour étudier l’art à l’Académie Podolini-Volkmann en 1927, puis en 1929, il entre au Mühely, connu comme l’école du Bauhaus de Budapest (courant artistique allemand révolutionnaire).

Les études qu’il y fait seront déterminantes pour son œuvre. Il découvre l’art abstrait et les tendances du constructivisme, apparu en Russie vers 1913. Ses représentants se concentrent sur une composition géométrique rigoureuse, non figurative.

Le caractère «constructiviste» de leur art repose sur le fait de créer «une composition au moyen d’éléments géométriques simples». Vasarely réalise ses célèbres Étude bleue et Étude verte (1929).

Le géomètre-plasticien

En 1930, il s’installe à Paris. Il travaille d’abord pour des agences publicitaires tout en poursuivant une recherche personnelle sur les effets optiques, qui débouche sur Zebra (1938), première œuvre en quelque sorte de l’Op Art. Constituée de bandes diagonales, cette représentation donne l’impression d’un zèbre assis.

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Pendant 20 ans, Vasarely va poursuivre dans cette voie d’un art abstrait géométrique, en faisant appel à un nombre restreint de formes et de couleurs.

Il s’en explique ainsi sur une vue à Belle-Isle-en-Mer: Dans les éboulis de la côte, je distingue la géométrie interne de la nature. La région est merveilleuse. J’observe les formes, qui toutes se ramènent à l’ellipse et à la forme ovoïde, et je découvre une étroite parenté entre des choses de nature très différente. L’univers ne se réduirait-il pas en fait à une seule grande équation?»

Pour Vasarely, la géométrie est une composante interne de la nature elle-même, et c’est ainsi qu’il s’engage dans une recherche cinétique, en créant une illusion de mouvement avec des formes devant l’exprimer.

En 1944, il participe à une exposition à Paris. Il crée une illusion de mouvement par des formes géométriques accentuées par des lignes de couleur, et il publie un «traité de l’art cinétique», Manifeste jaune, en 1955. Formes et couleurs sont pour lui inséparables.

En 1955, Vasarely écrivait: «La synthèse des arts plastiques (peinture, sculpture, architecture, urbanisme) est un fait accompli… Peinture et sculpture deviennent des termes anachroniques, il est plus juste de parler d’une plastique bi-, tri-, et multidimensionnelle.»

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Livre d’art

On ne saurait tout dire de Vasarely et de son œuvre, tant il y aurait à dire. Mais un livre sublime permet à la fois de se documenter et de voir une partie de ses réalisations.

Publié à l’occasion d’une exposition belge, il comporte deux parties: deux textes documentaires illustrés très intéressants, «Vasarely, une histoire» et «L’Influence de Vasarely, hier et aujourd’hui» et, à partir de la page 63, des œuvres de l’artiste.

Les œuvres présentées sont classées en deux catégories, les œuvres en noir (pages 63-123), Les œuvres en couleur (pages 125-189). Chaque œuvre tient une page entière, avec en regard nom, date, nature, collection. Le lecteur peut non seulement admirer cette reproduction d’une très grande qualité, mais étudier les effets optiques variables selon la façon de les regarder. C’est prodigieusement fascinant et cet ouvrage est remarquable, d’une grande beauté et d’une grande simplicité. Deux entrevues et des pages de référence terminent ce livre bilingue.

«L’art pour l’art ne mène à rien. Si vous vous engagez dans cette voie, vous êtes condamné à la bohème et vous finirez alcoolique ou syphilitique, mais peintre, certainement pas!» – Vasarely

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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