Deux séries et trois films à voir sur tou.tv, MUBI, Kanopy

lakay nou, films et séries
Frédéric Pierre et Catherine Souffront dans Lakay Nou, une première série québécoise «noire».
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Publié 23/02/2024 par Festival Cinéfranco

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Crave, Apple TV, Disney, Club Illico et d’autres.

Voici deux séries et trois films disponibles ce mois-ci.

films et séries
Lakay Nou. Réalisation: Ricardo Trogi. Canada 2023. Série (comédie) de 10 épisodes d’environ 22 minutes. Sur Ici.tou.tv Extra, puis à la télévision en avril.

LAKAY NOU

Lakay Nou, «notre maison» en créole haïtien, est accueillante tant on rit. On s’amuse avec la grande famille sympathique du couple que forment Henri Honoré et l’avocate Myrlande Prospère avec leurs enfants et leurs parents.

Ces 10 épisodes d’environ 22 minutes rappellent les sitcoms américains comme Fresh Prince of Bel-Air où toute la distribution est portée par des acteurs noirs. C’est une première au Québec, diffusée par Ici.tou.tv.

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Les interrogations identitaires des Antillo canadiens («vous voulez dire des Noirs?») s’immiscent dans l’épisode 9 par exemple. Un journaliste n’y va pas de main morte en décrivant le restaurant d’Henri comme «une entreprise familiale dirigée par des personnes racisées, qui emploient principalement des gens racisés, pour une clientèle majoritairement racisée».

Mais le message du «Québec terre d’accueil formidable» est plus complexe. La nouvelle génération tente de se définir. «On est des Québécois haïtiens… des Canadiens français haïtiens… des Haïtiens américains du Nord français…» Les thèmes sont à la fois universels et propres la communauté.

Tout en voulant s’affirmer, les trois enfants connaissent les mêmes tribulations scolaires, universitaires ou sexuelles que tout un chacun. Leurs grands-parents rappellent les traditions et le passé avec tendresse, drôlerie, nostalgie.

Les dialogues sont bien écrits et truffés d’humour. Catherine Souffront (Myrlande) et Frédéric Pierre (Henri), également coauteurs de la série, entourés d’acteurs pleins de talents et de charisme, sont dirigés par Ricardo Trogi d’une main de maître.

À voir pour le plaisir.

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films et séries
L’amour (presque) parfait. Réalisation: Pascale Pouzadoux. France 2022. Série (comédie romantique) de 6 épisodes de 52 minutes. France TV à Ici.tou.tv Extra.

L’AMOUR (PRESQUE) PARFAIT

Julie/Jul rêve du grand amour. À 36 ans, elle se fait larguer pour la énième fois par Hervé, son patron et amant. Sans emploi ni argent comment va-t-elle pouvoir garder son appartement?

Qu’à cela ne tienne, le beau Stéphane a besoin de se loger. Il prétend être gai pour devenir son colocataire.

Max entre dans la vie de Jul par un message romantique qu’elle écoute, croyant qu’il lui était destiné alors qu’il s’adressait à une certaine Pauline. Aidée par ses proches et fidèles amies Ava et Manon, Jul se lance dans la grande séduction du beau Max, cardiologue, riche, sportif, les cheveux savamment grisonnants…

Vous voyez le genre stéréotypé de l’amant idéal, très bien joué par François Vincentelli.

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Pendant ce temps Stéphane, séduisant, hétéro à souhait, autre personnage stéréotypé bien incarné par Tom Leeb, se meurt pour conquérir le coeur de Jul. «Pour mentir, il faut être bien organisé. C’est un sport de combat. (…) Quand on trouve l’amour, il faut se battre.»

Un dialogue très original, n’est-ce pas? Une histoire prévisible? Bon, ce qui fait le charme de cette comédie sympathique ce sont les malentendus, les gaffes, les divergences de goûts.

Le jeu des comédiens s’accorde dans un rythme dynamique. Maud Baeker (Jul) est pétillante dans sa version du personnage Bridget Jones. Nadia Roz (Ava) et Isabelle Vitari (Manon) rieuses, remuantes, forment avec Jul un trio délirant de joie et d’émotions.

Une série légère dans un Paris de rêve.

films et séries
Saint Omer. Réalisation: Alice Diop. France 2022. Film (drame judiciaire) de 2h03. Sur MUBI.

SAINT OMER

S’inspirant de l’histoire vraie de Fabienne Kabou, accusée du meurtre de son bébé de 15 mois en 2013, Alice Diop construit un film entre documentaire et fiction. Elle reproduit le décor de la salle d’audience dans une salle voisine du tribunal et reste fidèle au texte des assises et des avocats.

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Rama, un personnage fictif attachant, assiste au procès de Laurence Colys / Fabienne Kabou et s’en trouve perturbée. Les propos de l’accusée la propulsent dans son passé où elle revit l’indifférence de sa mère.

