Van Gogh à l’honneur 
en Europe

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Publié 14/07/2009 par Gabriel Racle

Les grandes expositions offrent l’avantage de voir des œuvres difficilement accessibles car disséminées dans divers musées du monde, la possibilité d’en acquérir les catalogues, qui sont souvent des œuvres d’art. En plus de la reproduction de grande qualité des tableaux présentés, que l’on peut donc contempler ou revoir à loisir chez soi, même si l’on n’éprouve pas une émotion semblable à la vue de l’original, des textes explicatifs et instructifs rédigés par des spécialistes accompagnent ces illustrations. C’est le cas de ces deux catalogues consacrés à Van Gogh, qui nous apportent d’intéressantes lumières sur ce grand maître de la peinture moderne.

Van Gogh et Monticelli

C’est le catalogue d’une exposition présentée au début de l’année à Marseille: Van Goh-Monticelli, RNM, relié, 185 p., 150 illustrations. Adolphe Monticelli (1824-1886) est un peintre marseillais qui, dans la deuxième partie de sa carrière picturale, se lance dans une recherche pure de la couleur et une stylisation des formes, une voie que suivra l’expressionnisme au début du XXe siècle, mais qui est incomprise à son époque.

«Moi, je peins pour dans cinquante ans, disait-il. Il faudra ce temps là pour qu’on apprenne à voir ma peinture.» Son sens de la couleur, de la matière même de la peinture, et sa totale liberté étaient alors considérés par ses concitoyens comme une totale décadence.

Et pourtant

Un critique dira de lui: «C’est un coloriste comparable à Turner», le «peintre de la lumière», ce qui explique peut-être le succès de Monticelli en Angleterre et aux États-Unis (exposition de Chicago, 1993), alors qu’il reste méconnu en France. Pour l’historien d’art J.-R. Soubiran: «Avant Gauguin, avant les fauves, Monticelli a instauré l’arbitraire de la couleur subjective.» Ce qui expliquerait son amitié avec Cézanne, ils peignent ensemble, et l’exaltation de Van Gogh lorsqu’il découvre sa peinture.

Être Monticelli ou rien…

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«C’est ce qu’aurait pu dire Van Gogh», lorsqu’arrivé à Paris de sa Hollande natale, en 1886, il découvre l’œuvre du peintre provençal. «Monticelli… nous donne quelque chose de passionné et d’éternel: une couleur riche, la richesse du soleil du glorieux Midi, à la façon d’un vrai coloriste que l’on peut mettre en parallèle avec la conception du Midi qui est celle de Delacroix», écrit-il le 21 août 1888. Et l’on comprend ce qu’il dira plus tard: «Je suis sûr que je continue son œuvre, ici, comme si j’étais son fils ou son frère…»

Le catalogue de cette exposition, qui met en lumière un aspect peu connu de la vie de Van Gogh, montre à l’évidence l’influence de Monticelli sur l’œuvre de Van Gogh, en juxtaposant les tableaux de l’un et de l’autre. C’est donc un ouvrage capital que les amateurs de peinture moderne et les admirateurs du célèbre maître hollandais ne manqueront pas de se procurer, car il ouvre une page nouvelle dans l’histoire de l’art, avec le rapprochement de ces deux peintres, expliqué par des textes et illustré par leurs œuvres.

Entre terre et ciel

Le Kunstmuseum de Bâle, en Suisse, présente jusqu’au 27 septembre une superbe exposition intitulée: Vincent Van Gogh. Entre terre et ciel. Les paysages. C’est aussi le titre de la version française d’un magnifique catalogue grand format, Stuttgart, Éditions Hatje Cantz, 24,8×29, 5 cm, 315 p., 187 illustrations.

Cette rétrospective consacrée aux paysages de Vincent van Gogh comprend 70 tableaux, tant des œuvres de premier plan mondialement célèbres que des toiles peu connues du grand public. Ils sont complétés par 40 chefs d’œuvre contemporains qui appartiennent à la collection du Kunstmuseum et servent de cadre à l’approche révolutionnaire de la peinture des paysages qui est propre à Van Gogh. L’exposition comprend des œuvres de Van Gogh prêtées par des collections privées et des musées d’Europe, d’Amérique et d’Asie, dont certaines n’ont encore jamais été exposées à un vaste public.

Influence du Midi

«A Paris, les tons ocres de ses œuvres de jeunesse hollandaises ont peu à peu laissé place à une palette plus claire et plus vive. Dans le Midi finalement, Van Gogh a adopté sa palette lumineuse et ses vigoureux coups de pinceau qui rendent son art si fascinant.» Certes, mais ce que ne dit pas cette critique, c’est l’influence exercée par Monticelli sur le peintre et l’intérêt de lire en parallèle ces deux catalogues.

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Si Théo Van Gogh collectionnait les paysages de son frère (titre d’un chapitre du catalogue), il collectionnait bien avant les tableaux de Monticelli. Par ses textes (Les paysages, L’œil et l’émotion, La poésie des champs et des bois, Ruisdael en Provence, biographie, notes) et ses reproductions (en couleurs et en pleine page), le superbe ouvrage des éditions Hatje Cantz prendra place près du précédent dans toute bibliothèque d’art, particulière ou publique, tant il est passionnant de mieux connaître encore Van Gogh et son art.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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