Van Gogh de près

Au Musée des beaux-arts du Canada

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Publié 29/05/2012 par Gabriel Racle

Van Gogh. De près, c’est le titre de l’exposition que présente le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, du 25 mai au 3 septembre de cette année. Et cette exposition est exceptionnelle par la personnalité et le talent de l’artiste, et parce qu’elle est unique au Canada.

C’est la première exposition de cette importance au Canada depuis plus de 25 ans.

Les grandes expositions offrent l’avantage de voir des œuvres difficilement accessibles, car disséminées dans divers musées du monde, ainsi que la possibilité d’en acquérir les catalogues, qui sont souvent des œuvres d’art. Et c’est le cas de celle-ci.

Elle rassemble 47 tableaux de Van Gogh provenant de collections publiques et privées de par le monde: le musée Kröller-Müller des Pays-Bas, qui possède la deuxième collection mondiale de tableaux de Vincent van Gogh, et le Musée van Gogh d’Amsterdam, qui détient un nombre impressionnant d’œuvres de l’artiste sont notamment de la partie.

Œuvres et inspiration

D’autres musées les accompagnent. Et il ne faudrait pas oublier que le Musée des beaux-arts du Canada possède trois tableaux de Van Gogh, deux de zinnias et fleurs et de superbes Iris, datant de 1869.

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Ce tableau, acheté en 1954, présente un plan rapproché d’une touffe d’iris. Ce tableau, commencé sans doute à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence, où van Gogh s’était rendu volontairement, sera terminé à Arles.

D’autres pièces sont présentées: une sélection de gravures sur bois japonaises, de photographies du XIXe siècle et d’œuvres sur papier du XVIe siècle au XIXe siècle d’autres artistes, dans lesquelles Van Gogh a puisé son inspiration.

L’art japonais l’avait séduit et il collectionnait des estampes. Le tableau Iris est marqué par cette influence japonaise. «Tout mon art, écrivait-il à son frère, est un peu basé sur la japonaiserie» et sur Monticelli dont je continue son œuvre, ici, comme si j’étais son fils ou son frère…» (Lettre à sa sœur, août 1888)

L’artiste

Arivé à Paris de sa Hollande natale, en 1886, Van Gogh découvre un nouvel art de peindre, des impressionnistes et des néo-impressionnistes, qui pour lui «ne sont pas une fin en soi» et surtout celui d’un peintre qui le séduit, Adolphe Monticelli (1824-1886), un peintre marseillais, ami de Cézanne, qui se lance dans une recherche pure de la couleur et une stylisation des formes.

«Monticelli… nous donne quelque chose de passionné et d’éternel: une couleur riche, la richesse du soleil du glorieux Midi, à la façon d’un vrai coloriste que l’on peut mettre en parallèle avec la conception du Midi qui est celle de Delacroix», écrit-il le 21 août 1888.

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Van Gogh voyait en Monticelli un maître. «Monticelli prenait quelquefois un bouquet de fleurs pour motif de rassembler sur un seul panneau toute la gamme de ses tons les plus riches et les plus colorés», écrit-il à son frère en 188.

Il n’est donc pas étonnant que, très vite, il renonce aux teintes sombres de ses premières œuvres néerlandaises, éclaircisse sa palette et modernise sa touche, pour se concentrer sur le sujet. Son tableau Le Mûrier, de 1889, en est une belle illustration.

En 1888, encore à Arles, il écrit: «Si on étudie l’art japonais alors on voit un homme incontestablement sage et philosophe et intelligent qui passe son temps – à quoi – à étudier la distance de la Terre à la Lune […] – non, il étudie un seul brin d’herbe. Mais ce brin d’herbe lui porte à dessiner toutes les plantes…»

«Les vergers en fleur peints dans les premiers temps de son séjour à Arles conservent dans leur subtile légèreté le souvenir des estampes japonaises», mais d’autres études sont comme il l’écrit «d’une seule couche de pâte à la Monticelli», indique la critique d’art Marie-Paule Vial.

L’art de près

C’est en ayant ces références à l’esprit que le visiteur de l’exposition pourra examiner les œuvres qui lui sont présentées, en jouant sur le sens de l’expression: l’accent mis sur la nature et sur les plans rapprochés de van Gogh, et l’occasion donnée au visiteur d’examiner ces tableaux, certains normalement inaccessibles, et d’y retrouver l’esquisse japonaise et la touche de Monticelli qui peint en pleines couleurs.

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Van Gogh réalise une synthèse complexe et difficile entre le japonisme, la recherche d’une couleur symbolique et suggestive comme «Delacroix et Monticelli l’on fait» (lettre du 17 septembre 1888), et le but qu’il s’est fixé de «dépasser la seule représentation pour peindre ce qu’il ressent et non pas seulement ce qu’il voit» (M.-P. Vial).

Le catalogue

L’on pourra prolonger cette découverte avec le catalogue grand format qui accompagne l’exposition. La version française brochée compte 290 pages, 200 illustrations en couleur, et des essais rédigés par des spécialistes de l’artiste. Cette publication analyse son approche du plan rapproché et la façon dont il représente la nature.

Une occasion unique et remarquable de voir de près des œuvres de van Gogh au Canada.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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