Peste noire, grippe espagnole, SRAS… la peur des épidémies se propage d’un bout à l’autre de la planète aussi vite que le permettent maintenant les chaînes de télévision câblées. La seule mention Ebola donne aujourd’hui des sueurs froides à un bon nombre d’Occidentaux. Entre la peur d’avoir peur et la menace réelle — la grande majorité des décès restent pourtant circonscrits à une zone de l’Afrique de l’Ouest —, Ebola retient l’attention des médias, des services de santé publique et des politiciens d’ici.
«Il est normal d’avoir peur d’un virus féroce qui ne connaît pas de traitement. Il s’agit pourtant d’un délire imaginaire autour de la maladie alimenté par la circulation de nombreuses images effrayantes», tranche le professeur d’histoire de la santé Patrick Zylberman, qui a fait de cette peur collective le propos de sa conférence Santé publique, sécurité nationale?, présentée demain le 4 novembre au Cœur des sciences de l’UQÀM.
La lutte à Ebola s’avère donc, en partie, un combat de l’ignorance et de la peur. Les films Contagion, Alerte, The Hot Zone ont aussi marqué les spectateurs alimentant un imaginaire néfaste autour des origines de l’épidémie. Et les films occultent les risques réels de contamination du virus au sein de sociétés dotées de bons systèmes de santé.
Toutefois, «le véritable drame se déroule en Afrique», insiste-t-il. L’enjeu réel serait de hausser le niveau de qualité des soins des pays en développement afin de bâtir une défense avancée. «En aidant les Guinéens à améliorer leur sort, nous pourrons aussi nous protéger.»
Appel au calme
La récente déclaration de notre ministre de la Santé, Gaétan Barrette – «Le système de santé québécois est prêt à faire face à un éventuel cas d’Ebola» — ou le discours du président américain Barack Obama, qui se dit prêt à accueillir de nouveaux cas, visent tous l’appel au calme.