Une journée dans la peau de nos ados

Les Zinspirés au TfT le 30 novembre et le 5 décembre

Les Zinspirés l'âge de raison
Les jeunes auteures: Errine Jean Charles, Abigail Morin, Olivia Cyr, Mariam Guira et Cathlin J. Han (Photo: Théâtre français de Toronto).
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Publié 28/11/2018 par Claire Gillet

C’est la septième saison des Zinspirés. Sept comme L’âge de raison. «J’ai trouvé que les cinq contes que l’on a retenus sont emprunts d’une réelle maturité, d’une conscientisation de l’être», rapporte Chanda Gibson.

Après avoir obtenu le prix Dora l’année dernière, la metteuse en scène signe son dernier spectacle au Théâtre français de Toronto, qui produit annuellement ce spectacle composé de pièces écrites par des jeunes de la région du Grand Toronto.

Les deux rendez-vous grand public sont le 30 novembre et le 5 décembre au théâtre Berkeley.

Réflexions intimes

Les Zinspirés l'âge de raison
La metteuse en scène Chanda Gibson.

Les thèmes retenus sont principalement des réflexions intérieures que partagent les jeunes.

«Le hasard a fait que les histoires sélectionnées ont toutes été écrites par des auteures. C’est intéressant, car elles n’ont pas choisi que des personnages féminins. Leur parole est aussi légitime à travers des rôles masculins et féminins», explique Chanda Gibson.

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Dans Être une fille de Cathlin J. Han, «on démystifie les tabous autour de l’hygiène féminine et des règles», explique Chanda Gibson. «Il y a un réel volet féministe qui m’a plu. La jeune femme, homosexuelle, assume pleinement sa sexualité, ne vit pas dans l’angoisse.»

Le sujet de la dépression et de l’angoisse est abordé dans Sans le conditionnel passé de Mariam Guira.

Le conte aborde les conflits intérieurs vécus par un jeune homme. Bien que beau garçon, joueur étoile de son équipe de basketball, et bien entouré par sa famille et sa petit-amie, il ne parvient pas à s’en sortir.

Avec Enweille Éloi, Chanda Gibson observe qu’Olivia Cyr, l’auteure, s’est inspirée de Michel Tremblay. En effet, le terme «Enweille» est un terme joual, français populaire québécois, et le dramaturge a écrit plusieurs pièces dans ce «sociolecte».

Le conte se focalise sur Éloi, un jeune homme qui panique à l’idée de devoir sauver un petit garçon de la noyade, et donc sur la confiance en soi.

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Les Zinspirés l'âge de raison
De gauche à droite, les acteurs Nick Di Gaetano, Sheila Isaro, Ziad Ek, Bianca Heuvelmans et Eudes La Roche-Francoeur (Photo: Manuel Verreydt).

Écho politique

J’ai fait quoi?, écrit par Errine Jean Charles, se questionne sur le consentement. Une jeune fille alcoolisée a été abusée, mais ne sait pas comment en parler et se sent responsable.

«Avec les mouvements féministes qui ont jailli depuis l’écriture de ce conte, le jouer est d’autant plus pertinent aujourd’hui. De plus, cela montre qu’il s’agit d’un sujet qui préoccupe vraiment les jeunes. Si on parvient à transmettre un message, notamment chez les garçons, c’est là où il pourra y avoir un changement culturel», explique Chanda Gibson.

Enfin, avec L’honorable M. Trompe, on a une satire politique à la George Orwell. «Le conte aborde le climat politique de nos voisins, on ne s’en cache pas», s’amuse la metteuse en scène.

Alors que M. Trompe se balade dans son royaume à la recherche d’un postiche pour l’amener légitimement au pouvoir, il rencontre l’ours Vodka qui l’aide à y parvenir. «J’ai trouvé très ingénieux de la part d’Abigail Morin de faire parler les animaux!»

Les Zinspirés l'âge de raison
De gauche à droite, les acteurs: Bianca Heuvelmans, Sheila Isaro, Ziad Ek, Eudes La Roche-Francoeur et Nick Di Gaetano. (Photo: Manuel Verreydt).

Créer une journée type

L’enchaînement des cinq histoires répond à une logique innovante trouvée par Chanda Gibson. «On a fait en sorte que tout se déroule en une seule journée. Le matin, en début d’après-midi, à la piscine en fin de journée, en soirée, et enfin dans un autre monde avec L’honorable M. Trompe

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Pour matérialiser son idée, la metteuse en scène a décidé de faire travailler ses acteurs dans un rond. Comme la salle du théâtre Berkeley est rectangulaire, elle a rajouté des sièges sur les côtés de la scène afin que le public soit autour de l’action.

Ainsi, à chaque nouvelle histoire, les comédiens se décalent de façon rotative, comme les aiguilles d’une horloge.

Par ailleurs, afin de lier les contes entre eux et créer une impression de journée continue, la musique est présente du début à la fin de la pièce. Les comédiens eux-mêmes jouent en live, ce qui ponctue l’action. «La musique est comme un personnage en quelque sorte», explique Chanda Gibson.

Les Zinspirés l'âge de raison
De gauche à droite, les acteurs Nick Di Gaetano, Sheila Isaro, Bianca Heuvelmans, Ziad Ek et Eudes La Roche-Francoeur (Photo: Chanda Gibson).

Chanda Gibson signe sa dernière pièce

«Le prix Dora de l’année dernière, je le partage avec tout le monde. Un metteur en scène n’est rien sans ses acteurs», nous confie-t-elle.

«Cela nous a rendus très unis. J’avais donc un désir de créer une intimité dans ma dernière pièce cette année, d’où cette mise en scène où le public est beaucoup plus proche des acteurs. Il y a quelque chose de périlleux dans la proximité, mais aussi quelque chose de très authentique.»

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Chanda Gibson avait signé pour trois années de mise en scène des Zinspirés, il est l’heure pour elle de tirer sa révérence.

«C’était une expérience géniale pour moi, qui m’a beaucoup appris. J’ai le cœur gros à l’idée que je ne pourrai pas lire les prochains contes qui seront envoyés par les jeunes. Mais trois ans c’était super, j’ai hâte pour la prochaine personne qui me remplacera!»

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