Jacques Demy: rétrospective douce-amère à la cinémathèque Ontario

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Publié 12/02/2008 par Aline Noguès

Le petit Jacquot de Nantes est de retour dans les salles obscures. La Cinémathèque Ontario a en effet programmé une rétrospective du réalisateur français Jacques Demy (1931-1990), du 15 février au 16 mars prochains.

Seize films seront présentés, des célèbres Parapluies de Cherbourg à Trois places pour le 26 en passant par Les Demoiselles de Rochefort, Peau d’âne, Lola… sans oublier trois documentaires d’Agnès Varda sur son époux Demy et son oeuvre: Les Demoiselles ont eu 25 ans, Jacquot de Nantes et L’Univers de Jacques Demy.

L’oeuvre de Demy est particulière, originale, même s’il a aussi puisé son inspiration dans des oeuvres et des styles existants. On ressent ainsi l’influence de la comédie musicale hollywodienne (Les Parapluies de Cherbourg est un film entièrement chanté). Demy appréciait aussi les mélodrames de Vincente Minnelli, les films de Robert Bresson ou encore ceux de Max Ophuls.

Adulé, Demy a aussi parfois été qualifié de simpliste ou de naïf. Pour James Quandt, programmateur principal à la cinémathèque, ces critiques sont exagérées: «Demy a toujours été attiré par les grandes émotions, les contes de fées et le vieux cinéma, mais il montre aussi dans ses fims une connaissance très vive et profonde de la condition humaine.»

Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé, lui qui a accueilli les films de Demy avec un grand enthousiasme. «Ses films ont plu, explique James Quandt. Peut-être parce qu’ils ont offert de la légèreté et du charme, de la couleur et de la musique au cours d’une décennie où le cinéma reflétait un monde très sombre. Et on ne peut pas non plus sous-estimer son superbe goût dans le choix des actrices: Catherine Deneuve, Anouk Aimée, Danielle Darrieux, Jeanne Moreau, Dominique Sanda!»

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Mais le public d’aujourd’hui est fort différent d’alors…

De quoi rejeter les films de Demy? Les trouver dépassés, ennuyeux voire kitsch? «Au contraire, s’exclame James Quandt, je crois que le public d’aujourd’hui est plus en phase avec l’audace des films de Demy. Nous avons programmé ses films à plusieurs reprises à la cinémathèque, et cela a toujours été un succès, probablement parce que les gens reconnaissent aujourd’hui que, malgré leur gaieté superficielle, les films de Demy sont profondément sérieux: ils évoquent la mortalité, la fin de l’amour, la perte. Ils sont doux-amers, graves et aigus sur des sujets comme les relations de classe, la mort et la guerre.»

Dans les films de Jacques Demy, on retrouvera aussi un aspect «film documentaire» qui peut avoir une saveur bien particulière après quarante ans. Son premier film, Le sabotier du Val de Loire est un documentaire de style néoréaliste et beaucoup de ses films révèlent certaines relations de classes voire une lutte des classes.

Certains rattacheront l’oeuvre de Jacques Demy au courant de la Nouvelle Vague. Mais même s’il partage avec les cinéastes de ce courant certaines de leurs conceptions et méthodes, les films de Jacques Demy gardent encore aujourd’hui la marque distincte d’un réalisateur qui a su créer son propre style.

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