Yvano au Québec de Gaby des Groseilliers

Un vrai méli-mélo littéraire

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Publié 02/05/2006 par Mireille Desjarlais-Heynneman

Yvano au Québec est le deuxième roman d’une trilogie dont le premier, La Vengeance d’Yvano, n’a pas encore été publié, et dont le dernier est à paraître. L’auteure résume habilement dès les premières pages le contenu du premier volet.

Le Polonais Yvano a eu une enfance malheureuse puis, pendant la Deuxième Grande Guerre, sa famille et tout son village ont été anéantis par les Nazis. C’est un homme ambitieux et retors qui se sert avec cruauté de sa belle apparence et de son intelligence pour parvenir à ses fins. Il a épousé l’infirmière qui l’a soigné avec dévouement pendant un coma dû à une blessure de guerre.

La riche famille allemande de cette dernière n’accepte pas Yvano. Celui-ci n’a pris Magdelena pour femme que pour se venger des Allemands. Il lui fait croire qu’il part pour l’Australie.

Dans ce deuxième roman, nous retrouvons Yvano, devenu Yvan et se disant célibataire, émigré dans une ville minière du nord du Québec. Trahissant ses compagnons, comme il l’avait fait pendant la guerre pour se protéger, Yvan s’est servi de ses talents de manipulateur pour se faire bien voir des patrons et devenir contremaître.

Pour s’introduire dans la société de cette ville, il a séduit une jeune fille naïve, Maya, à qui il promet le mariage lorsqu’il sera citoyen canadien. Devenue enceinte, elle refuse cependant son ordre de se faire avorter. Le patron de Maya et son épouse, de vieux juifs sages et compatissants, trouvent gîte et emploi pour Maya à Montréal où son enfant naît et est mis en adoption, comme la société du temps le voulait.

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Maya ne sera donc pas déshonorée: ni sa mère, femme extrêmement égoïste et superficielle, ni les citoyens de sa ville, ne sauront que Maya a été mère d’un enfant illégitime!

Sur ces entrefaites, survient l’épouse d’Yvan retrouvé pour elle par la Croix-Rouge. Magdelena s’aperçoit que ce mari qui semblait tant l’aimer en Allemagne ne fait maintenant que la maltraiter, mais son père, toujours furieux de ce mariage, refuse de lui payer son passage de retour en Allemagne.

Surviennent des rebondissements plutôt bien menés. Un accident tragique dans la mine rend Yvan impuissant, à son grand désespoir. Il découvre qu’il a un fils dans une crèche à Québec et, à l’insu de Maya, réussit à l’adopter par ruses et mensonges.

Dans un de ses moments de soûlerie intense, il tuera Magdelena, et camouflera habilement son crime. Il finira par épouser Maya, qui n’accepte ce mariage qu’afin de pouvoir élever son propre fils que tous croient être un bébé inconnu généreusement adopté par Yvan.

Il est évident que le prochain roman devra résoudre ce drame d’une façon ou d’une autre, car la vie avec le machiavélique Yvan sera sans doute un supplice pour Maya. Que deviendra leur relation avec leur enfant? La mort de Magdelena sera-t-elle élucidée un jour?

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L’auteure nous fait découvrir la vie d’une population de ville minière. Elle décrit aussi, dans les années suivant immédiatement la guerre 39-45, cette société fermée qu’on retrouvait alors dans tant de milieux québécois, dirigés par un clergé tout-puissant sur ses ouailles.

L’écriture de plusieurs des premiers chapitres m’a agacée par des répétitions inutiles. Cette partie aurait dû être resserrée. À partir du chapitre 17, le roman devient plus captivant. Même si, à un moment, Maya semble, peu plausiblement, deviner trop de choses, la lecture en est intéressante jusqu’à la fin. Assez intéressante pour que j’espère en lire la suite dans le troisième volet!

Quelques fautes de frappe, une ligne qui se répète, proviennent évidemment d’un imprimeur trop pressé. Quelques erreurs grammaticales ici et là laissent croire que l’auteure n’a pu lire les épreuves, car par ailleurs elle écrit correctement et possède un bon vocabulaire.

Il faut dire ici que Gaby des Groseilliers a le mérite d’avoir fait publier ce roman à compte d’auteur, tout comme la demi-douzaine de ses oeuvres diverses, nouvelles, biographie, contes, poésie.

De ses contes pour enfants, j’ai lu La Petite poule rouge, que j’ai beaucoup aimé: il est bien fait et intéressant, et joliment illustré par Annie Boutin.

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Gaby des Groseilliers est née à Moonbeam, en Ontario. Elle a fait des études pédagogiques au ni–veau du doctorat à l’Université d’Ottawa et a exercé sa carrière d’enseignante en Ontario, au Québec et en Afrique.

Yvano au Québec, par Gaby des Groseilliers, 2004, 380 p., Tenviela, C.P. 34, Arntfield, Québec, $25 (envoi compris).

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