3 séries et 2 films à voir sur Netflix, Club Illico, Prime

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Crave, Apple TV, Disney, Club Illico et d’autres.

Voici trois séries et deux films disponibles ce mois-ci.

LE TEMPS DES FRAMBOISES

John Conley, exploitant d’une ferme maraîchère, gît inerte sur le sol quand ses ouvriers le découvrent. Élisabeth, son épouse, est introuvable.

Quand il est déclaré mort, sa nombreuse famille panique. Martha, sa mère, impérieuse, veut tout contrôler. Ses 5 frères et soeurs, piégés par leurs problèmes et leurs ambitions, se démènent comme ils peuvent.

Le Temps des framboises, dans ses 10 épisodes, braque ses regards sur toute une galerie de personnages avec compassion et grande sensibilité.

Élisabeth, magistralement interprétée par Sandrine Bisson, ramasse les morceaux de son coeur avec une intensité incroyable nuançant chaque étape d’émotions palpables.

Elle hérite de la ferme et doit tout apprendre de sa gestion jusqu’à la connaissance des ouvriers saisonniers.

Chacun de ces hommes traverse des crises dépeintes avec humanité. Le réalisateur Philippe Falardeau connaît bien le monde des migrants.

En tant que mère, Élisabeth est à l’écoute de ses fils qui passent par des moments douloureux. Junior, le sportif en colère, et William, joué par Xavier Chalifoux, lui-même malentendant, qui apprend à jouer du violoncelle.

Au langage des signes s’ajoutent des dialogues en français majoritairement, mais aussi en anglais, car John Conley est descendant d’une famille irlandaise. L’espagnol est également parlé par les ouvriers saisonniers venant du Mexique.

Les deux premiers épisodes traînent, mais le reste de la série est saisissant, avec de grandes interprétations comme celle de Micheline Lanctôt ou d’Edison Ruíz. «C’est doux et dur, drôle et grinçant, tragique et comique. C’est une histoire finement tricotée de deuil, d’exils et d’incapacité à communiquer.» – La Presse.

L’AFFAIRE BETTENCOURT: SCANDALE CHEZ LA FEMME LA PLUS RICHE DU MONDE

Liliane Bettencourt est une épouse qui s’ennuie. Le photographe et romancier François-Marie Banier entre dans sa vie. Il la distrait, la fait rire, lui présente des personnalités intéressantes.

Mais vaut-il les 917 millions d’euros en dons de tableaux, de propriétés, de titres d’assurances que lui confère la généreuse Mme Bettencourt?

Le majordome Pascal Bonnefoy, excédé par Banier, décide d’enregistrer secrètement les conversations que sa patronne a avec ses invités. Au bout d’un an, Bonnefoy livre ses enregistrements à la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt Meyers, la mal-aimée.

Celle-ci voit d’un mauvais oeil l’intrusion de Banier. Elle le poursuit en justice pour protéger sa mère, soi-disant, mais surtout pour protéger son héritage. La publication des enregistrements crée un scandale politique et un tollé médiatique retentissant.

L’enquête est passionnante. Des journalistes, amis, personnalités de renom témoignent. À noter que l’actrice et chanteuse Arielle Dombasle avoue avoir présenté Banier à Liliane.

Le documentaire est bien construit. Pendant que les vrais enregistrements se font entendre, les scènes sont reconstituées avec une vue verticale des personnages dont on n’aperçoit que le haut de leur tête et la coiffure impeccable de Mme Bettencourt.

Des enveloppes remplies d’argent rythment les photos et les vidéos d’archives pointant un Nicolas Sarkozy toujours gourmand.

Seul Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune, commente les enregistrements tant bien que mal.

L’argent rend fou, et la munificence de Liliane Bettencourt aura affolé ses employés extrêmement bien payés, sa fille en quête de son affection et la France tout entière… À ne pas manquer!

LUPIN

Les 7 épisodes de la saison 3 de Lupin s’avalent comme de délicieux bonbons. Ils nous plongent dans un monde fantaisiste très mouvant à cause de retournements de situations souvent surprenants.

Assane décide de mettre fin à sa cavale en s’écrasant du haut d’un immeuble pour une mort certaine. Après son enterrement. Personne ne veut croire que «Lupin» a rendu l’âme. Journalistes, épouse et fils, dangereux truands, tous sont à sa recherche.

Un mystérieux escroc arrive à faire sortir Assane de sa tanière mortuaire en enlevant sa mère qui l’avait abandonné. Entre vols de bijoux et de tableau, des retours en arrière décrivent comment Assane a vécu des traumatismes de jeunesse qui l’inspirent.

