Les grandes expositions offrent l’avantage de voir des œuvres difficilement accessibles car disséminées dans divers musées du monde, la possibilité d’en acquérir les catalogues, qui sont souvent des œuvres d’art. En plus de la reproduction de grande qualité des tableaux présentés, que l’on peut donc contempler ou revoir à loisir chez soi, même si l’on n’éprouve pas une émotion semblable à la vue de l’original, des textes explicatifs et instructifs rédigés par des spécialistes accompagnent ces illustrations. C’est le cas de ces deux catalogues consacrés à Van Gogh, qui nous apportent d’intéressantes lumières sur ce grand maître de la peinture moderne.
Van Gogh et Monticelli
C’est le catalogue d’une exposition présentée au début de l’année à Marseille: Van Goh-Monticelli, RNM, relié, 185 p., 150 illustrations. Adolphe Monticelli (1824-1886) est un peintre marseillais qui, dans la deuxième partie de sa carrière picturale, se lance dans une recherche pure de la couleur et une stylisation des formes, une voie que suivra l’expressionnisme au début du XXe siècle, mais qui est incomprise à son époque.
«Moi, je peins pour dans cinquante ans, disait-il. Il faudra ce temps là pour qu’on apprenne à voir ma peinture.» Son sens de la couleur, de la matière même de la peinture, et sa totale liberté étaient alors considérés par ses concitoyens comme une totale décadence.
Et pourtant
Un critique dira de lui: «C’est un coloriste comparable à Turner», le «peintre de la lumière», ce qui explique peut-être le succès de Monticelli en Angleterre et aux États-Unis (exposition de Chicago, 1993), alors qu’il reste méconnu en France. Pour l’historien d’art J.-R. Soubiran: «Avant Gauguin, avant les fauves, Monticelli a instauré l’arbitraire de la couleur subjective.» Ce qui expliquerait son amitié avec Cézanne, ils peignent ensemble, et l’exaltation de Van Gogh lorsqu’il découvre sa peinture.
Être Monticelli ou rien…