Sénégalaise, enceinte d’un enfant conçu avec un homme blanc tout comme Laurence, Rama craint de ressembler à sa mère. Son angoisse se traduit par des pleurs, par la torpeur de son corps endormi ou par le visionnage en pleine nuit du film de Pasolini quand Médée (La Callas) tue son enfant.

La caméra de Claire Marthon cadre des visages immobiles, fixe une accusée qui reste un point d’interrogation, et fait abstraction d’images à la faveur de voix, le tout sur un fond sonore africain dérangeant.

Les plans de Saint Omer (rues désertes, toits alignés, ciel bleu) sur des airs de jazz et de musique classique, ajoutent de l’épaisseur à l’ambiguïté environnante.

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Les dialogues fascinent par leur teneur: des femmes tondues, «objets d’opprobre» à «la flétrissure passagère»; «les cellules chimériques», chaîne infinie de la trace «de nos mères et de nos filles»… Les interprètes sont impressionnantes de vérité et d’émotions.

Alice Diop a largement mérité toutes les récompenses qu’elle a récoltées.

films et séries
Sol. Réalisation: Jézabel Marques. France 2020. Film (comédie) de 98 minutes. Sur Kanopy avec carte de la bibliothèque de Toronto.

SOL

Solange devenue Sol (soleil en espagnol, tout un symbole en soi!) connaît gloire et célébrité comme chanteuse de tango à Buenos Aires. Après bien des années, elle revient à Paris pour connaître son petit-fils, Jo, fruit du mariage d’Eva avec Raphaël, fils unique de Sol, décédé.

En occupant la chambre à louer chez Eva, Sol va s’immiscer dans sa vie à son insu.

Le schéma opposant belle-mère et belle-fille commence à se dessiner dans l’humour, la mélancolie et la tendresse. Il va même prendre des allures de la fable La cigale et la fourmi, Eva incarnant la travailleuse et maman psychorigide.

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Sol au double jeu ment à Eva en prétendant l’aider et faire preuve d’un présumé ascétisme, alors qu’elle passe son temps dans un hôtel de luxe et avec Jacques dans sa boîte de tango.

Eva désapprouve Sol dans sa façon de traiter son fils, un gamin plein de verve.

Mais le plus touchant c’est la tendresse de Sol envers Jo. Elle l’initie à la guitare à l’image de Raphaël, lui-même joueur de guitare prodigieux. Ses apparitions fantomatiques sont très émouvantes.

Chantal Lauby porte le premier long métrage de Jézabel Marquez avec charisme, tendresse et humour. Camille Chamoux incarne bien cette veuve blessée qui va, petit à petit, s’ouvrir à la vie.

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La musique composée par Laurent Perez Del Mar cristallise «la douceur et la gravité, tout en gardant de la légèreté», selon Jézabel Marques.

Un moment agréable à passer.

films et séries
Gérard Depardieu: la chute de l’ogre, un épisode de l’émission Complément d’enquête à la chaîne France 2. Réalisation: Damien Fleurette. France 2023. Film documentaire de 53 minutes. Sur Ici.tou.tv.

GÉRARD DEPARDIEU: LA CHUTE DE L’OGRE

Depuis la mise au pilori de Gérard Depardieu pour viols et agressions sexuelles, le cinéma français connaît une vraie hécatombe. C’est au tour des illustres réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon de subir l’opprobre des accusations de leur actrice fétiche adolescente à l’époque, Judith Godrèche.

Hélène Darras, comédienne accusant Gérard Depardieu de viol, relate comment l’acteur la regardait comme «si j’étais un morceau de viande». Il sentait l’alcool, et son comportement était ingérable.

Mais comment expliquer cette loi du silence, cette omerta? «Il fallait admirer l’artiste et pardonner à l’homme.» C’est une vieille pratique!

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Par exemple, dans la littérature, les dépravations sexuelles de Baudelaire ne l’ont pas empêché d’être apprécié. Woody Allen, entre «célébration artistique et dégradation de sa réputation» pour agressions sexuelles, continue de tourner en Europe.

Le cas Gérard Depardieu dérange les chaînes de télévision qui, sauf France TV, tournent le dos à ses films.

L’émission Complément d’enquête regarde à la loupe les six jours de tournage de Yan Moix et les 18h d’images pour révéler les propos obscènes, immondes d’un Gérard Depardieu délesté. «Prends la photo pendant que je touche le cul» ou «sa petite moule qui doit être bien touffue bien poilue» sont ses remarques les moins «graveleuses».

Le documentaire veut valider la voix des femmes victimes dont les témoignages poignants contrastent avec ceux d’Elisabeth, l’ex-femme de Depardieu, ou la gêne d’un Gérard Jugnot évasif.

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Visionner ce documentaire, c’est comme recevoir un seau de fiente en pleine figure de la part de Depardieu, avec la satisfaction que «le monstre autrefois sacré est maintenant traqué».

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