Il se décarcasse pour sauver sa mère, une voleuse notoire elle-même… et bien futée aussi!

Assane, joué avec charme et charisme par Omar Sy, fascine par son ingéniosité à berner les gens avec des costumes, coiffures et accessoires souvent étonnants.

Ludivine Sagnier – Claire, l’épouse d’Assane – a l’air de bien s’amuser. Comme elle nous amuse avec son jeu de cache-cache: attirance physique, observation des petits détails qui vont débusquer «Lupin», tout est joué avec une jolie malice en complicité tardive avec Raoul, le fils du couple.

«Cette partie 3 de Lupin insiste là où ça fait du bien: le divertissement pur et dur. Dans toute sa splendeur, le gentleman cambrioleur joue plus encore que les années passées avec le décor parisien exceptionnel: l’Arc de Triomphe, les Galeries Lafayette, le Père Lachaise… Tout y est.» – Première.

BRUTUS vs CÉSAR

Kheiron, réalisateur, scénariste, comédien, humoriste, sait marier l’humour avec des thèmes socio-politiques.

Dans Nous Trois ou rien, Kheiron nous raconte l’histoire de ses parents opposants iraniens exilés en France. Kheiron incarnait son père de façon émouvante et drôle à la fois. Et pourtant ni l’époque ni les enjeux politiques et humains se prêtaient au rire.

Dans Mauvaises herbes (Netflix), Kheiron, en tandem sympathique avec Catherine Deneuve, va se retrouver dans un centre d’ados absentéistes exclus du système scolaire. Encore une fois Kheiron, ici acteur et réalisateur, cible avec charme et succès la drôlerie.

Dans Brutus vs César, Kheiron semble avoir perdu la main.

La distribution est composée d’acteurs comiques de grand renom comme Ramzy Bedia en César, Thierry Lhermitte (Rufus), Artus (Spartacus), Gérard Darmon (Cassius), Pierre Richard (Alorix), Antoine Bertrand (incursion québécoise en Médicus) ou encore Reem Kherici (Efna).

Kheiron lui-même joue Brutus.

Certes, ils apportent des moments burlesques, réjouissants. Et pourtant, la gestuelle répétée de César de «coupage de tête», les trébuchements prévisibles désastreux de Brutus, les dialogues plutôt mous déçoivent.

C’est la fausse histoire de l’assassinat de César par son fils Brutus, dont il ignore le nom et qu’il appelle «l’autre».

Après avoir maladroitement trébuché avant d’asséner le coup de poignard supposé fatal à César, ce fils mal aimé est banni dans la colonie romaine qui lutte contre les Gaulois. Leur chef Vercingétorix (Youssef Hajdi), une des belles trouvailles du film, est un coureur de jupons corrompu vivant à Rome.

«Soit on adore, soit on déteste»… paroles de Kheiron!

RODÉO

Les premières images du film québécois Rodéo sont envoûtantes. Ces camions crachant la fumée, hurlant comme des mastodontes, filant comme des bêtes en plein rodéo infusent une étrange adrénaline qui donne envie de crier de plaisir, de bouger pour suivre le suspens…

Le ton du film est lui aussi plein de rebondissements dans l’amour que voue un père, Serge, pour sa fille de 9 ans, Lily.

Tous deux rêvent de se rendre au grand rodéo de Badlands en Alberta. Mais la route, à la fois physique et sentimentale, est remplie d’embûches dans les paysages saisissants de la photographie du film.

Le choix des acteurs, en particulier, le duo père fille, jouée par Maxime Le Flaguais et Lilou Roy Lanouette, est d’une vérité frappante.

Cette jeune comédienne a une présence magnétique avec sa gouaille et sa façon d’affronter son père. Maxime Le Flaguais, vu et tellement apprécié dans Piché entre ciel et terre, exprime avec brio une gamme d’émotions fortes nuancées fascinantes.

Dans la présentation de son film a récent festival torontois Cinéfranco, la réalisatrice Joëlle Desjardins Paquette révèle qu’elle est en terrain connu dans l’univers de son film. Le divorce de ses parents quand elle était enfant l’a inspirée pour imaginer le rôle de Lily. Et son père l’avait initiée au monde des camions.

Son premier long-métrage a remporté le prix EDA du meilleur film réalisé par une femme au Festival de films de Whistler. Rodéo a également décroché le prix de la meilleure réalisation. La performance de Lilou Roy-Lanouette lui a valu une mention spéciale.