Une «Charte d’engagement» au Sommet des francophonies canadiennes

Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes
L'animatrice Diane Martin, le premier ministre François Legault et le président de la FCFA, Jean Johnson.
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Publié 18/06/2021 par Inès Lombardo

Ce jeudi 17 juin a marqué la fin du Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes. Depuis le samedi 12 juin, des participants francophones de tout le pays ont mené des discussions intenses en ateliers virtuels, sous la houlette de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) et du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC).

Les thèmes abordés avaient beau être variés, tous convergeaient vers un objectif final: fournir au gouvernement du Québec des pistes de réflexion pour le renouvellement de sa politique en matière de francophonie canadienne, prévu pour l’automne 2021.

Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes
Sonia LeBel, ministre québécoise responsable de l’Administration gouvernementale, présidente du Conseil du trésor, ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Réforme électorale.

Le Sommet pond une Charte d’engagement

La FCFA et le gouvernement du Québec ont fait en sorte que ce Sommet prenne un tournant historique, alors que le premier ministre du Québec, François Legault, et le président de la FCFA, Jean Johnson, ont signé par écrans interposés la toute nouvelle Charte d’engagement pour le rapprochement des francophonies canadiennes.

Cette Charte est composée de divers engagements pour concrétiser le rapprochement entre le Québec et les autres francophonies du pays.

Chaque francophone du pays est invité à signer le document, qui a été lu avec émotion par le porte-parole du Sommet, Jean-François Breau, compositeur-interprète et membre du groupe Salebarbes. Il est toujours possible de la signer en ligne.

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Des idées en attente d’être concrétisées

Les deux facilitateurs des ateliers qui ont eu lieu tout au long du Sommet, Jean-Sébastien Bouchard et Marie-Jules Bergeron, ont rappelé que les 146 fiches d’idées soumises par les participants ne seront pas colligées avant quelques semaines. Ils ont néanmoins donné quelques résultats globaux qui sont ressortis ces trois derniers jours.

Voici les chiffres concernant les discussions :

Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes
Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes

Et voici les mots-clés qui en sont ressortis :

Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes
Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes

Apprendre à mieux se connaître

Les autres idées générales soulevées plusieurs fois étaient les suivantes:

– apprendre au Québec et aux autres francophonies du pays à mieux se connaître à tous les niveaux;

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– rester unis au lieu d’insister sur les différences entre les francophonies canadiennes;

– et instaurer des structures durables d’échanges de contenus médiatiques, culturels et de services en français (immigration, santé, justice, etc.).

Au niveau de l’éducation, deux besoins sont ressortis: faire circuler les outils pédagogiques pour les enseignants au primaire et au secondaire, et des échanges étudiants et de recherches universitaires au postsecondaire.

Les participants du Sommet motivés jusqu’à la fin

«On avait un peu peur du désengagement des gens, mais ce n’est pas du tout ce qu’on a constaté», indique Renée Madore, secrétaire adjointe à la francophonie, à la stratégie et à la diplomatie publique au Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC), qui a coanimé et participé à tous les ateliers.

«On a eu près de 1000 inscriptions pour l’ensemble de nos activités. Ça dépasse nos attentes! Et puis pour les ateliers, on aurait pu penser que ça s’essoufflerait, mais les gens étaient motivés jusqu’à la fin.»

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Elle a souligné une volonté «tant pour les Québécois que pour les francophones de travailler ensemble et de mieux se connaître».

Alain Dupuis, directeur général de la FCFA, a par ailleurs retenu la «réciprocité» du travail entre le Québec et les autres francophonies, ainsi que la volonté des participants de donner des suites concrètes à ce Sommet.

Une volonté de marquer l’Histoire canadienne

Cette réciprocité, le premier ministre du Québec, François Legault, a voulu la reconnaître à son niveau. «Je suis très conscient du rôle que le gouvernement du Québec a à jouer pour protéger et promouvoir le français au Québec, mais aussi au Canada.»

Rappelant que le gouvernement du Québec est le seul gouvernement en Amérique du Nord qui représente une majorité de francophones, il a endossé la responsabilité d’un «devoir encore plus grand que n’importe quel gouvernement de protéger et promouvoir le français».

«Même si on est passés de “Canadiens-Français” à “Québécois” à “nation québécoise”, on n’oublie pas les francophones du reste du Canada.»

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Des ponts vers l’Amérique et l’Europe

Selon le premier ministre Legault, cette responsabilité du Québec se retrouve également à l’international. «Les Américains veulent ce qu’ils appellent une “French touch”. Ils en ont une au Québec et dans certaines communautés au Canada. Ils ne sont pas obligés d’aller en France.»

