En seulement 130 000 ans, les Homo sapiens ont coupé des branches de l’arbre de l’évolution des espèces qui pourraient mettre 3 à 7 millions d’années à repousser.
C’est l’analogie qu’utilisent trois biologistes de l’Université d’Aarhus, au Danemark, dans un article paru le 15 octobre dans la revue PNAS
Branches anciennes ou récentes
Intitulé «La diversité des mammifères prendra des millions d’années à récupérer de l’actuelle crise de la biodiversité», leur texte constitue un effort, selon eux inédit, pour catégoriser les différentes espèces disparues à cause de nous — en tout ou en partie — en leur attribuant des valeurs différentes suivant qu’elles constituaient une branche «ancienne» ou «récente».
Par exemple, la disparition probable du paresseux nain (Bradypus pygmaeus) aura un moins grand impact sur la biodiversité que celle de l’aardvark ou oryctérope du Cap (Orycteropus afer), parce que le paresseux nain est une espèce qui s’est séparée de ses cousines il y a seulement 9 000 ans, alors que l’aardvark est le dernier représentant d’une branche majeure — un ordre, en langage de biologiste — qui s’est séparée des autres il y a 75 millions d’années.
Plusieurs scénarios
Le calcul sur le temps qu’il faudra aux mammifères pour «récupérer» s’appuie donc sur une évaluation des espèces disparues, mais aussi sur des évaluations approximatives des espèces qui vont probablement disparaître.
En effet, si la biodiversité restait telle qu’elle est à partir de maintenant, il ne faudrait «que» 500 000 ans aux quelque 5 400 espèces actuelles de mammifères pour «évoluer suffisamment d’histoire nouvelle leur permettant de restaurer une diversité phylogénétique» similaire à celle d’avant l’Homo sapiens.