2 séries et 3 films à voir sur Apple TV, Netflix, tou.tv, Unis, Tënk

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Apple TV, Disney, Club Illico et plusieurs autres.

Voici deux séries et trois films disponibles ce mois-ci.

BARDOT

Écrite et réalisée par la figure de proue du cinéma français Danièle Thompson, en tandem avec son fils Christopher, la série est basée sur des faits réels. C’est la biographie de Bardot… non pas Brigitte, trop familier… non pas BB, trop commercial… non pas Brigitte Bardot, trop compliqué… mais Bardot, un titre tranchant qui force à prendre ses distances.

Les 6 épisodes racontent les 10 ans de la montée foudroyante de Brigitte Bardot depuis son adolescence rebelle jusqu’au tournage du film La Vérité, de Henri-Georges Clouzot.

À l’encontre de son éducation prude, Brigitte, 15 ans, entre dans une relation sexuelle avec Roger Vadim, 21 ans, qu’elle épouse à sa majorité. Ensemble ils lancent Et Dieu créa la femme, la bombe qui va marquer l’histoire du cinéma français, propulser la carrière de Brigitte Bardot et surtout faire rage dans la société.

L’église se déchaîne: au recto d’une carte postale, le bien est représenté par une Sainte et le mal par Brigitte Bardot.

Les femmes jalousent, insultent BB qui fait fantasmer leurs hommes. Bardot, c’est la provocation.

Serait-elle la «précurseure» du mouvement BalanceTonPorc en prônant le mariage libre et, en affichant sa sexualité, le refus de se soumettre à la domination mâle?

Bardot est à la fois insupportable par ses caprices, son insolence, ses enfilades amoureuses, mais aussi remarquable et touchante par son audace. Julia de Nunez est bluffante, entourée d’une distribution d’acteurs impeccables comme Yvan Attal, Anne Le Ny, Victor Belmondo et tant d’autres…

À voir pour sa perspective féministe!

FURIES

Lyna s’apprête à fêter son anniversaire avec Élie, son amoureux policier, quand elle se rend chez ses parents qui l’attendent avec un gâteau d’anniversaire et 2 225 000 euros dans son compte en banque.

Au moment de souffler les bougies, le sang de son père gicle sur son visage. Le père de Lyna, le comptable des six familles de la pègre parisienne, vient d’être assassiné!

La Furie, gardienne de l’ordre et de la sécurité de l’Olympe, est soupçonnée du crime par Lyna qui veut se venger. Mais c’est sans compter la cruelle inspectrice de police Keita qui va emprisonner Lyna pour lui amener la Furie sur un plateau.

La Furie se sait traquée par Lyna qu’elle attire dans ses filets pour lui révéler des secrets de famille écrasants et assurer sa succession.

Série française numéro un dans le monde, les scènes d’action saisissantes et les labyrinthes d’intrigues captivent avec un suspense remarquable.

La mythologie (Furie, Parque, Damoclès) et le cadre magnifique parisien font rêver. Le foyer du Palais Garnier est le décor pour le QG de la mafia parisienne, lieu accessible par un passage secret qui se trouve, dans la série, la serre du jardin des Plantes. Le bâtiment du Crédit Lyonnais, boulevard des Italiens, est la toile de fond de la maison close. Et la Tour Effel se profile partout.

Marina Foïs en contre-emploi, Lina El-Arabi, Matthieu Kassovitz et tous les acteurs épatent.

Attention aux scènes violentes!

JULES AU PAYS D’ASHA

Un jour d’hiver de l’année 1940, un petit garçon, Jules emménage chez son oncle, maire d’un village au Nord du Québec. Bien qu’il fasse partie d’une fratrie de quatre enfants, il est remisé dans le vaste grenier de la maison.

Terrorisés par la maladie de peau de Jules, que le prêtre traite de «bras du démon» ou de «lépreux», les enfants l’ostracisent. Jules, dans sa chambre perchée, lit des ouvrages sur «les Indiens des Amériques».

Un jour, son chien Flagrant auquel il est très attaché, l’entraîne dans la forêt avoisinante où il rencontre une jeune autochtone Asha, de la Tribu des Renards comme la décrit son livre.

