Le vieillissement, c’est la décrépitude annoncée, la honte programmée, le CHSLD, la mort imprévisible. Voilà ce qu’Élizabeth craint le plus dans Marie-moi, Peter Pan, roman de Laviolette. On ne donne pas de prénom, mais la photo en quatrième de couverture montre une jeune femme.
Laviolette décrit le parcours d’une personne qui ne sait pas comment vieillir, « comment faire pour saisir l’impermanence de son existence ». L’autrice peint avec les épluchures de son cœur. Tout le roman porte sur la difficulté d’apprivoiser le dépérissement.
On ne se rend pas compte qu’on va vieillir
« La plupart des gens se rendent pas compte qu’ils vont vieillir, pis être malades, pis en chaise roulante, pis morts. Ils vivent dans une bulle de joie innocente, entre aveuglement volontaire, déni pis ignorance réelle. Ils vont leur chemin sans inquiétude en sachant pas que la marde va leur tomber dans la face à un moment donné. »
Cet extrait résume grossièrement la trame romanesque et donne une idée du style de l’autrice. On a souvent droit à un style oral, à de l’oréalité, dont voici un exemple : « Mais était pas comme ça… faut faire ça comme a voulait. »
Le personnage principal, Élizabeth Leblanc, souffre de la maladie de la Boule à Neige, communément appelée le BAN. C’est neurologique, dégénératif et incurable. Elle sait d’avance ce qui l’attend et elle n’a pas le goût d’être handicapée, de vieillir, pis de mourir. Alors son mot d’ordre devient : « Respire. Respire. Pense à rien. »