Une collection de radios anciennes unique en Acadie

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Luc J. Doucet avec la radio qu’il écoute tous les jours, un modèle norvégien de 1959. Photos: Damien Dauphin, Le Moniteur Acadien.
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Publié 04/03/2023 par Damien Dauphin

Luc Doucet, un citoyen de Dieppe, près de Moncton au Nouveau-Brunswick, a développé une passion pour les radios anciennes. Du salon au sous-sol, il s’est constitué un véritable petit musée privé.

«Je n’écoute pas beaucoup de télé, mais j’écoute la radio», dit-il au journal de la région, Le Moniteur Acadien.

Deux stations dans les années 1950

L’engouement de Luc Doucet pour ce médium remonte à sa plus tendre enfance, dans les années 1950. Il se souvient que chez ses parents, à Balmoral, le poste de radio pouvait capter deux stations: CKNB Campbellton en anglais, et CHNC New Carlisle en Gaspésie.

«Comme de raison, nous écoutions la radio en français. Le dimanche soir, mes parents me permettaient d’emporter la petite radio dans ma chambre. Je syntonisais CHNC et j’écoutais une émission qui venait de Radio-Canada Montréal et qui s’appelait Le cabaret du soir qui penche, avec Guy Mauffette.»

Le générique de l’émission était une pièce célèbre du saxophoniste Sydney Bechet, intitulée Petite fleur.

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Luc Doucet se rappelle qu’à cette époque, la Gaspésie toute proche avait le même fuseau horaire que le Nouveau-Brunswick. Sans se lasser, il pouvait écouter l’émission de 20h à minuit. Ce fut le début d’une longue histoire d’amour avec la radio.

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«Lucky Luc» Doucet avec deux petits bijoux: une Marconi de 1939 (en haut) et une Grundig de 1958.

Sa première radio avec son argent de poche

Adolescent, avec la paye d’un emploi d’été, il s’est acheté un transistor.

«Je n’avais plus besoin d’emprunter celle de mes parents, j’avais la mienne», dit-il fièrement.

C’est en 1980 qu’il fit l’acquisition de sa première radio ancienne. Il s’agissait d’un modèle RCA Victor de 1939 avec une bande AM et plusieurs bandes ondes courtes.

Lorsqu’il est arrivé chez lui, il l’a mise en marche, mais, comme à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, il fallait attendre plusieurs minutes que les lampes chauffent pour que le poste démarre. Il pouvait capter de nombreuses stations aux États-Unis, en Amérique du Sud, ainsi qu’à Berlin, Londres et Paris.

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Détail piquant: il a remarqué qu’à l’intérieur du boîtier, un autocollant indiquait que pour opérer la radio, il fallait un permis délivré par le ministère fédéral des Transports.

«Toute personne qui vendait cette radio-là sans avoir un permis, et toute personne qui l’achetait, était passible de 50 $ d’amende et de trois ans de prison! Et elle ne faisait que recevoir», indique-t-il en riant.

Des pièces uniques et rétro

Au fil des années, Luc Doucet est devenu un collectionneur connu et reconnu.

Il n’achète pas n’importe quoi. Il faut bien sûr que la radio lui plaise. Dans son petit musée privé, il n’y a que deux ou trois radios qui ne sont pas canadiennes.

Parmi celles-ci, il en est une qu’il écoute sur une base quotidienne. Elle trône fièrement dans son salon et provient, à l’origine, d’un royaume nordique qui connaît lui aussi de longs hivers.

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Il en a fait l’acquisition il y a deux ans. Elle appartenait à l’un de ses professeurs du Collège de Bathurst, aujourd’hui décédé.

«C’est une Radionette Grand Studio. Elle a une bande ondes longues, trois bandes ondes courtes, une bande AM et une bande FM. C’est quand même extraordinaire qu’en 1958 il y avait ce beau modèle à Oslo.»

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Plusieurs radios se fondent dans le décor de cette bibliothèque. Saurez-vous repérer celles qui sont en bakélite?

Radios en bois ou en bakélite

Luc Doucet aime les radios en bois, mais aussi en bakélite. Ce matériau, utilisé pour la fabrication des boîtiers dans la première moitié du XXe siècle en raison de ses propriétés thermorésistantes et isolantes, et comme isolant électrique, donne l’impression que les radios sont en plastique.

Les collectionneurs prisent de tels objets au caractère «rétro».

Il avoue un attachement particulier à la marque Marconi, probablement dû au fait que l’un de ses oncles a terminé sa carrière comme vice-président de Marconi Canada.

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Souvent, les vieilles radios lui arrivent dans un mauvais état apparent. Qu’à cela ne tienne: Luc Doucet sait comment leur offrir une nouvelle jeunesse.

«Je les nettoie et après ça je leur ajoute ma petite cire à base d’huile de citron pour les meubles. Ça fait ressortir la qualité du bois. Il n’y a rien de meilleur.»

Sa plus ancienne: 1928

Le Moniteur Acadien lui a offert récemment sa 25e radio qui traînait dans un garage. C’est aussi la plus ancienne: elle a 95 ans!

Ce modèle de 1928 est une antiquité qui se prête davantage à la décoration plutôt qu’à l’écoute d’une douce musique de jazz ou de blues.

«Tout est là, mais il n’y pas de haut-parleur encastré! Il y a toutes les lampes. Je ne l’ai pas branchée, mais si je voulais l’essayer, je peux acheter sur l’Internet les lampes, les boutons ou quoi que ce soit.»

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«Même si elle est fonctionnelle, elle ne peut capter que des fréquences AM.»

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La plus ancienne radio de Luc Doucet, un modèle RCA Victor de 1928. Pour la faire fonctionner, il faut d’abord que les lampes chauffent pendant de longues minutes.

De l’autre côté du poste

Récemment, Luc Doucet est passé de l’autre côté du poste, derrière le micro, en se joignant à la grande famille de Radio Beauséjour (dans laquelle fait partie Le Moniteur Acadien).

Président du club Richelieu Moncton-Dieppe et fier acadien militant pour la langue française, chaque mardi il est l’invité de Gilles Gauthier dans la célèbre émission de CJSE, Parle Parle Jase Jase.

«On touche toujours quelqu’un avec la radio, c’est un médium qui est mobile.»

Il cite volontiers l’anthropologue Serge Bouchard: «Le pouvoir de la radio tient à l’intimité des voix. C’est-à-dire que son efficacité réside entièrement dans sa capacité à rejoindre le for intérieur de l’auditeur, de chaque auditeur.»

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Un petit-fils sur ses traces

Luc Doucet nous fait admirer les radios qui font partie intégrante du décor de sa maison.

La plupart sont tellement uniques ou rares qu’elles apparaissent sur le site Internet d’un musée suisse consacré à la radio.

Toutefois, six d’entre elles ne sont déjà plus chez lui, car il les a distribuées chez ses filles.

Parmi ses nombreux petits-enfants, il en est un qui montre les plus grandes dispositions pour suivre les traces de son grand-père. Il s’agit de Calix, 10 ans. L’enfant est déjà épris de la radio norvégienne citée précédemment.

«Quand tu voudras t’en débarrasser, tu vas me la donner, hein papy?», lui demande-t-il. Pas de doute, la relève est assurée.

Auteur

  • Damien Dauphin

    Journaliste au Moniteur acadien, le journal du Sud-Est du Nouveau-Brunswick. L’Initiative de journalisme local est financée par le gouvernement du Canada et gérée par l'Association de la presse francophone.

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