Ville durable: à la rencontre du Bordeaux nouveau

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Publié 16/10/2007 par Charles-Antoine Rouyer

La ville de Bordeaux vient d’entrer cet été dans le patrimoine mondial de l’UNESCO au titre d’Ensemble urbain exceptionnel. L’ampleur du secteur concerné est unique au monde (1 810 hectares, soit près de la moitié de la ville) et n’a d’égal que sa diversité: le centre historique, dont un kilomètre de façade homogène du XVIIIe sur les quais, un quartier d’immeubles modernes, des chapelets de petites maisons ouvrières, les «échoppes», et la grande ceinture routière des boulevards.

Cette distinction couronne un plan urbain dans cette ville moyenne de 231 000 habitants (660 000 avec la communauté urbaine): centré autour de la construction d’un tramway ultramoderne, la ville a restauré son centre historique et s’est ouverte au fleuve, la Garonne, en réaménageant les quais de l’ancien port.

Bordeaux «la Belle endormie» comme on la surnomme là-bas, semble se réveiller et s’épousseter, en ravalant d’innombrables façades noircies par le temps et la pollution, pour redevenir la ville blonde, construite en pierre calcaire.

Les touristes semblent avoir répondu à ce Bordeaux nouveau. Les visites guidées ont affiché une hausse de 75 % entre juillet 2006 et 2007. La nouvelle visite Bordeaux UNESCO, grand survol de deux heures en soirée a été dédoublée début août.

Les Bordelais semblent aussi redécouvrir leur ville. Il faut les voir se prélasser aux nombreuses terrasses des cafés, sur les espaces piétonniers gagnés lors de l’implantation du tramway. Ou jouer les pieds nus dans le miroir d’eau aménagé sur les quais pour refléter la majestueuse Place de la Bourse.

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Unité architecturale néo-classique

La Bourse et son immense façade en arc de cercle, très «versaillaise», en pierre blonde coiffée d’un ruban d’ardoises bleu marine, abrite une place de 4600 m2. Le soir, elle est somptueusement mise en valeur par le plan Lumière et scintille dans le film de deux centimètres du miroir d’eau.

Construite par l’Intendant Tourny (entre 1730 et 1750) pour servir d’écrin de pierre à la future Place de la Bourse (la place Royale à l’origine inaugurée en 1755), la façade de Tourny viendra masquer les maisons médiévales reconstruites par la suite (le Vieux Bordeaux actuel). Ces travaux amorcent un essor architectural qui coïncide avec l’âge d’or de Bordeaux (1770-1789).

C’est en grande partie à ce Bordeaux du XVIIIe siècle et l’unité architecturale classique et néoclassique sur près de deux cents ans (1730-1930) qui a valu à la ville de rentrer dans le club très «select» de l’UNESCO.

La visite Bordeaux UNESCO fait donc la part belle à l’Intendant Tourny, l’artisan du Bordeaux néo-classique – qui aurait inspiré le siècle suivant, le préfet de la Gironde (le département autour de Bordeaux) débauché par Napoléon III pour refaçonner Paris: un certain baron Haussmann…

Le Vieux Bordeaux

Une visite guidée du Vieux Bordeaux en matinée sera un bon complément à la visite UNESCO, qui commence par le quartier Saint Pierre, le premier à avoir été restauré et aujourd’hui très en vogue mais en cours de «gentrification».

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Au fil des noms des rues, c’est toute l’histoire de la ville qui remonte à la surface, à fleur de pierre : en bordure du port, la rue des Chais-des-farines (les chais étant de vastes entrepôts habituellement destinés aux barriques de vin), la rue des Argentiers, qui accueillait les orfèvres; la rue de la Vache, la plus étroite de la ville évoquant le marché aux bestiaux non loin.

La visite guidée se termine à l’exposition Bordeaux Monumental, un petit survol très réussi de l’évolution de la ville gallo-romaine jusqu’à nos jours.

Mais une visite du Vieux Bordeaux ne serait pas complète sans passer dans le second quartier, Saint Michel: l’autre Bordeaux, au quotidien, multiculturel et d’avant les travaux.

Au cœur du village dans la ville, la place de l’église Saint Michel s’étale en grand (son immense clocher détaché se visite pour une vue imprenable sur l’arrondi du fleuve en croissant de lune, qui donna à Bordeaux son surnom du Port de la Lune).

Les matins de marché (le samedi), la place grouille de monde. Après un déjeuner sur la place, cap sur les quais à deux pas pour longer la «façade Tourny», le kilomètre uniforme de sobres maisons jumelées en pierre, de trois étages avec mansardes en ardoise.

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À l’autre bout des quais, trois hangars réhabilités accueillent divers commerces, dont des cafés où profiter de la vue et simplement regarder passer les badauds du dimanche, qui découvrent leur nouvelle ville, comme des touristes.

Et si ce renouveau urbain de Bordeaux pouvait faire figurer la ville sur une autre liste non moins honorable que celle de l’UNESCO – et ô combien déterminante pour ce même patrimoine mondial de l’humanité: la liste des futures villes durables au volet transport – en espérant qu’au volet humain, derrière ces belles façades, la «biodiversité» des habitants de tous horizons soit également représentée.

Note: Pour une version allongée de ce reportage, un second article sur le réaménagement de Bordeaux ainsi qu’un diaporama de photos et deux petites vidéos sur les quais de Bordeaux, consulter le site de Charles-Antoine Rouyer: carouyer.net. Ce reportage a été réalisé avec la participation d’Air Transat, de raileurope.com et de l’Office de tourisme de Bordeaux.

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