Deux séries et trois films à voir sur Netflix, Apple TV, Club Illico, MUBI…

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Julie Ledru dans le film français Rodéo, sur la plateforme MUBI ce mois-ci. À ne pas confondre avec le film québécois Rodéo à l'affiche du prochain festival torontois Cinéfranco!
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Publié 06/10/2023 par Festival Cinéfranco

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone (du 3 au 9 novembre prochain au Carlton!), partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Crave, HBO, Apple TV, Amazon, Disney et d’autres.

Voici deux séries et trois films disponibles ce mois-ci.

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Tapie. Réalisation: Tristan Séguéla. France 2023. Série (drame biographique) en 7 épisodes. Sur Netflix.

TAPIE

Tapie version Netflix n’est pas un travail de «documentaliste» exactement sur du réel, mais bien une interprétation inspirée des vies de Bernard Tapie.

Tout à l’image de cet homme hors norme controversé, la série a provoqué la colère de Sophie, sa fille, et de Dominique, sa seconde épouse qui n’aurait pas été consultée. D’ailleurs, Bernard Tapie lui-même avait désapprouvé la série avant son décès en octobre 2021.

L’implacable Laurent Lafitte incarne Tapie à s’y méprendre avec sa coiffure typique, ses costumes plutôt ostentatoires de sa réussite et sa vitalité faite de pugilats verbaux et quelque peu physiques.

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Dans une entrevue, Laurent Lafitte se défend d’avoir joué le rôle à l’américaine du genre mimétisme ou copier-coller. C’était «une espèce d’infusion» entre ses lectures et l’idée qu’il s’était faite du personnage.

Avec l’escalade intense de Tapie vers les sommets de la fortune et ses chutes vertigineuses marquées par la prison, la série couvre une partie de l’histoire de France et de sa société.

Issu d’un milieu ouvrier, Tapie s’attire le mépris et la haine des classes dirigeantes lorsqu’il devient ministre de la Ville sous François Mitterrand.

Les affaires, la politique, le sport, la chanson, la télévision en tant qu’acteur et animateur, trempés dans le mensonge, l’exagération, la corruption, l’ambition dévorante rendent les sept épisodes de cette série passionnants.

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Les dettes colossales, les relations ouvriers-patronat, l’amour qui lie Tapie à sa famille et son épouse Dominique sont des enjeux complexes qui font vaciller entre fascination de sa réussite et désir de justice sociale.

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Les révoltés. Réalisation: Louis Choquette. Québec 2023. Série dramatique en 10 épisodes. Sur Club Illico.

LES RÉVOLTÉS

Éléonore St-Laurent, avocate de 28 ans, issue d’un milieu privilégié, est une idéaliste qui se bat pour redresser les injustices du système. Jacob Gravel-Duquette, journaliste d’enquête de 32 ans, talonne Éléonore dans son idéalisme.

Tous deux forment un duo dynamique humaniste. Ils partagent des moments intimes ce qui les rend plus authentiques.

La série originale du Club Illico, commencé le 21 septembre par la diffusion des deux premiers épisodes, se poursuit tous les jeudis jusqu’à atteindre les 10 épisodes pour la première saison.

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Les quatre premiers épisodes plongent d’emblée dans des cas angoissants. Rosena a fui Haïti pour se protéger de la maltraitance et des coups infligés par son mari. Au bout de deux ans à Montréal où elle s’est bien adaptée avec enfants et emploi, elle doit affronter la commission d’immigration pour obtenir son statut de résidence.

Mais les choses se compliquent et risquent de mal tourner. Éléonore reproche à Jacob d’avoir écrit un article compromettant. Jacob est aussi préoccupé par l’histoire de la jeune Maxim précipitamment revenue d’Australie pour constater que son beau-père est décédé d’une mort suspecte. Son enquête est ardue, avance et recule suivant les découvertes de faits et des témoignages.

Le réalisateur Louis Choquette (brillant directeur de la série Les Perles) donne du rythme et de la tension. L’alchimie entre Sarah-Jeanne Labrosse, l’avocate, et Pier-Luc Funk, le journaliste, est palpable.

Les «révoltés», ceux qui souffrent des absurdités institutionnelles, sont remarquablement interprétés par Ayana O’Shun (Rosena) et Marie-Ève Beauregard (Maxim), entre autres brillants acteurs.

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Belle-Fille. Réalisation: Mélanie Marcaggi. France 2020. Film (comédie) de 96 minutes. Sur Club Illico et Apple TV

BELLE-FILLE

Quand la mort, ou plutôt le mort, fait rire…

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Louise, se doutant que son mari la trompe, subtilise sa carte de crédit, ses billets d’avion pour la Corse, et occupe la chambre réservée par l’époux adultère.

Louise ne se prive de rien: elle passe une nuit d’enfer avec un inconnu, Florent, à faire la bringue avec drogue, alcool, sexe et saccage de la chambre d’hôtel.

