Erindale Hall: une résidence étudiante bien intégrée au site et à son architecture

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Publié 28/11/2006 par Claude Bergeron

Dernière résidence d’étudiants érigée sur le campus de l’Université de Toronto à Mississauga (une autre est en cours de construction), Erindale Hall fut terminée en 2003. Sa réalisation valut aux architectes Baird Sampson Neuert le prix du Gouverneur Général pour l’année 2006.

Comme les autres résidences de ce campus, celle-ci prend place au sein d’un boisé, mais située à la limite nord de la zone résidentielle, elle est la plus étroitement intégrée aux pavillons d’enseignement et autres lieux d’activités communautaires.

Voisine du Student Centre, elle longe l’axe piéton le plus achalandé du campus, le Five-Minute Walk, qui en relie les deux pavillons initiaux, le North et le South Building, lesquels constituent encore aujourd’hui les deux pôles principaux. Long de quelque 135 mètres, Erindale Hall comporte sur toute son étendue une spacieuse arcade qui procure un passage abrité par jour d’intempérie.

Le plan de ce long pavillon s’infléchit légèrement en forme d’arc pour épouser le contour de la rue. Ainsi, la façade du rez-de-chaussée se révèle progressivement au promeneur qui emprunte le passage couvert, pendant que le sol qui suit la pente du terrain fait croître constamment la hauteur de la colonnade.

S’ajoutent à cela des articulations nombreuses qui agrémentent la promenade. De multiples facettes diversement orientées et formées de matériaux divers déconstruisent le mur du rez-de-chaussée pour en renouveler constamment l’aspect. Par endroits aussi, la vue donne sur l’intérieur et même à travers le rez-de-chaussée pour révéler le boisé à l’arrière du pavillon.

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Si Erindale Hall établit des relations subtiles avec le site, il en fait autant avec l’architecture du milieu. Il n’y avait rien à emprunter au North Building, un édifice inqualifiable si ce n’est qu’il est sans intérêt architectural. Le South Building, par contre, est une monumentale construction de style brutaliste, un style qui a laissé sa trace sur à peu près tous les campus ontariens au moment de la très forte expansion de l’enseignement universitaire dans les années 1960 et au début des années 70.

Certains pavillons brutalistes ont mal vieilli, le béton grossier tout comme les formes massives ont souvent perdu de leur attrait; mais d’autres, comme le pavillon initial du collège Scarborough, demeurent des œuvres marquantes. Le South Building du campus de Mississauga ne présente pas le caractère original de ce dernier, mais il n’est pas moins un édifice imposant, sculptural et soigné dans sa présentation, en plus d’être représentatif de l’architecture universitaire de son époque.

Le plan d’Erindale Hall conserve un principe majeur qui caractérise le South Building ainsi que l’architecture brutaliste en général, à savoir la forme non finie. Il se compose d’un long axe auquel se greffent, sur le côté sud, des grappes formées à chaque étage par le groupement de chambres autour d’une pièce de séjour. Présentement, quatre grappes diverses formées par des appartements de deux, trois ou quatre chambres composent cette résidence. De nouvelles grappes pourraient s’ajouter si l’axe était éventuellement allongé, et cela sans altérer le caractère de l’édifice.

Ces appartements s’empilent pour former des tours articulées qui encadrent trois courettes, chacune donnant accès à la résidence. Chaque appartement profite de l’éclairage solaire tout au long de la journée.

D’autres appartements reçoivent leur éclairage de la façade principale qui est tournée vers le nord. Dans ces unités, les chambres encadrent une pièce de séjour centrale, un arrangement qui se reflète dans la distribution des fenêtres et donne à la composition de la façade une structure ainsi qu’un rythme qui en simplifient la lecture et préviennent la répétition monotone d’ouvertures identiques.

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Le mur rideau de verre et le géométrisme qui caractérise les façades associent ce pavillon au courant d’architecture moderniste, mais au rez-de-chaussée, où les détails sont plus nombreux, les caractères modernistes voisinent avec ceux du brutalisme. Si les grands pans de verre reflètent toujours la technologie et le machinisme modernes, la texture très grossière des dalles de pierre avec lesquelles ils alternent offrent un contraste à la fois brut et primitif.

Par ces rappels subtils et bien pensés Erindale Hall est une construction qui s’insère adroitement sur le campus de Mississauga, mais l’intérêt de ce pavillon ne s’arrête pas au milieu bucolique des campus suburbains. Il comporte en effet plusieurs ingrédients d’une excellente architecture urbaine, et l’on serait bien avisé de s’en inspirer pour la reconstruction des artères majeures de Toronto où le Plan officiel prévoit accroître la densité parallèlement à l’amélioration du transport en commun.

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