Rétrospective Jacques Rivette à la Cinémathèque

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Publié 13/02/2007 par Yann Buxeda

À l’image des autres grandes figures de la Nouvelle Vague du 7e art hexagonal, Jacques Rivette aime à cultiver le mystère. Son oeuvre, aussi éclectique soit-elle, en fût et en est toujours emplie. Pour le cinéaste français, qui fêtera ses 80 ans l’année prochaine, le cinéma a toujours été un monde expérimental, où les plus infimes détails revêtent parfois une importance non quantifiable.

La gazette du cinéma. Un titre de presse des années 50 qui sonne familier aux oreilles des amateurs des monuments cinématographiques de la Nouvelle Vague. Fondée en 1950 par Éric Rohmer et Jacques Rivette, La gazette du cinéma accueille en ses colonnes les François Truffaut et autres Jean-Luc Godard, symboles du cinéma d’auteur français d’après-guerre.

Au sein de ce microcosme, Jacques Rivette affine très rapidement une vision spécifique du cinéma, celle d’un média malléable, permettant au créateur d’explorer d’innombrables facettes. C’est pourtant autour de certains thèmes fétiches que Rivette axera son oeuvre, notamment le théâtre ou encore la paranoïa.

Un rapprochement qu’avait effectué James Quandt, responsable de programmation à la Cinémathèque Ontario, alors qu’il présentait sa première rétrospective sur Rivette, en 1992: «J’avais appelé cette rétrospective Paranoïa and Play, parce que ce titre explorait à lui seul l’axiome principal du travail de Rivette.

Depuis ses premiers tournages, Rivette fait évoluer ses personnages dans des mondes aux frontières épaisses, sur fond de conspirations. La partie théâtrale est plus évidente, puisque nombre de ses films se rapportent à ce monde très spécifique, tant sur les scénarios que sur le jeu des acteurs.»

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Un concept que l’on retrouve dès son premier long métrage, Paris nous appartient, où Rivette explore le complot sur fond de répétitions théâtrales. Il se démarque d’emblée dans son approche du tournage, en ce sens où il ne se base pas sur un scénario millimétré, mais simplement sur quelques pages de synopsis.

Son second film, dans un tout autre registre, saura aussi faire parler de lui. La Religieuse, réalisé en 1966 d’après le roman éponyme de Diderot, sera soumis à la censure dès sa sortie. Anna Karina y interprète Suzanne, une nonne entrée dans les ordres contre son gré, qui lutte pour l’annulation de ses voeux.

Dès octobre 1965, sous l’impulsion de la centrale catholique du cinéma, la présidente de l’Union des supérieures majeures écrivait au ministre de l’Information Alain Peyrefitte, pour l’informer de l’inquiétude des 120 000 religieuses de France devant les rumeurs de tournage d’«un film blasphématoire qui déshonore les religieuses». Quelques mois de polémique suffiront pour que le gouvernement, soucieux de préserver son image auprès de l’électorat catholique, interdise tout d’abord le film aux mineurs de moins de 18 ans, avant de décider une semaine plus tard d’en interdire plus radicalement la diffusion et l’exportation.

Une polémique qui n’était en rien à l’image de Rivette, selon James Quandt: «Jacques Rivette était provocateur, mais pas dans le sens où il aimait susciter la controverse. Je pense que cela se ressentait plus dans la façon dont il tournait ses films, à travers leur durée et leur densité. Il demandait beaucoup à ses spectateurs… et leur apportait beaucoup également.»

Rivette, à l’image des Godard et autres Truffaut, aura suscité et suscite encore les réactions les plus diverses quant à l’unicité de son oeuvre. Un personnage à part du cinéma français qui sera à l’honneur à la Cinémathèque Ontario jusqu’au 16 mars prochain, avec la diffusion de plus d’une vingtaine de ses films.

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Renseignements: 416-968-FILM

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