Le lendemain, retour à la réalité: Louise se lève, secoue Florent pour le réveiller… Mais non, il est bien mort. Panique à bord!

Après un rangement précipité, Louise appelle la police, qui est sur le point de l’arrêter, quand Andréa, mère de Florent et d’Anto, l’inspecteur de police, la prend pour sa belle-fille. Elle ne veut plus la lâcher.

Comment Louise va s’en sortir sans faire de peine à cette mère éplorée en deuil?

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La Corse, pays d’origine de la réalisatrice, donne un éclairage particulier aux us et coutumes des protagonistes qui, malgré eux, sont un obstacle majeur pour Louise dans son élan de dire sa vérité.

Alexandra Lamy dans le rôle de Louise est solaire, pétillante et très drôle. La grande Miou-Miou tient son rôle avec dignité et une touche d’humour nuancé. Jonathan Zaccaï, alterne entre passivité neutre et émotions dans son regard intense.

Malentendus comiques, curiosité et goût des villageois pour le commérage, tout est fait pour passer un moment agréable dans cette île de beauté ensoleillée résonnante des beaux chants polyphoniques.

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Rodéo. Réalisation: Lola Quivoron. France 2022. Film (action) de 106 minutes. Gagnant du Prix coup de coeur d’Un Certain regard au festival de Cannes 2022. Sur MUBI.

RODÉO

Ce film vrombit. Il sent l’essence et la violence. Le monde trouble du cross bitume que connaît bien la réalisatrice Lola Quivoron, ensorcelle. Sa caméra s’aimante de la présence enragée de Julia à la fois guerrière et tendre, intrépide et vulnérable dans un univers macho.

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Son frère ne veut pas d’elle. Les membres du cross bitume ne veulent pas d’elle. Elle est battue, blessée, mais elle fait fusion avec la moto. Elle est «née avec une moto entre les jambes» clame-t-elle.

Elle va prouver à tous ces machos qu’elle sait y faire à voler les motos, les enfourcher, cheveux au vent avec audace, insolence et jouissance.

C’est Julia le scénario. «Voyoute» enflammée aventurière, elle nous brimbale à toute vitesse dans les méandres de sa vie. Elle dort dans le garage de la bande de voleurs de motos travaillant pour Domino, malfrat qui donne des ordres de sa geôle.

Ophélie s’oppose à Julia. C’est la femme de Domino. Son enfermement est émotif: Domino lui interdit de sortir de la maison où elle vit avec le petit Kylian, leur diable de fils.

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Une sorte d’amitié entre ces deux femmes se profile pour mieux sublimer le machisme du milieu de cross du bitume. La balade en moto conduite par Julia avec Ophélie et Kylian insuffle un vent de liberté et de tendresse dans son énergie enivrante.

Le premier long-métrage fracassant de Lola Quivoron révèle les talents d’une Julie Ledru fulgurante dans son rôle de «bikeuse en feu» (Le Monde).

À ne pas confondre avec l’autre film Rodéo, québécois, qui sera à l’affiche de Cinéfranco le mois prochain!

Rosie
Rosie. Réalisation: Gail Maurice. Canada 2022. Film (comédie dramatique) de 92 minutes. Sur Apple TV et Super Channel.

ROSIE

L’histoire de Rosie, enfant autochtone, est inspirée des expériences personnelles de la réalisatrice métisse Gail Maurice autour de la rafle des années 60 et de l’homosexualité.

Originaire de la Saskatchewan, elle a grandi en parlant anglais et métchif, d’où sa volonté de réaliser un film en français, anglais et cri.

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Montréal 1984. Rosie, qui vient de perdre sa maman, est larguée chez sa tante Frédérique (Fred) qu’elle n’a jamais vue ni connue. Fred galère dans sa vie instable et chaotique adoucie par Flo (Constant Bernard) et Mo (Alex Trahan), ses amies drags marginalisées.

Bien que Rosie soit une petite fille débrouillarde, intelligente et attachante, Fred essaie d’abord de s’en débarrasser jusqu’à ce que des liens affectifs forts fassent de Flo, Mo, Fred et Rosie une vraie famille.

Le film est habité par un mélange d’humour et de moments poignants comme la rencontre avec Jigger, l’autochtone qui vit dans la rue ou les états d’âme de Mo.

Le rôle de Rosie va comme un gant à Keris Hope Hill, débutante au cinéma. Sa façon de donner la réplique en anglais aux personnages qui lui parlent en français paraît tout à fait naturelle. Son jeu avec chacun des personnages révèle une actrice douée.

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Mélanie Bray (Fred) sait aussi jouer de la nuance des émotions avec une personnalité très expressive et touchante dans le film.

Bien que l’amour soit transcendant, le présent semble toujours porter les affres d’un passé où les thèmes LGBTQ et autochtones dérangent encore la société. Un superbe film!

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