«Puis les Européens, c’est certain qu’ils se sentent un peu plus chez eux au Québec qu’aux États-Unis puisqu’on parle la même langue! Nous sommes ce pont-là. Il faut que le Québec et les francophones du Canada soient un peu le port d’entrée des Français en Amérique du Nord.»

«Mais on va demander la même chose aux Français de l’autre côté: qu’ils nous aident à mieux transiger avec les différents pays européens», a ajouté François Legault.

Un «avant» et un «après» Sommet

Sur la tournure que devrait prendre le rapprochement entre le Québec et les francophonies du pays, Alain Dupuis a rappelé le désir de la FCFA de «faire l’Histoire» et qu’il y ait un «avant» et un «après» Sommet.

Il a aussi parlé d’un «destin commun», appuyant à plusieurs reprises sur le côté historique de l’évènement. «Le Sommet va changer la façon de planifier notre travail. La FCFA s’engage à créer de nouveaux espaces de dialogue pour la société civile. On veut être une courroie de partenariat entre les groupes», a-t-il assuré.

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Renée Madore a souhaité de son côté «que ça se maintienne. Par le passé, on a fait des sommets, des colloques… Souvent, ça s’essouffle un peu avec le temps. Mon plus grand souhait soit que ce sommet-ci soit le début d’une longue conversation avec les francophonies canadiennes».

Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes
Le président de la FCFA, Jean Johnson.

«Ce Sommet 2021, c’était un peu des états généraux»

Retour sur cette semaine riche en débats avec le président de la FCFA, Jean Johnson:

Quel mot choisiriez-vous pour résumer la semaine du Sommet?

Le mot serait «historique». Les derniers grands rassemblements qu’on a eus réellement, c’était dans les années 1960, lors des fameux États généraux du Canada français.

Ce Sommet 2021, c’était un peu des états généraux. Ç’a été vraiment un Sommet qui a mis la table pour deux francophonies qui veulent apprendre à se connaître et à travailler ensemble, pour bâtir une grande place plus sure partout pour le français au Canada.

Le Québec dévoilera cet automne le renouvellement de sa Politique en matière de francophonie canadienne. Quelles sont les attentes de la FCFA?

C’est une politique qui date de très longtemps. Je souhaiterais qu’on tienne compte des résultats qui émanent de ce Sommet.

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Je souhaite également qu’on puisse augmenter les investissements, mais les regarder de façon différente ; créer une approche du «par et pour» les communautés dans le développement final de la Politique en matière de francophonie canadienne et regarder la façon dont on choisit les investissements.

Une volonté de structurer les instances francophones est ressortie des ateliers du Sommet…

Je ne sais pas si c’est quelque chose qui s’inscrit à l’intérieur de la Politique en matière de francophonie canadienne. Je pense que c’est davantage dans la manière dont le gouvernement du Québec et la FCFA souhaiteraient travailler ensemble pour faire la promotion et assurer la pérennité de nos communautés.

Je vous rappelle que nous sommes convaincus que le Québec a aussi besoin de se renforcer [à ce niveau] parce que les médias sociaux d’aujourd’hui ont une très grande incidence sur l’anglicisation des gens. Que les gens s’anglicisent ne m’inquiète pas. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on ne trouve pas la façon de valoriser et de célébrer [notre] langue.

Quel est le rôle de la FCFA dans la mise en place de ce renouvellement de la Politique en matière de francophonie canadienne du Québec?

La priorité, c’est de compléter l’analyse des données qu’on est allés chercher lors de ce Sommet.

Ensuite, c’est d’orienter ce contenu-là pour qu’il soit reflété dans les intentions à venir.

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Oui, il y a la Politique en matière de francophonie canadienne, mais il y a aussi un désir de créer un momentum de rapprochement.

Le rapprochement ne se fait pas seulement dans une rencontre de trois, quatre ou cinq jours ; elle se fait par la répétition de nos rencontres.

Justement, l’une des volontés qui sont aussi ressorties au cours de ce Sommet est que ce type d’évènements aient lieu plus fréquemment…

C’est sur ma table. Ce serait mon souhait qu’il y ait un autre sommet en présentiel parce que la covid nous a joué un mauvais tour.

Ça nous a permis quand même de faire un apprentissage sur les moyens de communication qu’on a utilisés pour se rapprocher. Ç’a très bien fonctionné, mais on est des êtres humains.

Puis nous, les francophones, on est influencés par notre langue qui est de descendance latine. On a un sang latin, donc on a besoin de se voir, de se parler, on a besoin de cette chaleur humaine.

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J’aurais des idées sur la manière de faire ce prochain sommet, mais il faudrait aller chercher d’autres partenaires, ne pas demander au Québec seul de porter le fardeau. Ce sont des discussions à avoir avec [la ministre québécoise des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne] Sonia LeBel et son équipe.

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