Avant d’avoir lu Mémoires d’un bon à rien, je ne connaissais pas Gary Shteyngart. Le New Yorker a pourtant désigné ce quadragénaire comme l’un des vingt meilleurs auteurs de sa génération. Le New York Times a écrit que «Shteyngart sait manier l’autodérision autant que l’introspection, avec une tendresse presque tchekhovienne».
Né en 1972, Shteyngart quitte Leningrad et l’Union soviétique dans ses dernières heures pour débarquer à New York à l’âge de 7 ans. Il s’appelle alors Igor, comme l’assistant de Frankenstein, mais ses parents estiment qu’un jeune juif a assez d’emmerdes comme ça, alors ils lui collent le nom de Gary, comme Cooper.
Par-delà le carcan de l’école hébraïque, l’enfant asthmatique s’émerveille devant le rêve américain.
Shteyngart écrit que le Président Jimmy Carter a conclu avec les Russes un accord en vertu duquel l’URSS donnera un bon de sortie à un grand nombre de Juifs en échange de tonnes de céréales et de quelques technologies de pointe. «La Russie obtient les céréales qu’il lui faut; l’Amérique obtient les Juifs qu’il lui faut: l’un dans l’autre, un excellent accord commercial.»
La famille Shteyngart se rend à New York via Vienne et Rome. Leurs premiers pas dans l’Europe occidentale bien nantie se font bouche bée, au point où «un corbeau pourrait s’y engouffrer», comme on dit en russe.