Une plume orange flottante, le souffle du vent, les grondements et paroles des arbres accompagnent la présence d’Asha qui, contrairement aux villageois, touche la peau de Jules, la compare à l’écorce des arbres forts et lui promet que sa mère peut le guérir. Mais elle ne sait pas où se trouve sa mère…

L’aventure alors commence dans les paysages magnifiques de l’Abitibi, avec des scènes de suspense, de découvertes de la méchanceté des Blancs qui veulent voler les terres des «Indiens».

Le dicton «la terre ne nous appartient pas, mais nous appartenons à la terre» rappelle la communion et le respect des Premières Nations pour la nature.

Le premier long métrage de Sophie Farkas Bolla conjugue l’innocence de deux enfants liés par une amitié sans jugement contre la dure réalité d’une colonisation dévastatrice.

Un film à ne pas manquer pour les grands et les petits!

Y A UNE ÉTOILE

«L’Acadie queer ça existe-tu?» Voilà une des questions que se pose Samuel LeBlanc, transgenre, au centre du film de Julien Cadieux. À cette interrogation se greffe celle de son identité francophone. Comment vivre pleinement et concilier cette double minorité?

Ce film hybride entre comédie musicale et documentaire s’inspire largement de l’oeuvre musicale des années 80 et 90 d’Angèle Arsenault, compositrice acadienne féministe de chansons qui traversent le temps sans vieillir.

Dès le début, on est pris par le rythme et la poésie de la chanson De temps en temps moi j’ai les bleus, joliment interprétée par Samuel LeBlanc, accompagné de Daphné McIntyre et Clémence Langlois avec qui il forme le trio Ecarlate.

C’est ainsi qu’Angèle Arsenault sert de vecteur dans le voyage de Samuel et de son trio dans les villages acadiens à la rencontre de personnes LGBTQ attachantes, qui chantent, dansent leurs histoires dans des costumes et maquillages fabuleux.

Leur mode d’expression musicale, loin d’être des têtes parlantes, opère une ouverture de l’esprit et du coeur chez le public conduisant à mieux apprécier les défis de leur vie.

«Le courage face à l’adversité et le désir de liberté», dans l’oeuvre d’Angèle Arsenault, fait souffler un vent de fraîcheur optimiste au film dont le titre s’inspire de la chanson Y a une étoile pour vous.

«À l’instar d’un peintre habile qui mélange soigneusement les couleurs qui donneront vie à sa toile, la combinaison de pièces musicales et d’esthétique documentaire de Cadieux s’inscrit parfaitement dans l’exploration de l’identité du film», selon POV, magazine canadien consacré au documentaire.

À voir absolument!

LA TRENTE-DEUXIÈME SAISON

Dans le cadre des festivals, la plate-forme Tënk a sélectionné des courts-métrages du Festival international du court métrage au Saguenay, REGARD, l’un des principaux festivals de films courts en Amérique du Nord né en 1995.

La Trente-deuxième saison gagne le prestigieux Grand Prix canadien au 27e festival REGARD à juste titre.

La caméra de Charles-Émile Lafrance s’avère magique: elle nous intègre dans le quotidien de Normand Tyler qui a perdu sa femme il y a 8 ans.

Tout au long du film, on se sent chez nous avec lui. Normand s’adresse à nous. Il se souvient d’Alexandra, de son intelligence, de sa présence.

Normand a des élans sincères et poignants commençant par «je (te) jure». Normand nous bouleverse et nous fait pleurer. Il nous interpelle aussi dans notre vie de couple à nous demander si son accoutumance affective, amoureuse sera la nôtre.

Continuerons-nous à respecter l’espace du ou de la défunt(e) comme Normand le fait dans le lit où il dormait avec Alexandra?

Les images figées et linéaires du lit de la chambre à coucher souvent éclatantes de lumière imposent une atmosphère de sérénité. Normand prend sa perte avec philosophie, se souvenant des moments heureux, mais cachant aussi sa solitude et sa tristesse.

Il boit du vin. La seule occasion où le réalisateur intervient c’est pour lui demander la quantité.

La lumière alterne avec l’ombre comme les états d’âme de Normand qui garde un bon rythme de vie en dansant sur une musique qu’il aime…

Très touchant!