On devra vivre avec la covid? Probablement

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Le SRAS-CoV-2 (les bulles bleues) entourant une cellule cultivée en labo, tel que vu au microscope électronique. Photo: NIH Image Gallery
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Publié 17/10/2021 par Catherine Crépeau

«Il faudra vivre avec le virus» de la covid, préviennent depuis longtemps des experts. La phrase est reprise à l’occasion par des élus, en dépit de la progression encourageante du taux de vaccination. Alors, disparaîtra ou disparaîtra pas, ce virus?

Éradication ou élimination de la covid?

Faire complètement disparaître le SRAS-CoV-2 serait un grand soulagement pour plusieurs… Mais il y a peu de chances que cela arrive. À travers l’histoire, un seul virus a été complètement éradiqué: la variole.

Le dernier «représentant» du virus de la variole a été observé en 1977. Un programme de vaccination mondial avait été entrepris dans les années 1960.

Et comme le virus ne circulait que chez l’homme, il n’avait pas de réservoir animal. La maladie n’existe plus.

Le SRAS éliminé… chez les humains

On est aussi parvenu à arrêter la transmission humaine du SRAS-CoV-1, à l’origine de l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) entre 2002 et 2004.

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Ce proche parent du SRAS-CoV-2 avait fait le saut chez l’humain en 2002. Il a infecté près de 8000 personnes et en a tué près de 800. Sa disparition reste toutefois mystérieuse… Il demeure possible qu’il circule encore chez les animaux.

C’est la raison pour laquelle on parle d’élimination et non d’éradication.

Stratégie «zéro covid» utopique

Le coronavirus qui cause la CoViD-19, ou SRAS-CoV-2, est différent du SRAS-COV-1, même s’il en est un proche parent, selon une étude publiée l’an dernier dans The Lancet.

Les stratégies employées depuis son apparition en décembre 2019 — des mesures sanitaires jusqu’à la vaccination — visent son élimination plutôt que son éradication.

Plusieurs pays se sont employés à réduire au maximum le nombre de cas, la Nouvelle-Zélande ayant même visé une stratégie «zéro covid», qu’elle n’a abandonnée que tout récemment.

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La covid comme la rougeole

Mais compte tenu de la lenteur à vacciner la majorité des pays du monde, il est impensable d’imaginer son éradication, du moins à court et moyen terme.

Des défenseurs de la stratégie d’élimination croient donc qu’on devrait considérer la covid comme la rougeole, qui a été largement éliminée, même si elle continue de circuler et de provoquer des éclosions ici et là.

Le virus deviendra endémique

Cette stratégie d’élimination nécessite, comme on l’a vu depuis un an et demi, beaucoup de restrictions sanitaires —confinements, contraintes aux voyages, etc. — et entraîne d’énormes coûts économiques et sociaux.

Par contre, lorsque suffisamment de personnes auront acquis une certaine immunité, via une infection ou la vaccination, beaucoup de scientifiques s’attendent à ce que le virus devienne «endémique».

Cela signifie qu’il ne disparaîtra probablement pas… Mais qu’il y aura moins d’hospitalisations et moins de décès dus à la covid.

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Les variants de la covid compliquent les prédictions

La comparaison avec la rougeole a toutefois ses limites. On peut certes espérer que les vaccins suffiront à éliminer la covid comme ils l’ont fait pour la rougeole… Mais c’est mal connaître le virus auquel on a affaire.

La rougeole est un virus stable qui ne change pas lorsqu’il se multiplie pour infecter plus de gens. Au contraire, avec le SRAS-CoV2, on a vu apparaître, depuis un an et demi, plusieurs variants, certains plus virulents que la souche originale.

Jusqu’à quel point ces variants permettent-ils d’échapper en partie aux anticorps, on n’en est pas encore sûr.

Les vaccins anti-grippe moins efficaces

On sait toutefois que les coronavirus, comme le SRAS-CoV-2, changent quatre fois moins rapidement que la grippe. Les vaccins devraient donc conserver une relative efficacité.

Et s’il s’avérait que les vaccins doivent être mis à jour, on peut s’attendre à ce que les chercheurs aient la tâche plus facile qu’avec la grippe, pour qui il existe de nombreuses souches différentes.

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Dans tous les cas, les études semblent bel et bien indiquer que le virus développe un certain degré de résistance. Cela pourrait lui permettre de continuer de circuler… Même après qu’on aura atteint une éventuelle immunité collective, par la vaccination ou par l’infection.

La grosse différence par rapport à la situation des deux dernières années serait que le SRAS-CoV-2 ne pourrait plus infecter autant de personnes ou se répliquer autant de fois chez chaque personne qu’il infecte. Par conséquent, les chances de voir apparaître de nouveaux variants seraient considérablement réduites.

Un coronavirus comme les autres?

Quatre coronavirus (HCoV-OC43, HCoV-229E, HCoV-NL63 et HCoV-HKU 1) sont responsables d’infections respiratoires fréquentes et souvent bénignes, ainsi que de 10 à 15% des cas de rhume.

Les réinfections par ces quatre coronavirus courants sont probablement dues à l’évolution des virus, de nouvelles mutations leur permettant à l’occasion de déjouer nos défenses immunitaires.

Si l’immunité au SRAS-CoV-2 devait diminuer comme elle le fait avec ces coronavirus, alors le SRAS-CoV2 continuerait de provoquer des réinfections. Dans un scénario optimiste, la covid pourrait se transformer en un rhume récurrent et en grande partie banal.

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Maladie récurrente banale

De plus, au cours des 20 dernières années, trois nouveaux coronavirus d’origine zoonotique ont émergé: Sars-CoV-1, Mers-CoV, et Sars-CoV-2. Les deux premiers semblent avoir été «éliminés».

Là encore, dans un scénario très optimiste, le SRAS-CoV-2 pourrait subir le même sort. Mais ses deux prédécesseurs étaient moins contagieux. Et ils n’avaient pas cette capacité qu’a le SRAS-CoV2 à se fixer sur nos cellules.

Une répétition de ce scénario optimiste semble donc moins probable.

Auteur

  • Catherine Crépeau

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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